Commentaire Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations, Livre I, chapitre 7.
Commentaire de texte : Commentaire Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations, Livre I, chapitre 7.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Steph Andanson • 12 Février 2017 • Commentaire de texte • 1 902 Mots (8 Pages) • 2 746 Vues
Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations, Livre I, chapitre 7.
Histoire de la pensée économique – Samuel Ferey
Université de Lorraine
Faculté de droit, sciences économiques et gestion
1ère année de licence d’économie
Promotion 2015-2016
Commentaire rédigé par Mlle AYDIN Kübra
Introduction
Adam Smith, père de l’économie politique ? Charles Gide qualifie l’économie politique comme étant « l'étude de la production économique, l'offre et la demande de biens et services et leurs relations avec les lois et coutumes »[1]. Adam Smith est alors considéré comme étant le père de l’économie politique car il a posé les fondements d’une économie libérale où les personnes exerçant les fonctions politiques n’interviennent pas dans le système économique. Smith qualifie cette théorie comme le « système de liberté naturelle »[2] où l’autonomie des agents économiques permet au marché d’arriver à l’équilibre naturellement. Il développe cette théorie dans son ouvrage Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations, publié en 1776. Dans le livre I, chapitre VII appelé « du prix naturel des marchandises, et de leur prix de vente », il différencie prix naturel et prix de marché pour ensuite démontrer comment le marché arrive à l’équilibre sans intervention quelconque.
- La distinction prix naturel - prix de marché
Le prix naturel correspond à « ce qu’il faut pour payer […] le fermage de la terre, et les salaires du travail, et les profits du capital employé à produire cette denrée ». Tous ces éléments correspondent à ce que Smith appelle « les composantes de la production » c’est-à-dire toutes les ressources nécessaires pour pouvoir produire une marchandise. Le prix naturel est donc déterminé dans le cadre de la production, il faut que le prix soit tel que le producteur puisse recouvrir ses coûts et relancer sa production. Cependant, Smith intègre dans le prix naturel le taux naturel de profit, c’est-à-dire une marge qui permettra au producteur de pouvoir subvenir à ses besoins et de pouvoir payer la valeur travail autant durant la vente des marchandises, que durant la relance de la production. On remarquera que le prix naturel ne correspond alors pas parfaitement aux prix des composantes et qu’il y a une marge qui est intégrée. Smith explique que si le producteur ne voit aucun avantage à produire, alors il ne le fera pas. Le producteur étant un être rationnel, toutes choses égales par ailleurs, il opérera le calcul coût avantage. Intégrer le taux naturel de profit dans le calcul permet alors de faire basculer la balance du côté avantage. Quoiqu’il en soit, le prix naturel est le prix le plus bas possible ; ce dernier ne doit donc être « ni plus ni moins » c’est-à-dire qu’il ne doit pas refléter une valeur supérieure ou inférieure mais refléter la vraie valeur de la marchandise tout en prenant compte la marge de profit du producteur. Notons que le prix naturel dépend également de l’état de l’économie, « sa richesse ou sa pauvreté, son état progressif vers l'opulence, ou stationnaire, ou décroissant ». Ainsi, le prix naturel permet une allocation optimale des ressources car c’est le prix le plus bas possible. Il permet en même temps un taux naturel de profit qui satisfait le producteur. L’allocation optimale des ressources est la situation qui satisfait au mieux les partis, ici les offreurs et les demandeurs. Si le prix est modifié, cela se fera au dépend de la satisfaction collective puisque le prix de marché s’éloignera du prix naturel. Cependant, rien n’oblige à ce que le prix auquel la marchandise est vendue soit le prix naturel dès lors où le prix de vente de marchandise est le prix de marché. C’est un prix fixé par l’échange, un prix qui prend en compte la demande effective et la quantité de marchandises, c’est-à-dire l’offre.
