CROISSANCE ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENT : Le rôle de l’Etat ?
Dissertation : CROISSANCE ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENT : Le rôle de l’Etat ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Маrie Douez • 15 Mars 2021 • Dissertation • 4 068 Mots (17 Pages) • 739 Vues
CROISSANCE ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENT : Le rôle de l’Etat ?
Dans son oeuvre Les dieux de l’écologie, le biologiste français René Dubos affirmait : « Des rapports avec la Terre basés exclusivement sur l’utilisation de celle-ci en vue de la croissance économique ne peuvent que mener à la dégradation en même temps qu’à la dépréciation de la vie humaine». Cette affirmation, datant de 1973, à l’aube d’un début de prise de conscience d’une raréfaction croissante de certaines ressources naturelles, mettait déjà en lumière une utilisation néfaste de l’environnement dans le but d’accroître encore et encore la croissance économique. En 2020, ces propos sont toujours d’actualité, à une époque où la thématique de l’environnement devient inquiétante et les défis de sa préservation de plus en plus primordiaux. La planète Terre représente, selon l’économiste Herman Daly, ce qu’on appelle le capital naturel : ce sont toutes les ressources dites « naturelles » (minéraux, plantes, animaux, pétrole) qui peuvent être, d’un point de vue économique, exploitables. Selon l’école des physiocrates, première grande école économique développée en France au XVIIIe siècle ayant pour maître de pensée l’économiste François Quesnay, l’environnement tient une place centrale au sein de l’économie car la Terre est considérée comme le facteur principal de production et demeure essentiel à la croissance économique. Toute activité en relation directe avec l’environnement, soit les activités agricoles par exemple, contribue directement à la croissance économique d’un Etat. Ainsi, si l’environnement joue un rôle essentiel dans la croissance économique, c’est-à-dire une variation positive de la production des biens et des services sur un long terme, il semble alors logique et fondamental de le préserver. Les États développés, empêtrés dès le XXe siècle dans un modèle économique relevant du capitalisme productiviste sans fin et obnubilés par leur désir de croissance économique, ont tardé à comprendre cette évidence. Ainsi, la préservation de l’environnement est devenue, au fur et à mesure, un des thèmes urgents des grands débats politico-économiques, notamment lors de grandes réunions politiques et économiques internationales telles, par exemple, le Groupe des sept (G7). Un des enjeux principaux de ces réunions va servir de problématique à cette dissertation d’économie : Les Etats peuvent-ils garantir leur croissance économique sans impacter de manière néfaste l’environnement ?
Nous répondrons avec précision à cette problématique dans un plan dialectique divisé en deux grandes parties. Notre première grande partie se concentrera sur les actions écocides menées par les Etats à des fins économiques. Nous analyserons comment un privilège du capital économique sur le capital naturel semble explicitement se dessiner, notamment via l’implication directe et consciente des Etats dans le génocide environnemental actuel puis à travers l’explication de la tragédie des biens communs, véritable malédiction résultant de l’action économique de l’Homme sur la nature. Notre seconde grande partie se concentrera davantage sur la recherche d’une harmonie entre croissance économique assurée et préservation de l’environnement, notamment à travers l’élaboration de méthodes économiques puis d’engagements politico-économiques de grande ampleur. Tous ces éléments nous permettront de répondre clairement à la problématique posée dans notre conclusion.
- Une économie écocide, résultat de l’approche néoclassique de l’Etat
Alors que les physiocrates accordent à la Terre une place prépondérante en tant que principal facteur économique de production, l’école néoclassique accorde une place bien moins importante à l’environnement dans l’économie. Selon eux, elle est divisée principalement par le travail et le capital, l’environnement étant exploité dans une dimension financière sans inquiétude par rapport à un éventuel épuisement. Il semblerait que les Etats les plus développés ont eux aussi négligé l’environnement dans une optique de croissance économique ce qui fait que leur approche économique peut être considérée, dans une certaine mesure, comme néoclassique. Par conséquent, leur empreinte écologique augmente de manière parallèle à leur croissance économique et il semble ainsi difficile de dissocier croissance économique à dégradation environnementale.
- Croissance économique florissante, capital naturel fané : aucune hésitation pour les Etats
Un rapport de l’organisation non gouvernementale Carbon Disclosure Project, publié en 2018 d’après une étude réalisée de 1988 à 2015, indiquait que 70% des gaz à effet de serre, des composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre et dont une trop grande concentration dans l’atmosphère terrestre provoque inéluctablement le réchauffement climatique, avaient pour principaux émetteurs les plus grandes entreprises mondiales. Parmi elles, dix des plus riches entreprises sont dénoncées comme étant les plus polluantes dont China National Petroleum Group, Royal Dutch Shell, Saudi Aramco, Gazprom ou encore ExxonMobil. Ces entreprises, réalisant des chiffres d’affaires astronomiques dépassant les 200 milliards de bénéfice par an, font surtout partie de l’industrie du charbon, industrie la plus polluante du monde, dont l’émission de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère s'élève à 480 milliards de tonnes au total depuis 1965. Ces entreprises jouent alors un rôle essentiel dans l’extraction de ressources fossiles, ressources provenant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Contrairement aux ressources dites « renouvelables », les ressources fossiles sont limitées et leur extraction s’avère être la principale cause du réchauffement climatique. Mais quel rôle jouent les Etats dans cette mise en danger volontaire de la Planète ? Les Etats participeraient volontairement à cette pollution atmosphérique en investissant directement dans les activités des entreprises de l’industrie du charbon. Le rapport Carbon Disclosure affirme que « sur les 635 milliards de tonnes de CO2 issues des 100 plus gros producteurs, 32% peuvent être rattachés à des investissements publics [...] et même 59% à des investissements nationaux ». De plus, dans un rapport de 2013, le Fonds monétaire international (FMI) affirmait qu’en 2011, 176 gouvernements ont directement subventionné le secteur de l’énergie fossile via des allégements fiscaux et financements directs, à près de 1 900 milliards de dollars soit 2,5% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Cette affirmation est plausible dans la mesure où certaines entreprises se déclarent publiques. C’est le cas de l’entreprise russe Gazprom, dont le gouvernement russe est actionnaire à 50,2%, ou l’entreprise saoudienne Saudi Aramco, dont l’actionnaire principal est l’Etat saoudien. Cela implique donc directement ces États dans l'intérêt d’une croissance économique au détriment de l’existence des ressources fossiles et en faveur de la surexploitation de ces ressources ayant pour conséquence le développement du réchauffement climatique.
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