La diététique chez Michel Foucault

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Histoire de la sexualité est un ouvrage philosophique de Michel Foucault en trois tomes. Pour le travail approfondi en philosophie antique, je m’appuierai sur deux de ces volumes :

Histoire de la sexualité II, L’usage des plaisirs ainsi qu’Histoire de la sexualité III, Le souci de soi. Le thème que je vais approfondir est celui de la diététique. Dans le tome II, Foucault lie les usages des plaisirs à l’Antiquité. Tandis que dans le tome III, va quant à lui se référer au premier siècle avant J.-C.

Tout d’abord, pourquoi le thème de la diététique ? L’usage des plaisirs chez les hommes grecs^[1], est un thème qui m’a beaucoup séduit. En effet, il n’est pas uniquement question de l’acte sexuel dans le chapitre II du tome II, mais également des plaisirs dus à la nourriture, à la boisson et aux exercices. C’est avant tout pour ces différents horizons de la diététique, que cela m’intéresse. Ce qui m’intéresse, n’est pas seulement la manière dont ces différentes perspectives de la diététique ont été travaillées, mais aussi toute la problématique captivante, qui est liée à la morale. Au jour d’aujourd’hui, les questions d’ordre moral ne sont plus tellement en relation avec le bien être de l’âme.

Or qu’est-ce que la diététique ? Selon le dictionnaire de poche Le Robert, une diététique est une « science de l’hygiène alimentaire »^[2]. Toutefois, Foucault ne se concentrera pas uniquement sur l’alimentation des grecques à l’époque classique, mais parlera de la santé en général, liée au régime. Il est important de préciser que lorsque je parle de régime, je ne fais pas qu’allusion à l’alimentation, mais aussi au régime sportif ou encore au régime sexuel ; « Le régime est tout un art de vivre »^[3].

La raison pour laquelle je m’intéresse à ce thème, c’est donc de comprendre la diététique dans les deux époques dont Foucault parle, mais aussi de voir la différence entre l’avant et le maintenant. Quels changements fondamentaux y a-t-il eu entre les premier siècle avant J.-C.^[4] et le 21ème siècle d’aujourd’hui ?

Pour ce faire, je vais commencer par approfondir le chapitre II du tome II afin de mieux comprendre qu’est-ce que la diététique selon Foucault à l’époque classique.

Ensuite, j’aborderai le thème du tome III qui est celui du souci de soi en m’intéressant aux préoccupations premières de l’époque romaine des deux premiers siècles avant J.-C.

Finalement, je vais comparer ces deux époques pour ensuite les confronter avec le monde d’aujourd’hui.^[5] 

1. Histoire de la sexualité II, L’usage des plaisirs

Michel Foucault problématise, dans l’Histoire de la sexualité II, la notion de plaisirs. En l’occurrence il s’agit de ces plaisirs qui vont poser problème à l’ordre moral. En effet, selon lui il faut savoir être maître de ses désirs si nous pouvons contrôler les autres^[6]. C’était alors, à l’époque classique, une des préoccupations principales des grecs. Et c’est ce dont Foucault s’intéressera à analyser à travers trois domaines principaux qui vont agir sur l’individu, à savoir ; la Diététique, l’Economie et l’Erotique. 

Le thème qui nous intéressera sera la Diététique. Il est alors question du régime dans le deuxième chapitre de ce livre. Michel Foucault divisera ce chapitre en quatre parties : du régime en général, la diète des plaisirs, risques et dangers et l’acte, la dépense, la mort.

« La réflexion morale des Grecs sur le comportement sexuel n’a pas cherché à justifier des interdits, mais à styliser une liberté : celle qu’exerce, dans son activité, l’homme « libre » ».^[7] C’est à partir de cette notion d’aphrodisia^[8] libre, que les médecins ont développé une réflexion sur les dangers de ces pratiques sexuelles. Cette réflexion portait sur la définition de l’usage des plaisirs en fonction de la manière de s’occuper de son corps « la préoccupation était beaucoup plus diététique que thérapeutique ».^[9]

Pour mieux comprendre cette notion de diététique à l’époque classique et cette relation avec la médecine, Michel Foucault se rapportera sur deux récits d’origine ; Platon ainsi que l’Ancienne Médecine qui appartient à la collection hippocratique.

La diététique apparaît comme une sorte de médecine, qui permettrait de réduire les maladies. Elle comprend les exercices, les aliments, les boissons, les sommeils ainsi que les rapports sexuels. En soi, toute chose qui doivent être mesurées : « le régime est tout un art de vivre »^[10]. Cette mesure comprend non seulement l’ordre corporel mais surtout l’ordre moral. Il est donc

aussi question de régime de l’âme. En effet, un corps en bonne santé avec une âme déséquilibrée ne fonctionnera pas. Tous deux doivent être en harmonie. Toutefois, la possibilité d’un danger

diététique n’est pas nulle. Ceux qui apportent trop d’importance à ces régimes reconnaissent les risques que cela peut apporter. Le but n’étant pas de repousser ses limites pour durer plus longtemps, mais de vivre bien dans les limites fixées. De plus, la diététique attend de la part de l’individu qu’il soit actif. Appliquer passivement ce que le médecin conseil, ne ferait pas prendre conscience et ne développerait pas une réflexion : « […] la diète n’est pas conçue comme une obéissance nue […] ».^[11] L’enjeu est à la fois de santé et de morale.

En ce qui concerne le sous-chapitre la diète des plaisirs, Foucault fait référence aux différents éléments ou aux variables de situation qui permettent une meilleure pratique de l’aphrodisia. En effet, le contexte général de l’individu joue un grand rôle dans la diète et le bon entretien de soi. Prenons comme exemple la saison d’hiver. Il est recommandé un régime plus asséchant et réchauffant. Les aliments conseillés seront les viandes rôties, pain de froment ou encore des légumes secs. L’exercice est fortement encouragé suivi des bains froids. En revanche, si l’air est plus chaud et plus sec, nous nous pencherons plus sur un régime humide tel que des viandes bouillies plutôt que rôti ; c’est à l’individu de développer le kairos^[12], car les choses dépendent du contexte. Le Régime de Dioclès sera moins détaillé que celui d’Hippocrate, mais beaucoup plus stricte.

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