Le prix de marché, différent du prix naturel, correspond à la « proportion entre la quantité de cette marchandise existant actuellement au marché, et les demandes de ceux qui sont disposés à en payer ». Smith établit alors la loi de l’offre et de la demande c’est-à-dire la confrontation de ces deux agents sur le marché ce qui permet de déterminer le prix. La différenciation entre demande absolue et demande effective est alors prépondérante : la demande absolue correspond à une attirance ou une volonté à acheter la marchandise mais ne pas pouvoir disposer des ressources nécessaires pour conclure la vente. Smith donne l’exemple d’un homme pauvre qui fait la demande d’un carrosse à six chevaux, la demande est présente mais cette demande n’est pas effective car l’homme n’est pas disposé à en payer le prix et à faire arriver cette marchandise sur le marché. On peut alors dire que la demande absolue correspond à un souhait, une volonté mais explicitement sur le marché cette demande absolue ne conclut pas à un échange. A l’inverse, la demande effective prend en compte les acheteurs qui effectuent la demande, jusque-là demande absolue mais cette demande devient effective dès lors où l’interaction entre acheteur et vendeur aboutit à un échange par le biais du prix de marché. Le prix de marché correspond donc à la confrontation de l’offre et de la demande, il dépend de la demande effective et des quantités disponibles sur le marché. Le prix naturel et le prix de marché ne se fixent donc pas dans le même cadre. Le prix naturel se fixe lors de la production, ce prix reste fixe alors que le prix de marché varie selon la confrontation entre l’offre et la demande effective. Il convient alors d’étudier la théorie de « la main invisible » par Smith, qui explique comment le marché se réajuste dans un contexte libéral.
- La « main invisible » permet donc d’atteindre une situation d’équilibre entre le prix de marché et le prix naturel dans un cadre libéral
La situation optimale sur un marché serait l’équilibre entre l’offre et la demande par le biais du prix de marché équivalent au prix naturel. Cependant, il y a des déséquilibres sur le marché qui conduisent à l’insatisfaction des agents par un prix de marché qui s’éloigne du prix naturel. Ces déséquilibres peuvent être « accidentel[le]s et momentané[e]s » ou « des règlements de police ».
Smith met en avant deux déséquilibres. Premièrement, lorsque les quantités disponibles sur le marché ne suffisent pas pour combler la demande effective, alors le marché se trouve en situation de pénurie. Outre l’insatisfaction des demandeurs qui doivent renoncer à leur besoin, une certaine « concurrence » va s’établir entre ceux qui sont disposés à payer un prix plus élevé. Cette concurrence va faire tendre le prix de marché au-dessus du prix naturel. Deuxièmement, si les quantités offertes sur le marché sont supérieures aux quantités effectivement demandées, alors le marché se trouve en situation de surproduction. Les offreurs sont insatisfaits car pour un prix donné, ils n’ont pas réussi à liquider toute leur production. Le prix de marché va donc plus ou moins tendre en-dessous du prix naturel, afin d’attirer de la demande supplémentaire et vendre toute la production. Ainsi, pour arriver à l’équilibre, tout l’intérêt est de « laisser-faire »[3] le marché, expression de Gournay, physiocrate. En effet, prix et quantités s’ajustent automatiquement lorsque le marché se trouve en déséquilibre. Lorsqu’il y a pénurie, les marchands augmentent leur production en employant davantage de travail ou capital à un taux naturel plus élevé. A l’inverse, lorsqu’il y a une situation de surproduction, les marchands produisent moins et sous-payent les composantes. Le prix de marché s’éloigne alors – momentanément –, plus ou moins au-dessus du prix naturel. Lorsque la demande et l’offre se réajuste, les composantes de la production seront employées à leur taux naturel et le prix de marché correspondra plus ou moins au prix naturel donc à la situation optimale. C’est l’idée de Ricardo, économiste sous la même influence qu’Adam Smith, qui appelle cette situation la « gravitation »[4] des prix de marché autour du prix naturel. Cette expression est reprise par Adam Smith dans le chapitre étudié. Smith caractérise alors ces déséquilibres du marché comme étant « [d]es fluctuations accidentelles et momentanées ». Elles tiennent provisoirement le prix de marché éloigné du prix naturel. Smith donne l’exemple des matières premières ou de la qualité des terres qui ne sont pas maîtrisées par les producteurs, ce sont des « causes naturelles » tel que la météo par exemple qui détermine les quantités disponibles. Il donne un second exemple avec un « deuil public » qui fait augmenter la demande et le prix de marché des draps noirs mais durant un certain temps. Progressivement, les quantités se réajustent et le prix de marché tend naturellement vers le prix naturel. Les « profits extraordinaires », tenus au secret, comme par exemple un secret de fabrique peut également altérer le prix de marché « pendant plusieurs années » mais pas de façon permanente.
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