Anomalie génétique
Fiche : Anomalie génétique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar wqzsexdcf • 21 Février 2022 • Fiche • 7 423 Mots (30 Pages) • 824 Vues
INRA Prod. Anim., 2016, 29 (5), 297-306
Les anomalies génétiques : définition, origine, transmission et évolution, mode d’action
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D. BOICHARD1, C. GROHS1, C. DANCHIN-BURGE3, A. CAPITAN1,2 1 GABI, INRA, AgroParisTech, Université Paris-Saclay, 78350, Jouy-en-Josas, France 2 Allice, Maison Nationale des Eleveurs, 75595, Paris, France 3 Institut de l’Elevage, Maison Nationale des Eleveurs, 75595, Paris, France Courriel : didier.boichard@inra.fr
En introduction à ce dossier, cet article présente les bases à connaître sur les anomalies génétiques : l’origine des anomalies, leur transmission dans les populations, leur fréquence allélique et génotypique et leur mode d’action.
On appelle anomalie génétique un phé- | xyriboNucléique (ADN) . Elle donne | ||
notype déviant par rapport la population, | naissance à des polymorphismes de | ||
le plus souvent délétère, en général rare, | l’ADN, également appelés variants géné- | ||
et dont le déterminisme est dû principa- | tiques. Le taux de mutation en condi- | ||
lement, voire exclusivement, à un seul | tions naturelles est de l’ordre de 10-8 par | ||
facteur génétique (un gène ou une région | base nucléotidique et par génération | ||
chromosomique). Cette définition cache | d’individus, ce qui signifie que lors de | ||
en fait une grande diversité de situations : | la production d’un gamète, quelques | ||
ainsi les anomalies ne sont pas toutes | dizaines de nouvelles mutations (ou néo- | ||
rares, pas toutes délétères (par exemple, | mutations) sont créées. Ces néo-mutations | ||
l’absence de cornes chez les bovins) et | se retrouvent chez un individu alors | ||
ne se révèlent a posteriori pas toutes | qu’elles étaient absentes du génome des | ||
monogéniques. Néanmoins, en première | parents. La majorité d’entre elles sont des | ||
approche, nous garderons cette définition | variations d’un ou de quelques nucléotides | ||
qui a le mérite de la simplicité. Le facteur | (par exemple des substitutions et petites | ||
génétique responsable d’une anomalie se | insertions ou délétions). D’autres muta- | ||
transmet d’une génération à la suivante | tions, plus rares, peuvent altérer un | ||
de façon Mendélienne. On peut consi- | fragment plus important de l’ADN, de | ||
dérer une anomalie génétique comme une | quelques dizaines à plusieurs millions de | ||
forme de gène majeur avec un des allè- | bases : on parle alors de variants structu- | ||
les de fréquence généralement faible et | raux. Dans cette catégorie, on trouve par | ||
d’effet délétère. Le caractère monogé- | exemple de grandes insertions ou délé- | ||
nique de l’anomalie la distingue d’un | tions, ou encore des duplications, des | ||
phénotype extrême dans la distribution | inversions ou des translocations de seg- | ||
d’un caractère complexe, résultant plutôt | ments chromosomiques. | ||
de l’accumulation d’effets génétiques et | Dans leur grande majorité, ces muta- | ||
de milieu défavorables. Il convient de | |||
rappeler que toutes les anomalies congé- | tions n’ont pas d’effet biologique appa- | ||
nitales ne sont pas d’origine génétique | rent et sont donc considérées comme | ||
et peuvent résulter de perturbations très | neutres. Mais quand elles affectent des | ||
diverses : nutritionnelles, infectieuses, | régions régulatrices ou codantes du | ||
environnementales, accidentelles, etc. | génome, elles peuvent avoir un effet | ||
Dans ce premier chapitre, nous rappe- | délétère ou plus rarement un effet favo- | ||
rable. Les mutations étant le plus souvent | |||
lons les principes généraux associés aux | des évènements uniques, elles apparais- | ||
anomalies génétiques mais essayons éga- | sent donc sur un des deux chromosomes | ||
lement de montrer la diversité des situa- | de l’individu muté, et leur fréquence | ||
tions, en particulier dans la relation entre | initiale à leur apparition est donc de | ||
génotype et phénotype. | 1/(2n), n’étant la taille de la population. | ||
1 / L’origine des anomalies | La plupart des mutations restent d’une | ||
fréquence très faible ou sont perdues | |||
génétiques | transmises à la génération suivante). Le | ||
après quelques générations (car non | |||
génome d’un individu donné compte | |||
La source initiale de variabilité géné- | |||
plusieurs millions de polymorphismes | |||
tique est la mutation de l’Acide Deso- | et la part des quelques dizaines de néo- |
mutations est très faible par rapport aux millions de polymorphismes qu’il porte. Un individu a donc reçu la très grande majorité de ses allèles de ses parents qui en ont reçu eux- mêmes la plus grande partie dans leurs ancêtres. En revanche, à l’échelle de la population à une généra-tion donnée, le nombre de néo-mutations observables augmente proportionnelle-ment avec l’effectif d’individus. Donc dans une très grande population, toute mutation, même peu probable, peut se produire. On conçoit alors aisément que toute mutation délétère puisse apparaître dans une population.
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