Méthode de l’explication de texte
Fiche : Méthode de l’explication de texte. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ramon Caiffa • 2 Septembre 2022 • Fiche • 2 851 Mots (12 Pages) • 460 Vues
- Méthode de l’explication de texte : Forme et présentation : - C’est parfois oublié : écrivez votre nom, votre prénom et votre classe sur la copie. - Les titres des œuvres et les mots étrangers sont à souligner. Si on parle d’un philosophe, on le nomme. Si on parle d’une œuvre, on en donne le titre. - Une sous-partie = un paragraphe avec un alinéa d’au moins trois carreaux au début de la première ligne du paragraphe. Une partie = un ensemble de paragraphes sans saut de ligne. - Saut de ligne entre l’introduction et la première partie, entre la première partie et la transition, entre la transition et la deuxième partie, entre la deuxième partie et la conclusion. (Mais pas à l’intérieur de l’introduction, de la conclusion ou d’une partie.) - Merci d’écrire lisiblement
- I - INTRODUCTION. L’introduction compte quatre temps, peu importe le texte. Chaque temps permet d’amener le suivant. L’introduction déroule donc un fil logique permettant de faire naître l’interrogation, étape par étape, et de montrer la réponse de l’auteur. Même si elle se rédige en premier, elle nécessite d’avoir passé une bonne heure de travail, au brouillon, sur le texte , son fond et sa structure.
- 1°) Le thème : Il faut, dans un premier temps, développer à propos du thème du texte, c’est-à-dire, sans encore annoncer quelle position est défendue, dire quel sujet précis le texte aborde . On peut, bien entendu, relier ce sujet à des notions et repères du programme, mais cela ne suffit pas. Il faut aborder le sujet précis, c’est-à-dire ce qui démarque cet extrait de tous les autres.
- 2°) Le problème : À partir du sujet discuté, il faut cerner pourquoi l’auteur en parle . Un texte répond ainsi à un problème philosophique bien spécifique, et très précis. Parfois, on le verra, il s’agit aussi de répondre à une position adverse sur le même problème. Il y a une question philosophique importante en jeu, et il est difficile d’y répondre. Exemple : Il s’agit ici de répondre à une problématique plus large, et qui touche particulièrement la morale kantienne : comment expliquer que des individus libres et surtout moraux puissent ne pas être heureux ? Pourquoi sont-ce les méchants qui, de leur conduite, semblent tirer le plus de bonheur ? Comment se fait-il qu’un agent qui fait le bien ne le reçoive pas nécessairement en retour ? Pourquoi ceux qui méritent le plus le bonheur sont-ils parfois ceux qui en disposent le moins ? Peut-on même être heureux quand on est moral ?
- 3°) La thèse : Tout philosophe, face à un problème, finira par défendre une thèse : il s’agit de comprendre comment le texte répond au problème . Vous défendez vous-mêmes une thèse à la fin de la conclusion d’une dissertation. Cependant, les auteurs fonctionnent rarement en formulant leurs travaux comme des dissertations. S’il s’agit souvent de répondre à une thèse adverse, il s’agit aussi parfois de ne défendre qu’un seul point de vue vis-à-vis, celui du texte.
4°) Le plan : Ici, il faut mettre au jour la structure argumentative du texte , c’est-à-dire comprendre comment le texte dit ce qu’il dit . Il ne faut pas dire que « d’abord l’auteur parle de ci [...] ensuite l’auteur parle de ça », mais bien montrer quelles sont les étapes du texte, et comment, étape par étape, se construit une argumentation. Le tout est de bien relier les différents arguments à la thèse , de bien comprendre comment chaque étape s’appuie sur la précédente et est liée à la suivante parce qu’elle l’amène. Si l’auteur utilise un exemple, un contre-exemple, un argument par l’absurde, de l’ironie par antiphrase, une définition, tire des conséquences de tel ou tel élément, mentionne des conditions, etc., c’est pour servir sa thèse . On attend de vous que vous
- sachiez le montrer.
