TPE : Street art
Étude de cas : TPE : Street art. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Amandine Huberson • 8 Janvier 2021 • Étude de cas • 5 343 Mots (22 Pages) • 593 Vues
Introduction En France comme dans le monde, l’urbanisation toujours plus importante a des conséquences sur la perception de notre environnement. Les individus voient leur milieu de vie se transformer et certains ressentent l’envie de réagir à ces changements. L’art a toujours été et restera l’un des moyens les plus intuitifs pour l’Homme de s’exprimer. Il véhicule à travers un esthétisme subjectif une réflexion, un message personnel qui peut devenir universel. Cependant il reste restreint par des conventions de lieux ; les films sont diffusés dans les cinémas, les peintures sont exposées dans les galeries et les musées, les musiques sont jouées dans les salles de concert, les spectacles ont lieu dans les théâtres. C’est le propre des artistes que de briser les codes, et c’est pourquoi certains d’entre eux ont fait de la ville dans son ensemble un immense support à leurs créations...c’est ainsi qu’est né le street-art. Cet art éphémère des milieux urbains et industriels a pour but d’interpeller le passant. Le choix du lieu, de la technique et du message est capital. Le spectateur est directement confronté à l’oeuvre, qui se trouve sur son chemin, et n’a pas fait le choix de la voir comme s’il s’était rendu au musée par exemple. Une prise de conscience ou une réflexion est attendue de sa rencontre avec l’oeuvre. Le street art est donc accessible à tous et est un moyen efficace de toucher un large public. C’est l’art le plus proche des classes populaires qui ne se rendent pas fréquemment dans les lieux d’exposition, car il vient directement à elles en intervenant dans leur environnement. Depuis les années 60, le street art se démocratise dans de nombreuses villes et plus particulièrement au Havre. La zone industrialo-portuaire comporte des quartiers défavorisés et une population à l’histoire plutôt contestataire. Les quais, les entrepôts, sont des endroits privilégiés par les graffeurs. La ville comporte aujourd’hui plusieurs artistes de talents comme Jace, reconnu mondialement, avec ses gouzous ou encore Mascarade alias Alexandre Delaunay avec ses personnages très colorés et aux graphismes recherchés. Mais ce développement artistique et la diffusion de l’art contemporain n’est que très récent. En 1961, l’inauguration de la maison de la culture havraise et du musée André Malraux marque un changement pour l’art de la ville. Par la suite de nombreux événements se sont créés, ont perduré. Et récemment, grâce aux 500 ans du Havre, la municipalité a demandé aux artistes de graffer dans la ville. Preuve que l’art et le street art sont véritablement ancrés dans la vie et dans l’histoire havraise. Aujourd’hui, lorsque nous nous promenons dans la ville, il est presque impossible de ne pas voir de graffs sur les murs. Les techniques utilisées sont très diverses, et c’est ce qui fait la richesse du street art. Le graffiti, le pochoir et le collage sont les plus courantes lorsqu’il s’agit de muralisme mais le street art s’exprime aussi par la sculpture, la photographie et la calligraphie, et explore désormais le numérique et le light-painting. En constante évolution, il se réinvente au fil des années en réaction aux différents débats et enjeux internationaux. Cependant, ce moyen d’expression reste contesté. La ville est un lieu public régi par des lois sur la propriété privée et collective, que le street art remet parfois en question. Il s’accompagne aussi de la notion de contre-culture et du collectif, pilier de l’univers des artistes de rue. Mais l’opinion publique à propos du street art reste partagée et la société de consommation donne lieu à un commerce paradoxal des oeuvres. Quelle place tient le street-art au Havre ? I- Un art polémique 1. Du point de vue social Le street-art et son aspect anticonventionnel suscitent des opinions divergentes. La justice tente de définir une limite entre art et vandalisme, mais celle-ci peut parfois apparaître un peu floue et c’est pourquoi il est nécessaire dans un premier temps d’éclaircir les textes de loi et de comprendre quels sont les vrais risques qu’encourent les artistes. Au delà de la législation, il est aussi intéressant d’observer l’opinion du public et des spécialistes en art. A. Art ou vandalisme ? L’art de la rue est encadré depuis plusieurs années par la Justice française qui le considère comme une dégradation de la voie publique ou de bien d’autrui. Malheureusement, elle ne fait pas de distinction entre le “tag” et le “graffiti” qui sont certes des termes au sens très ressemblant, mais qui en réalité sont deux actes différents (voir Lexstreet ). Malgré son illégalité, le street art est en pleine croissance et le droit français a de plus en plus de difficulté à le rendre légal car cela questionne plusieurs branches de la loi, de l’espace public,... En 2002 puis en 2008, le code pénal a admis que le graffiti devait être sanctionné. En effet, même s’il ne présente aucun danger, le tag est vu comme une détérioration méritant une punition. Selon l’article 322-1 du code pénal de 2002, la Justice condamne l'artiste à deux ans de prison et à 30 000 euros d’amende, estimant le tag comme une dégradation d’un bien privé. Mais en ce qui concerne les inscriptions, les signes sans autorisation sur voies et mobilier urbain, le jugement est plus souple. Effectivement, le street artiste sera puni de 3 750 euros ou de travaux d’intérêt généraux pour de léger dommages. Mais c’est en 2008 que la loi change et s’endurcit. Selon l’article 322-2, la peine passe à trois ans de prison et à 45 000 euros d’amendes pour la dégradation de bien d’autrui. Puis pour de légers dégâts, l’amende atteint 7 500 euros et des travaux d'intérêts généraux sont exigés. Ces augmentations sont tout simplement liées aux demandes des députés français face au street art qui exigent des lois plus punitives. En réponse à cette intransigeance et pour montrer leur opposition, les galeries d’art et certains centres culturels de France, comme celui du Havre, “légalisent” de plus en plus et mettent au goût du jour le street art en exposant sur des toiles les dessins de l’artistes. Malgré des peines de plus en plus importantes, on peut dire qu’il est aujourd’hui plus facile pour un artiste de graffer et pour les plus célèbres de pouvoir en vivre par exemple en multipliant les ventes aux enchères. Jace est le parfait exemple. Vivant aujourd’hui à la Réunion, cet artiste d’origine havraise est, depuis plusieurs années, connus dans le monde entier et reconnus pour ses graffs mettant en scène des petits personnages jaunes, les gouzous. Le choix de graffer, de travailler pour les artistes, dans la rue peut être mal interprété le droit français. En effet, le street art ne doit pas être vu
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