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Le protectionnisme n'a-t-il que des inconvénients ?

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Par   •  26 Avril 2022  •  Dissertation  •  2 794 Mots (12 Pages)  •  637 Vues

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        Le protectionnisme semble doucement sortir de la scène économique mais est bel et bien toujours d’actualité. La politique de Donald Trump en a à mainte reprise fait la preuve.

Le protectionnisme est une politique économique sectorielle qui vise à protéger le marché national de la concurrence internationale. De fait, il s’oppose au libre-échange : un système économique qui désigne la libre circulation des biens, des services et des capitaux.

Le protectionnisme a une visée économique, politique et géopolitique. Il peut être mis en place de façon tarifaire par le biais de droits de douanes, de subventions publiques sectorielles ou par une baisse du taux de change. Le protectionnisme non tarifaire lui, se caractérise par la mise en place de  « règle du contenu local », de normes sanitaires ou techniques ou de quotas d’importations. Il peut être mis en place de façon plus ou moins agressive. Les quotas d’importations et les droits de douanes sont, par exemple, des techniques relativement agressives pouvant aller au-delà d’une politique intérieure. Le libre-échange s’est vu être imposé au monde par la Grande Bretagne au 19e siècle et par les Etats-Unis au 20e siècle. Cette politique libre échangiste semble à bien des égards, être la meilleur politique économique envisageable.

Pour autant, le protectionnisme continue d’exister, n’a-t-il donc que des inconvénients?

Cette politique économiques présente en effet de nombreux risques et limites ; on peut néanmoins en dégager des avantages non négligeables.

        Le protectionnisme présente de nombreux inconvénients.

Tout d’abord, il ne peut pas être mis en place sur le long terme, il s’agit uniquement d’une politique transitoire. En effet, les prix, en présence de protectionnisme, n’étant plus sous l’influence de la concurrence internationale, vont naturellement augmenter. Le graphique de l’ouvrage d’Emmanuel Combe (doc 4) en est une preuve. Cet exemple illustre les conséquences de la mise en place d’un protectionnisme tarifaire : les droits de douanes ont un fort impact sur les prix, provoqué par l’absence de concurrence internationale et par l’augmentation du prix des biens importés.

Aux Etats Unis, l’augmentation des droits de douanes entrainant une hausse de 10% du prix de l’acier aurait pour conséquence une hausse des prix dans de nombreux secteurs. Le secteur des produits métalliques subirait un hausse de 4,2 % des coûts de production. En d’autres termes, la hausse des coûts de production des produits métalliques serait presque de moitié (en point de pourcentage i.e. proportionnellement au coût initial) de la hausse du prix de l’acier. Six autres secteurs seraient touchés (dont les matériels électriques, les véhicules à moteurs…) montrant le large et fort impacte d’une hausse des droits de douanes sur les prix. La hausse des coûts de production engendrée aurait pour conséquence une hausse des coûts de vente. Ainsi, l’impacte de l’augmentation des droits de douanes serait large et couteux pour les producteurs et pour les consommateurs.

La hausse des prix ne serait pas la seule conséquence pour le consommateur : son panel de choix serait considérablement restreint. La concurrence internationale étant bloquée, elle ne laisse pas place à une différenciation verticale ou horizontale. De plus, d’un point de vu géopolitique, le protectionnisme peut être dangereux. En effet, un protectionnisme agressif pourrait provoquer l’emballement des mesures protectionnistes  de pays se répondant diplomatiquement. La Chine et les Etats Unis en ont fait l’expérience, développant une grande rivalité entre Donald Trump et Xi Jinping. La sur enchère de mesure protectionnistes peut dangereusement mener vers l’autarcie (alors que le protectionnisme est initialement compatible avec l’exportation), en coupant progressivement les liens économiques avec les pays voisins.

Par ailleurs, qu’il s’agisse d’un protectionnisme défensif ou offensif, tout deux comporte des limites. Le protectionnisme défensif n’est pas souhaitable dans une vision Schumpetérienne. Au 20e siècle, Schumpeter théorise le concept « d’entrepreneur innovateur » . Selon l’économiste, une « innovation fondamentale » est toujours à la base de chaque grand cycle économique. L’idée est que l’entrepreneur innovateur recherche une rente de monopole (permise par les brevets), et s’extrait ainsi de la concurrence grâce à une innovation. Ainsi, cette innovation stimule la concurrence créant des « grappes d’innovations », grandement bénéfiques pour la croissance du fait de la création d’activité économique. Le protectionnisme serait nocif au bon fonctionnement de ce cheminement en muselant la stimulation de la concurrence. Ainsi, en l’absence de libre-échange, l’innovation fondamentale ne serait bénéfique qu’à un seul pays qui, lui-même, en profiterait moins : ses grappes d’innovations n’étant pas ou peu stimulées par la concurrence internationale. Dans cette même vision Schumpétérienne, le protectionnisme défensif n’est pas souhaitable selon le principe de destruction créatrice. Quand le progrès technique intègre un secteur d’activité, il détruit les anciennes façons de produire et crée un nouveaux système de production beaucoup plus efficace. Cette destruction créatrice est donc souhaitable pour obtenir ce gain de productivité. Ainsi, la protection d’industries vieillissantes serait contreproductive.

Le protectionnisme offensif lui, peut être souhaitable seulement s’il est accompagné d’investissements dans les infrastructures et dans l’éducation. L’exemple du Brésil dans les années 1980 qui a protégé son secteur de l’informatique par des quotas pendant dix ans est révélateur. La « décennie perdu » montre que la protection d’industries naissantes est inutile si la qualification de la main d’œuvre n’est pas cohérente au niveau de spécialisation attendu.

Pour finir sur les désavantages du protectionnisme, montrons les avantages du libre-échange. Premièrement, il existe un lien de corrélation évident entre le libre-échange et la croissance économique. Entre 1960 et 2018, les exportations mondiales se sont multipliées par 160 ; parallèlement, le PIB mondiale s’est multiplié par 62,4. Cette corrélation s’explique notamment par la hausse d’activité économique elle-même permise en partie par la théorie de grappes d’innovations de Schumpeter. Dans la même optique, la croissance crée elle aussi le libre-échange. Cette croissance est en grande partie due à des innovations qui, par le progrès technique, permettent une plus grande sécurité, rentabilité et rapidité des exportations. Cet effet de bouclage explique le lien de causalité entre croissance et libre-échange.

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