Liberté, caractéristiques et création de soi

                                La liberté :

I-Les caractéristiques de la liberté : 

La liberté semble avant tout se caractériser par un pouvoir de décision dont nous sommes maîtres et qui nous permet d’être les auteurs de nos choix. Comment définir ce pouvoir ? Il n’y a apparemment pas de liberté, sans présence d’alternatives, c’est-à-dire sans la capacité de choisir une possibilité tout en sachant qu’il aurait été possible d’en choisir une autre. La liberté se présente alors comme le pouvoir de sélectionner une possibilité d’action ou de pensée là où une pluralité est disponible.

Elle est donc la capacité d’arbitrer parmis des possibilitées diverses en fonction de raisons tenues pour valables voire contre notre meilleur jugement. Sans ce principe des alternatives possibles, il n’y a pas de liberté. A cela, il convient d’ajouter que la liberté implique que nous soyons les auteurs de ces choix, qu’ils soient fait en conscience et contrôlés.

En effet, la liberté suppose que nous ne soyons pas déterminés par d’autres choses que nous même mais elle ne peut pas consister non plus dans un comportement aléatoire. Un processus aléatoire est un processus indéterminé, il n’est pas contrôlé et atteint son résultat sans intention. Or, la liberté implique à la fois une part d’indéterminisme et une part de contrôle de nous-mêmes : C’est en ce sens que l’on se décide pour une branche d’une alternative en suivant des raisons et parce que nous choisissons nous-mêmes de nous tourner vers cette branche. Un être libre est donc un être qui sélectionne lui-même de manière contrôlée la possibilité qu’il préfère. En ce sens, la liberté est un pouvoir d’auto détermination : elle permet d’initier un comportement, une pensée, une parole toujours de manière autonome et sans que cette détermination soit intégralement la conséquence nécessaire d’un état intérieur.

Ces caractéristiques semblent de plus toujours être données à la conscience : nous faisons l’expérience interne de la liberté, c’est-à-dire de cette capacité de nous décider pour une possibilité ou une autre. Selon Bergson, ce témoignage intérieur révèle que nous savons intimement que nous aurions pu faire autrement ou que nous pouvons le faire. En ce sens, certaines émotions comme le regret ou le remords sont des témoignages profonds de la liberté. Cela nous indique que nous aurions dû faire autrement et donc que nous le pouvions. La liberté est alors solidaire d’un savoir relevant du vécu intérieur. Selon Descartes elle est connue par la lumière naturelle (raison) et elle s’éprouve plus qu’elle ne se prouve. Elle est ainsi expérimentée intérieurement tant que notre pensée est active et, pour Descartes, la liberté est consubstantielle à l’existence de l’esprit : elle est une disposition inséparable de la substance qui pense.

Cette expérience consciente montre aussi les différentes formes de la liberté dans l’action : en effet, décider de penser à des possibilités d’action, envisager une idée puis une autre, conclure qu’un choix d’action est préférable, décider de le suivre, commencer à agir en fonction de ce choix, effectuer des changements en fonction de l’état du monde et en vue d’atteindre le but. Voilà autant de moments qui supposent un acte libre et conscient et non pas des transitions mécaniques. Entre ces étapes nous sommes donc toujours un acte libre et non nécessité, autrement dit, un pouvoir inexplicable de l’esprit par lequel nous choisissons d’examiner des données de retenir la meilleure option et d’agir conformément à un plan. Nous retrouvons la liberté à chacune de ces étapes.

Nous savons bien sûr que des contraintes limitent notre liberté, par exemple nous ne sommes pas libres d’agir directement contre les lois de la nature ou de nous placer hors du déterminisme animal. Nous ne pouvons pas sortir de notre corps intentionnellement, nous ne pouvons pas voler et ces limitations signifient que nous avons à faire à des contraintes. Une contrainte est due à quelque chose qui n’exerce sur nous que nous ayons les possibilités d’aller à son encontre. La liberté est donc ici limitée. Bien sûr l’ensemble des contraintes physiques qui s’exercent sur nous laissent ouverte la possibilité de certaines actions, par exemple les forces gravitationnelles nous permettent de choisir entre sauter et rester sur le sol, mais pas entre flotter et rester sur le sol. Nous sommes libres dans le premier cas, pas dans le second.

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