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La démocratie représentative est-elle en crise ?

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Par   •  24 Octobre 2022  •  Dissertation  •  3 714 Mots (15 Pages)  •  570 Vues

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La démocratie représentative moderne est-elle en crise ?

          « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » (Article 3 de la Constitution Française du 4 octobre 1958)

La république Française est donc, comme toutes les démocraties modernes, une démocratie de nature représentative. Concrètement, cela signifie que le peuple n’exerce pas le pouvoir directement mais à travers des représentants élus, ce qui peut amener à des incidences négatives, voir destructrices sur la vie politique du pays.

 Le système représentatif est influencé de la philosophie des lumières et apparaît dans la seconde moitié du 18 -ème siècle. L’Étymologie de « représenter » est « rendre présent un autre qui n’est pas là ».

À l’origine, cette forme politique, défendue par l’abbé Sieyès et John Adams fut choisie car elle était la plus praticable, par opposition à une idée de démocratie directe, idéal inspirée de la cité grecque d’Athènes et prôné par Rousseau ou Robespierre.

"La très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants" déclare Sieyès.

Mais si la démocratie représentative semble plus adaptée à nos sociétés contemporaines, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle a depuis toujours été sous le feu des critiques et des controverses. En effet, beaucoup de citoyens, qui se considèrent légitimes et en capacité de décider pour eux-mêmes, s’irritent de constater que l’on ne les croit tout juste dotés de la clairvoyance de choisir des représentants, se sentent dépossédés de leur pouvoir politique et cherchent tant bien que mal le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », qui figure pourtant dans notre constitution. De plus, la souveraineté populaire est en réalité exercée par des représentants élus par moins de la moitié du corps électoral et dont la crédibilité s’est étiolée au cours du temps, du fait d’affaires judiciaires et de leur incapacité à résoudre les problèmes des Français. On assiste également à l’émergence d’une « démocratie du public », phénomène inédit et porteur de diverses conséquences.

Ainsi, aujourd’hui encore, beaucoup de personnes considèrent que ce système de démocratie représentative moderne est en crise.

« Ce que l'on reproche volontiers à la démocratie représentative est d'être insuffisamment démocratique et insuffisamment représentative » disait le doyen et ancien membre du conseil constitutionnel George Vedel.

C’est la démocratie représentative elle-même qui vacille, roule et tangue comme jamais.

Ainsi, la démocratie représentative est-elle vouée à disparaitre, ou bien les épreuves qu’elle traverse sont-elles surmontables ?

Il est indéniable qu’il s’agit d’un système vacillant (1), cependant il pourrait y avoir des raisons d’espérer en sa survie (2).

1/ La démocratie représentative, un système vacillant

    Il serait hypocrite et insensé d’affirmer que la démocratie représentative d’aujourd’hui ne traverse pas d’épreuves. En effet, pour prendre l’exemple de la France, on estime que les élites qui sont chargé de représenter le peuple sont déconnectés de celui-ci, pour plusieurs raisons, et il est évident que cela a un impact direct sur la vie politique du pays (A). De plus, on assiste à l’émergence d’une nouvelle forme de gouvernement représentatif, appelée la « démocratie du public » (B).                  

A/ Plus de reconnaissance du peuple dans les élites

    « Les citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d’entre eux. Sans aliéner leurs droits, ils en commettent l’exercice ». Par ces mots, l’abbé Sieyès donne la caractéristique principale d’un système représentatif. Mais ce système particulier, loin de faire l’unanimité, provoque de vives controverses, qui ne sont pas dénuées de sens.

Ainsi, on peut tout à fait considérer que Rousseau à raison lorsqu’il affirme que l'idée représentative n'est pas d'inspiration démocratique.

La conception pure, l’idéal, d’une démocratie, consiste en effet en un peuple qui se réunit et qui exerce son pouvoir politique en décidant, en se prononçant sur divers sujets, sur le modèle de l’agora.

A contrario, l’idée de démocratie représentative suppose de « se borner à se nommer des représentants » comme le déclare Sieyès, ce qui pourrait pour certains davantage consister en un système aristocratique que démocratique, dans le sens originel du terme.  

La notion de démocratie représentative est assez récente, car son origine vient du gouvernement féodal, à l’époque des conseils royaux où les grands feudataires exerçaient leur influence sur la politique royale.

D’une manière plus radicale, les marxistes estiment qu’il s’agit d’un régime illégitime qui trahit les idéaux de souveraineté populaire de la démocratie. Il n’est de plus pas acquis que démocratie et représentation aillent de pairs, et cela pose évidemment la question de la légitimité. Ainsi la nature de la démocratie représentative soulève un grand nombre de problématiques et de questionnements, qui découlent du fait que l’on peut constater une divergence trop importante avec l’idée d’une démocratie directe, seule véritable source de légitimité du pouvoir, car émanant directement du peuple.

De plus, il faut souligner le fait que le peuple ne se reconnait plus dans ses représentants. On a ainsi du mal à assimiler cette définition de Tocqueville : « c’est donc réellement le peuple qui dirige, et quoique la forme du gouvernement soit représentative, les opinions (…), les intérêts du peuple ne peuvent trouver d’obstacles durables qui les empêchent de se produire dans la direction journalière de la société ». Tout d’abord, d’un point de vue des conditions : En 1946, les ouvriers représentaient 12,5 % des élus à l’Assemblée nationale. En 2017, il n’y en a plus aucun, alors qu’ils représentent tout de même 20% de la société. À l’inverse, on compte à l’Assemblée nationale 97 cadres du privé, 82 fonctionnaires, 73 hommes politiques professionnels, 50 chefs d’entreprise et 104 professions libérales. Même constat question diversité. 35 députés issus de la diversité ont été élus. Ce qui représente 6,35 % de l’Assemblée, alors qu’on estime que 23 % de la population est d’origine étrangère en France. On constate donc que si les députés ont pour lourde et délicate mission de représenter la population dont ils doivent défendre les intérêts, ceux-ci sont en réalité pour la majorité d’entre eux issus d’un milieu relativement bourgeois et sont donc peut révélateurs de l’ensemble des composantes du peuple Français. Pour beaucoup, les élus sont de ce fait déconnectés des problèmes du peuple, et ignorent beaucoup de ses véritables attentes. Cela s’éloigne évidemment de la vocation première d’une démocratie, où le peuple exerce son pouvoir politique par sa propre volonté. Comment ainsi imaginer que ces représentants soient aptes à porter les convictions des électeurs alors qu’ils sont déconnectés des problèmes de ceux-ci ?

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