Un problème moral admet-il une solution certaine ?
Dissertation : Un problème moral admet-il une solution certaine ?. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar stella arab • 29 Mars 2025 • Dissertation • 2 300 Mots (10 Pages) • 4 Vues
Un problème moral admet-il une solution certaine ?
Le film Anatomie d’une chute réalisé par Justine Triet en 2023 raconte un drame judiciaire, mettant en scène Sandra, une romancière à succès soupçonnée du meurtre de son mari. Le film traite en grand partie de ce procès, et le spectateur ne cesse d’osciller entre la culpabilité ou l’innocence Sandra.
Elle sera finalement acquittée pourtant, le spectateur ne sait pas si elle est véritablement innocente. Justine Triet joue justement sur cette ambivalence, qui lui vaudra l’oscar du meilleur scénario original : le film ne se concentre pas sur la culpabilité ou non de Sandra, mais met en lumière l’importance des actions et des décisions des personnages ; qui remettent en question la notion de certitude. Le spectateur doute tout au long du film, car les frontières entre la clairvoyance et la subjectivité deviennent de plus en plus flous. Si même un procès moral ne semble pas délivrer une réponse définitive à un problème tel qu’un meurtre, un problème moral admet-il une solution certaine ?
A première vue, un problème moral tel qu’un dilemme débouche en toute logique sur une solution, car un problème existe s’il y a une solution, tout comme une question se pose car il existe une réponse. Cependant, un problème moral est par nature un obstacle, une contradiction entre des principes de jugements, des devoirs, ou des valeurs. Le problème moral divise, car la résolution d’un problème de ce type est tributaire de la compréhension et de la mise en œuvre des normes et valeurs qui forment ensemble la morale. Seulement, s’il est impossible de trouver une solution qui fait consensus, comment s’assurer de la certitude de la solution trouvée, s’il y en a une ? Nous pouvons alors nous demander si l’existence de principes universels offre une solution certaine à un problème moral, ou ce problème peut-il admettre une solution probable mais plus adaptée ?
Il conviendra d’abord d’étudier qu’un problème moral trouve forcément une solution certaine dans des principes universels. Puis, nous étudierons la possibilité qu’aucune solution certaine n’existe. Enfin, nous verrons comment une approche relativiste permet d’établir une solution meilleure que d’autres.
Effectivement, considérer la morale de façon absolue, en reconnaissant des principes universels admet une solution certaine peu importe le problème moral. L’objectivisme déontologique dresse un certains nombres de devoirs à respecter de façon rigide, et érige des normes immuables qui y réponde. La morale est donc universelle, c’est-à-dire que ces valeurs morales s’appliquent à tous les individus sans exception, de façon objective et inconditionnelle. Ces principes moraux étant valables pour tout être, tenu qu’il soit rationnel, l’être humain peut parvenir à des solutions morales certaines, hors de toute contingence subjective. C’est ce qu’affirme par exemple le philosophe Emmanuel Kant, à travers ses ouvrages Critique de la raison pratique, ou encore Fondements de la métaphysique des mœurs. L’existence de principes moraux universels obligent absolument, tels que le devoir de vérité, quel que soit la situation. Fondée sur la raison pure, la morale kantienne formule un « impératif catégorique », qui dicte un devoir moral indépendamment de nos désirs et de nos intérêts particuliers. Un problème moral trouve forcément une réponse certaine dans la réalisation de cet impératif catégorique, puisque le devoir oblige absolument et inconditionnellement.
De plus, la reconnaissance de fondements religieux admet une solution certaine à tout problème moral. Le décalogue dresse par exemple un ensemble de principes moraux dans la tradition judéo-chrétienne. Ces principes forment une série d’impératifs religieux et moraux, reconnus comme des fondements qui guident la vie des croyants, tels que « tu ne tueras pas », « tu ne voleras pas », ou « un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement ». L’objectivisme théologique considère donc ces fondements comme des directives divines, elles aussi immuables, au même titre que les principes de la raison pure et absolue de Kant. C’est Dieu, l’autorité supérieure qui érige ces principes moraux, sans tenir compte d’opinions individuels ou circonstances particulières. Au même titre que le décalogue, le dogmatisme religieux offre une réponse certaine à un problème moral, puisque cela propose des solutions indiscutables et incontestables. L’application littérale de principes religieux, établis par une autorité religieuse ou des textes sacrés, ne permet ni compromis ni flexibilité.
En outre, la valorisation de concepts tels que la liberté et l’équité permettent d’envisager une solution certaine peu importe le problème moral. Par exemple, le philosophe américain John Rawls propose un cadre théorique dans lequel ces principes moraux offrent une solution certaine, car le principe de justice est déterminé de façon impartiale et universelle. Autrement dit, une société juste a la capacité de répondre à tout problème moral, dès lors qu’ils sont évalués derrière le « voile d’ignorance » (Théorie de la justice). D’après cette théorie reprise par John Rawls, les « décideurs » dans le cadre d’une société juste, prennent en compte les intérêts de tout les membres de la société, peu importe le statut social, économique, ou des croyances personnelles, sans favoriser leurs propres intérêts. En d’autres termes, le prône de ce cadre équitable offre une solution universelle à tout problème moral.
Ainsi, nous avons exploré l'objectivisme moral soutenant que chaque problème moral peut être résolu de manière certaine. L’existence d’une morale et de valeurs universelles permet de résoudre une contradiction de façon incontestable. Toutefois, cette certitude peut sembler fragile face à la complexité et à la diversité des situations morales auxquelles nous sommes confrontés. La morale peut être sujette à des interprétations individuelles, face à la diversité des valeurs, des cultures et des contextes, ce qui questionne cette prétendue certitude universelle.
En effet, en raison de l’incertitude qui règne dans le domaine moral, les problèmes moraux ne peuvent pas être résolus manière certaine. Autrement dit, dans le cas où tout est incertain, et rien n’est certain, il est impossible d’envisager une quelconque solution. La résolution d’un problème moral dépendrait d’opinions individuelles, ainsi il est impossible d’admettre une solution certaine, car elle est subjective. Autrement dit, la morale ne relève pas d’une réalité objective, externe aux individus, mais d’un ensemble de valeurs, de perceptions et de points de vue qui eux sont internes aux individus. Cette subjectivité dépend de croyances et expériences personnelles qui déterminent individuellement la vérité pour chacun. Tenter d’élaborer une solution certaine, une solution qui serait admise par tous, à un problème relevant de la morale, alors que la morale est subjective à l’individu est irréalisable. On peut résumer ce subjectivisme [axiologique] par une doctrine selon laquelle la valeur « n’appartient pas par elle-même aux choses mais que c’est l’homme qui l’attribue aux choses ». Les jugements moraux émis sont des expressions de préférences, d’attitudes et de sentiments individuels, donc in fine la connaissance du bien et du mal est subjective. Pour aller plus loin, le scepticisme moral lui rejette absolument toute vérité, car elle serait inaccessible. Cette morale jusqu’au-boutiste affirme qu’’il n’y a pas de connaissance morale. Ainsi, nous pouvons déduire qu’un problème moral ne peut en aucun cas avoir de réponse certaine.
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