En quoi la littérature de jeunesse a-t-elle encore un impact sur les représentations qui contribuent aux inégalités homme/femme ?

HLP : En quoi la littérature de jeunesse a-t-elle encore un impact sur les représentations qui contribuent aux inégalités homme/femme ?

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La littérature de jeunesse regroupe les livres destinés aux enfants et aux adolescents. Elle est souvent considérée comme un moyen de transmission de valeurs et de normes sociales aux jeunes générations. Celle-ci est donc un puissant outil d’éducation et de formation de l’identité de l’enfant. Et depuis son apparition au 17e siècle, cette littérature a spécifiquement renforcé des visions stéréotypées du genre. Des lors, nous verrons en quoi celle-ci a encore un impact sur les représentations qui contribuent aux inégalités homme femme.

Les stéréotypes de genre sont des croyances ou des préjugés selon lesquels certaines caractéristiques sont associés à un genre plutôt qu’à un autre. L’essor de la littérature de jeunesse n’a fait que renforcer cela vu que ces stéréotypes se manifestent clairement. Cela peut donc être visible par les rôles attribués aux genres. Les filles apparaissent majoritairement passives, douces, et cantonnées aux tâches ménagères et les garçons courageux, forts et valeureux. Ou aussi par les utilisations communes de la princesse fragile et mortelle qui a besoin d’être sauvée par prince charmant, lui immortel et capable de tout. Il existe de nombreux exemples dont dans les contes les plus connus comme Blanche Neige ou La belle au bois dormant.

En outre, ces représentations de genre influencent énormément la manière dont les lecteurs perçoivent les rôles de chacun d’eux dans la société. Ils ont créé des attentes irréalistes quant à leur propre comportement dans la société.

Simone de Beauvoir, dans Le Deuxième Sexe, analysait déjà̀ les contes pour enfants à travers le prisme du genre et nous alertait sur une hiérarchisation entre l’homme et la femme dans les représentations que pouvaient y trouver les lecteurs, provoquant une inculcation idéologique. 

Et cette différenciation se rencontre jusqu’à l’âge adulte. On retrouve toutes ces tendances lorsqu’on s’intéresse à l’égalité homme-femme : les inégalités salariales ; la surreprésentation des hommes aux postes de pouvoir ; la part des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles… Bien sûr, ce ne sont pas les livres de littérature jeunesse qui, directement, produisent ces inégalités. En revanche, on peut y voir un lien, parce que tout cela est pris dans un ensemble : la socialisation genrée. Ces représentations nous sont transmises inconsciemment, et nous les retransmettons inconsciemment. Comme le dit Bettelheim dans « Psychanalyse des contes de fées », ces histoires qu’on expose aux enfants touchent à la partie de leur inconscient et forment leur pensée.  

La littérature jeunesse, bien que présentant des représentations stéréotypées, est un bon medium à utiliser pour lutter et de déconstruire contre lesdites représentations. Les ouvrages stéréotypés ont leur utilité́ pour faire prendre conscience aux lecteurs de la présence de ses stéréotypes, il serait contre-productif de les mettre de côté́. Il faut veiller à ne pas dévaloriser les visions stéréotypées, mais montrer qu’il existe d’autres points de vue, d’autres schémas de vie. D’un autre côté, la littérature jeunesse permet le développement de la subjectivité, de l’imaginaire, et peut être un bon support d’identification et de découverte. C’est ainsi un medium idéal pour déconstruire les stéréotypes. Plusieurs auteurs tentent déjà d’agir pour susciter un changement, en veillant à proposer des livres qui encouragent l’égalité entre les sexes. On peut prendre l’exemple de Renversanten, un livre écrit par Florence Hinkel : elle met en scène Léa et Tom, frère et sœur, dans des situations du quotidien en inversant les rôles de fille et garçon.

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