Nietzsche, Gai Savoir, paragraphe 335
Commentaire de texte : Nietzsche, Gai Savoir, paragraphe 335. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar E. F. • 26 Février 2023 • Commentaire de texte • 1 443 Mots (6 Pages) • 565 Vues
Explication de texte
Introduction
Le paragraphe 335 du Gai Savoir de Friedrich Nietzsche traite de la notion de conscience morale.
Le thème de ce texte est plus précisément le fondement de ce jugement moral.
D’une part, la conscience morale offre une réponse au problème du fondement de la morale, considérée par les partisans de cette thèse comme aussi infaillible que la raison. Elle propose aux hommes de suivre la morale dictée par ce sentiment intérieur, ce qui permet de guider leurs actions.
Mais la légitimité de ce sentiment qui, comme il prétend dépasser la raison, n’est justement pas fondé en raison, peut faire l’objet d’une remise en cause. En effet, cette solution au problème du fondement indiscutable de la morale ne doit être adoptée que si elle ne se suscite aucun doute.
Donc le problème se pose : Faut-il se soumettre à l’autorité de la conscience morale ?
Nietzsche ne réfute pas l’existence d’une conscience (morale) en l’homme, d’un jugement en nous qui nous dit que certains actes sont bons ou mauvais, comme soutenu par Rousseau. Mais Nietzsche s’applique ici à contredire l’autorité prodiguée à la conscience morale. Cette-dernière apparaît comme un jugement qui dépend de chacun, dont le règne absolu sur l’homme n’a pas l’ombre d’une justification.
Trois grandes parties se distinguent dans ce paragraphe. La première partie constitue l’exposition de la thèse idéaliste de la conscience morale (lignes 1-3). Ensuite, la croyance de la conscience morale est remise en cause par ses origines (lignes 4-10). Dans un dernier temps sont dépeintes les sources de l’autorité morale (lignes 11-16).
Première partie
Tout d’abord, après avoir dès la première phrase définit le thème du texte, c’est-à-dire le fondement de ce qui est considéré comme bien donc de la morale, les lignes 1 à 3 reprennent la thèse défendant la soumission à l’autorité de la conscience morale.
La première caractéristique de la conscience morale est sa présence innée en nous, comme une voix venue de l’au-delà et qui me transmet (me « dit ») la connaissance du bien et du mal dans le monde qui m’entoure. Elle apparaît ici comme en lien avec l’homme (« ma conscience »), mais extérieure à lui, capable de lui parler, comme une manifestation divine et universelle.
En plus d’être inné, ce sentiment est présenté comme infaillible. Cette conscience est supérieure à l’homme car elle ne « dit jamais rien d’immoral », elle ne se trompe pas, elle est parfaite et absolue. Cela lui confère un caractère divin, surnaturel : selon cette conception, la conscience s’exprime en l’homme mais elle le dépasse.
Conséquence logique des deux affirmations précédentes, la conscience morale, infaillible et transcendante, présente en chacun de nous, est la garantie de la morale universelle et absolue. Ainsi, pour ses partisans, la conscience morale est ce « qui détermine ce qui est moral », la source de toute morale. Elle serait donc, au-delà de tout doute possible, la solution à la question « Que dois-je faire ? » de Kant, au problème moral. Mais ce qui est en apparence affirmé ici sert en réalité à préparer l’objection de Nietzsche dans la suite du texte.
Deuxième partie
Cependant, dans le deuxième paragraphe (lignes 4-10), la légitimité de la conscience morale est remise en question et déconstruite. Ce jugement moral passe du statut de savoir justifié et indiscutable à celui d’une simple opinion fluctuante et propre à chacun.
Dans un premier temps (lignes 4-6), l’auteur réfute les trois propriétés de la conscience morale. Trois questions ciblées montrent qu’il ne faut pas écouter sa conscience morale malgré son caractère inné parce que l’infaillibilité de son jugement ne détient aucune preuve rationnelle. Il ne faut pas aveuglément reconnaître une autorité à la conscience morale car la certitude que c’est elle qui dicte la morale est infondée. La suspicion face à ce jugement trop certain se manifeste aussi dans le glissement du terme « conscience » à « croyance » : La thèse idéaliste de la conscience morale n’est plus qu’une opinion sans fondement rationnel.
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