- II – DÉVELOPPEMENT. Comme dit précédemment, le développement compte autant de parties que le texte. Pour autant, un certain nombre d’écueils sont à éviter, et un certain nombre d’éléments sont attendus. 1°) À éviter : La simple citation. Citer le texte est important pour que le correcteur sache quelle partie du texte vous expliquez, donc vous pouvez et devez le citer. En revanche, citer, juste citer, sans rien ajouter d’autre que « l’auteur dit que » puis citation, n’est pas une explication. Imaginer que, pour expliquer un texte, un professeur de philosophie se contente de le lire, sans revenir dessus, sans définir quoi que ce soit, sans expliquer le sens des mots. Ce ne serait pas satisfaisant. Ici, c’est même chose. Partez du principe que vous expliquez cela à quelqu’un que vous connaissez et qui n’a jamais fait de philosophie. 2°) À éviter : La paraphrase. C’est le stade au-dessus de la citation, mais c’est insuffisant : paraphraser, c’est redire ce que le texte dit en le reformulant.
- 3°) À éviter : L’analyse purement littéraire. On est parfois tenté d’expliquer le texte par ses qualités littéraires et son style. Mais attention : c’est le commentaire de texte qui procède ainsi, à partir d’axes et de parties thématiques. Ici, on ne commente pas : on explique, de manière linéaire. Pas besoin, donc, de revenir à ce point sur les anaphores, répétitions, métonymies et effets produits sur le lecteur. Les seuls procédés littéraires utiles à relever sont ceux qui font en même temps partie des procédés argumentatifs : concession, opposition, ironie par antiphrase, typologie des arguments, etc .
- 4°) À éviter : Parler d’autre chose que le texte / plaquer son avis sur le texte. La dissertation est un exercice libre où l’on peut donner son avis et même, si l’on s’organise bien, l’exposer dans la conclusion. l’explication de texte, en revanche, se fixe sur un matériau bien précis : le texte et rien que le texte . Si parler du bonheur et de la morale vous évoque autre chose qui n’est pas reliable au texte, ce n’est pas ici qu’il faut en parler. De plus, une dimension critique reste possible, mais elle est secondaire. Il faut, d’abord et avant tout, expliquer le texte, et l’expliquer par lui-même de surcroît. Votre avis sur la question abordée ne correspond par exemple pas au contexte d’écriture du texte. Si l’on peut faire une critique athée du texte de Kant, il n’est en revanche pas possible de commencer immédiatement par cela en pointant du doigt les références religieuses comme si elles étaient automatiquement des faiblesses argumentatives – ou des forces si vous êtes religieux vous-mêmes. 5°) À éviter : Les contresens.
- 6°) Expliquer tout le texte : Il faut définir le sens des mots centraux et des expressions, et ne pas oublier certaines lignes du texte en les laissant de côté. Ne pas mentionner certains passages sera ainsi pénalisé. Cela demande aussi de cerner quel pourrait être l’adversaire de l’auteur, c’est-à-dire la position à laquelle il s’agit de s’opposer ici7°) Développer : Est ici requis d’ expliquer le texte de manière précise et approfondie . Cela peut passer par des exemples supplémentaires, un rappel du contexte si vous le connaissez, ou du courant philosophique / problème général dont il est question. Ce qui reste central, néanmoins, est de prendre le temps de détailler l’explication . Souvent, les idées évoquées dans vos copies sont pertinentes, mais vous n’en parlez pas assez, et ne prenez pas souvent le temps de les développer. Une ligne du texte, dans sa précision, peut être expliquée par sept à dix lignes dans la copie. À chaque fois qu’on explique , y compris hors de cet exercice, on prend le temps d’expliquer quelque chose étape par étape . La compétence vous sera donc utile en général. Imaginez que vous expliquez le texte à quelqu’un qui ne l’a pas devant les yeux, ne l’a pas lu, ou bien n’a jamais fait de philosophie.
- 8°) Évoquer les difficultés : Certains passages du texte vont être difficile à expliquer. Cela peut être parce que l’auteur·e utilise un terme sans le définir , parce qu’il semble se contredire (ce qui n’est pas le cas) ou être contre-productif, parce qu’une phrase a une tournure complexe, ou bien parce que l’œuvre, un peu datée aujourd’hui, ne peut pas poser un problème de manière aussi précise que nous, qui avons le XX ème et le XXI ème siècle pour histoire. Certains éléments de contexte pouvant expliquer le texte peuvent aussi nous être inconnus. Sera pénalisée toute copie qui fait comme si il n’y avait pas de difficultés ou ne les voit pas. 9°) Formuler des hypothèses : Face aux difficultés relevées plus haut, il faut formuler des hypothèses. L’idée est alors, en s’appuyant sur le reste du texte, de résoudre la difficulté . On formule donc une hypothèse cohérente avec le reste du texte , pour l’expliquer. L’hypothèse peut très bien être invalide, ce n’est pas grave.
