APP infirmière ssr gériatrique

Analyse de pratique professionnelle :

Positionnement professionnel vis à vis de la douleur.

Je suis actuellement en stage au pavillon 34 de l’hôpital de Garderose. Ce pavillon est un service de SSR (Soins de suite et de rééducation).

La situation se déroule lors de ma première semaine de stage, et cette semaine là, je travaille en poste du matin, donc de 6h à 14H.

Mr M est un patient agé de 83 ans et il est hospitalisé dans le service à la fois pour prise en charge palliative dans le cadre d'un carcinome infiltrant de la vessie de grade 3 avec infiltration des tissus musculaires au stade 2. Ce carcinome est de découverte récente pour le patient (décembre 2017) dans les suite de résection d'un polype de la vessie. Mr M est hospitalisé dans le service dans l'attente d'une chirurgie de son carcinome.

D'autre part Mr M est hospitalisé dans le cadre de troubles cognitifs associés en cours d'évaluation.

Mr M est dans une chambre individuelle dans le service.

Mr M est porteur d'une sonde urinaire double voie par laquelle un lavage continue de vessie est branché.

Le matin, les aides soignantes du service réalisent une toilette complète au lit pour ce monsieur avant la réalisation des soins infirmiers.

L'infirmière du service me propose de réaliser avec elle un décaillotage de la vessie de Mr M. Elle m'explique que ce soin doit être réalisé car le patient a sa sonde bouchée du fait de l'hématurie issue de sa vessie. Nous préparons donc le chariot de soins à l'extérieur de la chambre avec le matériel à usage unique nécessaire. Une partie du matériel de soins se trouve déjà dans la chambre de ce patient car il a une infection urinaire (BMR) et est placé en précautions complémentaires de type contact.

Nous entrons dans la chambre avec l'infirmière, et elle me propose alors de réaliser le soin moi-même, ce que j’accepte. Je m'habille de façon adéquate pour la réalisation du soin (surblouse, tablier et lunettes de protection) Nous installons le patient confortablement, vérifions que le patient n'est pas souillé et installons une protection pour le lit.

Après avoir vérifié l'installation de mon matériel pour la réalisation du soin, j'enfile mes gants stériles et commence à effectuer le soin guidé par l'infirmière.

Dès la première injection d'eau stérile dans la vessie, le patient se contracte et commence à crier car le soin est visiblement très douloureux pour lui ce que je n’avais pas imaginé.. Je tente alors de l'apaiser verbalement en lui demandant de respirer calmement afin de l'aider à ce décontracter. Je lui explique que s'il arrive à se détendre le soin sera certainement moins douloureux.

J’éprouvais à ce moment-là un sentiment d'impuissance et d’incompréhension. Je me suis senti captif, n’ayant pas la possibilité d’arrêter ce geste devenu contraignant pour moi en lien avec la douleur que j’infligeai au patient.

Je n'avais jamais réalisé ce type de soin durant tout mon parcours professionnel. Ce qui me gène dans cette situation s'est d'avoir ressenti un sentiment d'impuissance vis à vis de la douleur du patient alors que j'étais dans l'obligation de lui faire mal en réalisant le soin. A ce moment là, je ne voyais pas d'issue à cette situation si ce n'est l'obligation de continuer mon soin.

Je me suis alors interrogé et questionné :

• Avais-je suffisamment de dextérité pour réaliser ce soin ?
• Est-ce dû à un manque de connaissance concernant la douleur et sa prise en charge?
• Est-ce dû à un manque de pratique par rapport à ce type de soin ?
• Avais-je suffisamment évalué la douleur du patient avant la réalisation du soin ?
• Est ce dû à un manque de confiance en moi ?
• Avais-je suffisamment consulté le dossier du patient ?
• Pourquoi avais-je accepté de réaliser ce soin nouveau pour moi ?

Pour comprendre cette situation j'ai eu besoin d'approfondir mes connaissances par rapport à ce soin, ainsi que de faire des recherches sur les problèmes de douleurs inhérentes à ce geste et de façon plus globale concernant la douleur induite par les soins. J'ai eu besoin de vérifier et d'approfondir mes connaissances sur les traitements de prise en charge de la douleur dont le patient pouvait bénéficier. J'ai eu besoin d'échanger avec les soignants pour savoir si la douleur pouvait être prise en charge de façon différente.

J'ai pu ainsi identifier mes difficultés : je n'étais pas stressé par la réalisation du soin, plutôt confiant car l'infirmière me guidait quant à la technique à réaliser. J'ai été surpris de la réaction de douleur du patient car je n'y étais pas préparé, à la fois par mon manque de connaissance, mais aussi du fait d'un manque de distance par rapport à la douleur de ce patient car je ne maîtrisais pas assez le traitement qui lui est prescrit. Je me suis ainsi aperçu que je manquai de connaissances par rapport à son dossier, ce qui m’aurait permis d’avoir une approche différente de ce soin. De plus, de par mon parcours professionnel j'ai compris que si je savais évaluer et prendre en charge une douleur psychique chez un patient, je n'était pas familiarisé avec la douleur physique et sa prise en charge.

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