Communautés plurielles et République française singulière
Mémoire : Communautés plurielles et République française singulière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alias.vera2112 • 22 Novembre 2023 • Mémoire • 8 771 Mots (36 Pages) • 146 Vues
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Table des matières
Introduction de la question sociale 1
I. Appartenance communautaire, appartenance nationale : des concepts antinomiques ? 2
A. Valeurs républicaines et société moderne occidentale : une vocation à l’universel ? 2
B. « Communauté », « communautaire » ou « communautarisme » ? 5
II. Des théories de l’intégration au travail social communautaire 10
A. Les théories de l’intégration : définitions et concepts 10
B. Le Travail social communautaire en France : une pratique marginale ? 16
Conclusion 20
Bibliographie 22
Introduction de la question sociale
La nation française est le fruit d’une histoire dynamique marquée par un grand nombre de ruptures politiques, sociales, religieuses et culturelles, depuis son émergence à partir de la Révolution française (1789). Loin d’être isolé, l’Etat français n’a cessé d’évoluer dans un monde frappé par une instabilité sociale et politique très fortes jusqu’aux années 1950, liées aux mutations anthropologiques ayant transformé en profondeur les notions de territoire et d’Etat, avec le passage depuis les monarchies pérennes européennes vers le laboratoire de construction du concept de république démocratique.
La notion de république (du latin res publica ou chose publique) signale la nature du régime français, définit comme une « forme d'organisation politique dans laquelle les détenteurs du pouvoir l'exercent en vertu d'un mandat conféré par le corps social » (dictionnaire Larousse). Héritée du siècle des Lumières, la République française est intrinsèquement liée au concept de démocratie (du grec demos cratos ou pouvoir au peuple) ici indirecte et représentative, dans le sens où elle désigne « un régime politique où le peuple exerce le pouvoir par l’intermédiaire de ses représentants et où les principales libertés sont respectées » (Ibid).
J’ai choisi d’orienter ma recherche documentaire vers une réflexion sur l’Etat républicain français, sur les valeurs ou les débats qui l’animent sur son identité, sur le concept de nation, etc. En marge d’une construction nationale unique en son genre, la France a parfois du mal à œuvrer avec les particularismes culturels de son territoire. Je souhaite ainsi dans cette recherche mettre en miroir le concept de communauté avec celui de nation.
Pour clarifier ma démarche, je dirais que le but est ici d’amorcer une démarche réflexive de déconstruction du concept de communauté tel qu’il s’exprime au sein du territoire français ; afin d’arriver à une meilleure compréhension des opportunités et des menaces existantes pour la préservation tant d’une unité nationale, que d’une diversité culturelle à la française indéniable dès lors que l’on observe ses territoires.
Enfin, l’objectif de cette recherche est d’acquérir des connaissances me permettant de rattacher cette question sociale au travail social communautaire (TSC), qui m’intéresse particulièrement dans le cadre de la formation. En premier lieu car je m’apprête à faire mon stage de 2ème année dans une structure associative pratiquant cette forme particulière de travail social ; en second lieu pour une raison plus personnelle, liée à un intérêt profond pour la question culturelle au sens large.
Appartenance communautaire, appartenance nationale : des concepts antinomiques ?
Valeurs républicaines et société moderne occidentale : une vocation à l’universel ?
Pour comprendre le concept de communauté étant au cœur de ma réflexion, il est nécessaire en amont d’aborder la question du contenant dans laquelle elle s’exprime : la société moderne occidentale et les valeurs nationales et républicaines qui en découlent.
La pensée républicaine française s’est forgée à partir de l’épisode historique de la Révolution française (1789) en opposition à l’Ancien Régime et aux privilèges accordés aux minorités dominantes qu’incarnaient la noblesse et le clergé (3% / population totale*) face à une majorité dominée incarnée par le tiers-état (97% / PT*). L’un des effets de cette mutation historique a été la déclaration de l’égalité naturelle entre tous les hommes, indépendamment de leur origine sociale, économique et culturelle (excluant toutefois les femmes au même titre que les non-européens). Le concept de nation naîtra alors de cette période de l’histoire durant laquelle les particularismes sociaux d’une minorité dominante face à une majorité dominée furent progressivement gommés au nom du principe d’égalité. Plusieurs penseurs de l’époque des Lumières voueront leur plume à ce combat idéologique, comme ce fut le cas pour l’abbé Sieyès, membre du clergé et fervent défenseur de l’égalitarisme. Dans son Essai sur les privilèges (1789), ce dernier ne s’interroge pas tant sur les causes profondes de ces derniers (stipulant que celles-ci peuvent émaner de « motivations pures ») que sur leur nature, qu’il considère comme « injustes, odieuses et contradictoires à la fin suprême de toute société politique » (SIEYES, 1789). Il s’oppose ainsi à la vision aristotélicienne qui mettait par exemple l’accent sur la supériorité intellectuelle des citoyens grecs pour justifier la mise en esclavage d’une partie importante des membres de la cité ; vision où le concept de démocratie s’avérait compatible avec un mode d’organisation sociale structurellement inégalitaire. Pour conclure, cette période de l’Histoire française a permis aux sociétés européennes d’évoluer vers une reconnaissance progressive des droits individuels, par le biais de la déclaration de l’égalité des hommes.
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