- 10°) Critiquer : Pour autant, un auteur n’est pas intouchable. Formuler une hypothèse cohérente pour résoudre les difficultés du texte est obligatoire. Mais cela ne signifie pas que le texte est parfait. On peut considérer que l’exemple pris par l’auteur ne fonctionne pas auquel cas on en propose un autre, que tel ou tel argument est mauvais pour telle ou telle raison, ou bien encore que ce que l’auteur anticipait pour le futur n’est pas arrivé / que l’Histoire récente contredit ce que dit l’auteur de la nature humaine. Si on sait quel autre philosophe propose une thèse contredisant celle de l’auteur, on peut aussi l’exposer. Il faut en revanche faire cela ponctuellement, au moment d’expliquer la ligne qui se prête à la critique. Ce n’est pas une dissertation : on ne fait pas une partie d’explication puis une partie d’antithèse. On fait tout pendant l’explication de texte, ligne après ligne. Exemple: Kant reconnaissait lui-même que sa théorie morale était trop stricte. Peut-être ne trouvera-t-on jamais d’acte profondément désintéressé. Cela pourrait donc signifier que personne, à proprement parler, ne saurait véritablement se montrer digne d’être heureux, que ce soit dans la perspective de l’universalisme kantien passant par l’impératif catégorique ou dans la perspective religieuse. On a en effet souvent reproché aux religions d’être aussi très strictes, et la filiation piétiste de Kant n’est pas étrangère à sa morale rigoriste. Qui pourrait vraiment se targuer de n’avoir jamais trop péché, et de pouvoir accéder au Paradis, même en ayant par ailleurs fait de son mieux ? Peut-être faudra-t-il préférer à Kant une autre morale, qui serait, quant à elle, une vraie doctrine du bonheur, comme le stoïcisme de Marc Aurèle dans Pensées pour moi-même , ou comme l’épicurisme de la Lettre à Ménécée . Bien qu’opposées, ces deux doctrines ont bien pour but de nous rendre moraux et heureux, et même heureux car moraux, comme avec la limitation épicurienne des plaisirs permettant d’en avoir toujours un peu, ce qui est moral car cela laisse aux autres l’occasion de jouir eux aussi des ressources et fruits de la vie, mais rend précisément heureux. Hors de la religion de surcroît. 11°) Structure du texte et transition : Le texte est à expliquer en termes de sens, il faut détailler son propos, don fond. Or, le fond et la forme ne sont pas séparables. À vous donc de montrer, si l’auteur expose sa thèse, comment il la démontre ensuite, ou, s’il ne l’expose qu’à la fin, comment il l’amène. Pourquoi définit-il, et quand le fait-il ? Par rapport à la thèse, à quoi va servir tel exemple ou telle comparaison ? Pourquoi passe-t-il d’un sujet à l’autre ? Dire « l’auteur parle de cela, puis de cela » ne suffit pas. Il faut expliquer ce passage de l’une à l’autre. Enchaînement logique des argument, définition, argument par l’absurde, ironie, question rhétorique, concession, exposition d’un problème, résolution d’un problème, hypothèse : tout ceci sert à quelque chose et n’est pas là pour rien
- III – CONCLUSION : La conclusion de l’explication de texte reprend une forme de synthèse proche de l’annonce de plan, avant de terminer sur la réponse de l’auteur au problème. 1°) Synthèse : Comme pour la dissertation, il s’agit de faire une synthèse précise du propos , partie par partie, et sous-partie par sous-partie. Cependant, il faudra bien insister ici sur la structure argumentative et logique du texte , et sur ce que vous avez mis en transition. Exemple : Kant a donc commencé par exposer sa thèse avant de la démontrer. Il a fallu, pour cela, exposer la thèse en deux temps : d’abord dire que la morale n’est pas la doctrine du bonheur, mais seulement ce qui dit comment nous rendre digne de l’être – ce qui explique que les méchants puissent être heureux, et les justes malheureux, dans ce monde qui n’est pas le royaume de Dieu et qui n’est pas guidé par le souverain bien – et ensuite expliquer que c’est par la