L’attitude de Louis est-elle la cause de la crise familiale dans Juste la fin du monde ?

Dissertation : l’attitude de Louis est-elle la cause de la crise familiale dans Juste la fin du monde ?

I / Oui, dans une certaine mesure son attitude déclenche la crise.

1 / Il est différent des siens, socialement, intellectuellement. On comprend qu’il est homosexuel, d’après les paroles maladroites de Catherine (scène 2). Il reste calme et parle peu, ce que sa mère interprète comme du mépris, « la pire des plaies » selon elle ; elle lui reproche d’« être paisible en toutes circonstances ». Sa famille lui reproche ce qu’elle perçoit comme de l’orgueil de l’arrogance (il se serait enfermé dans sa tour d’ivoire).

2 / Louis est parti, il a abandonné sa famille et tout fait pour qu’elle l’abandonne. Ils l’ont déjà un peu enterré. Sa sœur a visiblement beaucoup souffert de son départ (elle lui en fait le reproche dans la scène 3 (première partie) : « quand tu nous as faussé compagnie »). Elle ne le connaît pas et Antoine croit le connaître. La mère l’explique dans la scène 8 (première partie).

3 / Louis a du mal à aimer ; il a tendance à s’enfermer dans la solitude. Il s’est toujours senti mal-aimé et incompris (c’est sans doute pour cela qu’il est parti). Dans la scène 3 (deuxième partie) Antoine évoque longuement ce manque d’amour (« tu dis qu’on ne t’aime pas ») qui semble avoir été un problème dans le passé ; il reproche d’avoir « fui » et « trich(é) ». La mère dit « ils ne s’aimaient pas beaucoup » quand elle raconte la fin des sorties du dimanche.

II / Mais on voit bien que l’attitude de Louis n’explique pas tout.

1 / Suzanne et Antoine sont visiblement en crise, dépressifs. Ils se disputent beaucoup, malgré une certaine complicité fraternelle. Dans cette famille tout le monde s’invective. Antoine est un écorché vif et Suzanne fait une crise d’adolescence prolongée ; elle aimerait partir mais ne part pas.

2 / Ils ont tous du mal à communiquer, à exprimer leurs sentiments. Ils n’ont pas la maîtrise des mots et le vivent mal car Louis qui est un professionnel du langage. Lorsqu’un vrai dialogue s’amorce, la parole devient vite explosive : dans la scène 9 (première partie) alors qu’il est simplement question du café, Suzanne, puis Antoine, puis Louis, puis la mère s’en vont ; la didascalie dit que « Catherine reste seule ».

3 / La crise serait peut-être désamorcée si Louis pouvait parler. Personne ne lui donne l’opportunité de renouer le contact. Ils le noient sous des flots de paroles qui ressemblent plus à des monologues qu’à des dialogues. Après la logorrhée de Suzanne à la scène 3, on assiste à celle de la mère à la scène 8. Louis essaie de parler à son frère dans la scène 11, mais Antoine réagit mal.

Nous ne pouvons pas dire finalement que c’est l’attitude de Louis qui déclenche la crise familiale, car il ne fait et ne dit rien, ou presque ; il écoute les uns et les autres. Mais il semble évident que les rancœurs familiales anciennes, les non-dits et les secrets sont ravivés par son retour. Sa famille constate qu’il a changé : son succès a creusé un fossé entre eux. Elle attendait beaucoup de lui, notamment qu’il remplace le père décédé, mais il

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