religion qu’on peut espérer avoir accès au bonheur si on n’en a pas été indigne, ou du moins si on a essayé. L’erreur n’est donc pas un obstacle vers le royaume de Dieu : seule la faute l’est. Il faut avant tout que les intentions soient bonnes. Sur cette base, le texte a suivi deux étapes. La première consistait à expliquer ce qu’est la dignité, et en quoi son rapport au souverain bien la lie nécessairement à la morale, qui devient alors la condition du bonheur. La seconde consistait à définir les trois conditions selon lesquelles la morale peut s’avérer être aussi une doctrine du bonheur, non en soi, mais avec l’aide de la religion en plus. Ces conditions sont ainsi de connaître la morale, de la désirer – ce qu’il fallait entendre au sens de désirer spirituellement voire advenir le royaume de Dieu sur la terre – et de faire, par conséquent, le premier pas vers la religion. 2°) Réponse de l’auteur au problème : Ceci étant fait, vous pourrez alors montrer définitivement en quoi l’auteur a bien répondu au problème dont il était question – sans bien sûr taire la critique que vous avez pu en faire, qui doit aussi être rappelée ici. Exemple : Kant dit donc clairement que les individus immoraux, qui peuvent avoir un certain bonheur terrestre et séculier, ne sont pas dignes du bonheur en soi, ne participent pas au souverain bien, et ne peuvent donc pas espérer être heureux dans l’au-delà. Le monde matériel est injuste, donc ils accèdent au bonheur en celui-ci. Mais les seuls qui peuvent avoir l’espérance de participer à un bonheur infini sont ceux qui sont moraux pour être moraux, qui veulent le bien pour le bien, qui font advenir un peu du royaume de Dieu sur terre. Seuls les justes sont dignes d’être heureux, et la religion leur permet d’associer la morale et la condition du bonheur. Pourtant, Kant aurait pu percevoir ici certains problèmes. Il est certes rationnel d’être moral, mais est-ce rationnel d’être religieux ? En effet, que dire d’un au-delà qu’on ne peut pas connaître, que notre raison ni nos sens ne peuvent percevoir ? Peut-on même prouver son existence ? Et va-t-il de soi que les individus religieux sont nécessairement bons et moraux, et par-là dignes d’être heureux ? N’existe-t-il pas des individus religieux et méchants, qui font le mal au nom de la religion ? D’ailleurs, ne peut-on pas être parfaitement bon tout en étant athée ? 3°) Ouverture possible : Bien que facultative, l’ouverture est possible en explication de texte. Il s’agira ici de montrer que l’extrait se situe dans une problématique plus large, à laquelle l’extrait ne peut donc pas répondre, et qui nécessite de connaître les autres œuvres / thèses de l’auteur pour y répondre. Montrez ici, si vous le pouvez, qu’en fait l’auteur répond bien aux critiques formulées mais dans d’autres passages ou œuvres – si, bien sûr, vous les connaissez. Sinon, ce n’est pas un problème, vous n’y êtes pas obligé. Une autre ouverture possible consiste à montrer en quoi le texte était actuel à son époque mais plus aujourd’hui, ou bien au contraire en quoi il contient toujours des propos valables aujourd’hui, dans notre actualité. Exemple : Si Kant n’aborde pas ces problèmes ici, ce n’est pas par ignorance, ni parce qu’il ne serait pas conscient du problème moral et épistémique posé par la religion. Ce n’est simplement pas l’objet de sa Critique de la raison pratique. En revanche, il va de soi qu’il affrontera ces problèmes dans un autre ouvrage, La Religion dans les limites de la seule raison , écrit en 1793.
- IV – SCHÉMA. Un enchaînement de parties d’explication de texte ressemblera donc à : Introduction : Thème, Problème, Thèse, Plan. saut de ligne
- Partie I saut de ligne
- Transition.
- Partie II Transition. Autant de parties dans le développement que dans le texte. saut de ligne
- Conclusion : Synthèse ou bilan + Réponse de l’auteur au problème +Ouverture possible.
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