Fiche De Lecture : Surveiller et Punir, Michel Foucault
Commentaires Composés : Fiche De Lecture : Surveiller et Punir, Michel Foucault. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ManonPers • 30 Mars 2015 • 2 222 Mots (9 Pages) • 2 171 Vues
Michel Foucault (1926-1984), philosophe français du XXème siècle, semble être un personnage incontournable de notre formation puisqu’il est allé au-delà du simple discours philosophique classique et va s’intéresser à une multitude de sujets en rapport avec les sciences humaines qui vont interroger l’éducateur spécialisé dans l’exercice de son métier : la sexualité, la folie, le corps, la prison… De plus, sa nomination au Collège de France en 1970 va lui conférer une certaine légitimité.
En 1975, c’est dans un contexte particulier que Michel Foucault va s’interroger sur la naissance des prisons, à quels impératifs répondent ces institutions disciplinaires et va publier : « Surveiller et Punir : la naissance des prisons ». En effet, c’est une époque où beaucoup de révoltes éclatent dans le milieu carcéral. Il dresse un constat simple des prisons : elles sont surpeuplées, violentes, créatrices de délinquance.
Foucault qui développe dans le même temps une activité militante et fonde le Groupe d’informations sur les prisons, souhaite à travers cet ouvrage, faire prendre conscience à l’opinion publique des conditions déplorables de détentions. La prison est son domaine d’intervention principal, « Surveiller et punir » n’est donc pas un sujet choisi au hasard pour cet homme engagé intellectuellement mais aussi politiquement.
Dans son ouvrage, à travers des exemples historiques, Foucault tente de retracer l’évolution de la punition qui a donné naissance aux prisons. Il y voit un moyen pour le pouvoir d’y dresser les corps, d’y imposer ses normes sociales.
Il cherche à nous montrer la société disciplinaire dans laquelle nous vivons et il utilise la prison « institution disciplinaire » par excellence pour illustrer sa pensée.
Il nous expose comment le modèle corporel, solitaire et secret du pouvoir de punir s’est substitué au modèle scénique, publique et collectif.
J’ai choisi de me pencher sur cet ouvrage qui me semble être une référence et plus particulièrement sur le chapitre « Le panoptique » (Page 197 à 229) pour réaliser cette fiche de lecture. Cet ouvrage m’a éclairée sur ce que peut être le milieu carcéral, mais aussi la norme en terme de contrôle social, et m’a permis également de mieux comprendre des notions comme la récidive ou la réinsertion qui sont indispensables dans la réflexion d’un éducateur.
En tant que future éducatrice spécialisée, et j’espère future stagiaire dans le milieu de la protection judiciaire de la jeunesse, je me suis intéressée à cet ouvrage pour avoir une meilleure connaissance du public que je pourrais être amenée à accompagner. Il m’a également amenée à me questionner sur la réelle place de l’éducateur spécialisé : Répondons-nous à des valeurs qui sont propres à notre profession ou sommes-nous au final de simples instruments de contrôle social et de mise à l’écart de l’individu au service d’une société disciplinaire et de surveillance ?
Il m’a semblé alors intéressant de me pencher sur les idées développées par l’auteur au sujet d’une société disciplinaire, de surveillance et de le mettre en lumière avec notre société actuelle.
Dans une première partie, j’ai donc choisi de travailler sur le chapitre du panoptique et des idées de l’auteur. Dans un second temps, je me suis penchée sur l’ouvrage de Foucault aujourd’hui et en quoi il peut interroger les pratiques d’un éducateur spécialisé.
I. Le Panoptique, une architecture au service d’une société de surveillance : « le quadrillage disciplinaire »
Dans son livre, Foucault consacre un chapitre entier au panoptique.
Il débute son développement en s’appuyant sur des faits historiques : l’organisation des sociétés en cas d’apparition d’épidémie, de peste ou de lèpre et l’application de la discipline.
Dans le premier cas, un strict quadrillage se met en place, les individus doivent rester cloîtrés chez eux, le regard est partout en éveil. Le pouvoir s’exerce de façon hiérarchique, sans partage. La peste apporte un rêve politique de pouvoir absolu, de contrôle social strict. Dans le cas où une épidémie de lèpre se déclarait, se mettait en place un système d’exclusion, qualifié d’ « exil-clôture ».
Ces deux modèles de pouvoir sont différents, mais petit à petit ils vont se rapprocher. En effet, le pouvoir va appliquer le schéma disciplinaire du premier dans l’espace d’exclusion du deuxième. Le Panoptique en constitue la figure architecturale la plus claire.
Si l’on se réfère à sa définition propre, le panoptique est une doctrine de la conception des prisons pour assurer la surveillance totale des prisonniers. C’est une architecture carcérale imaginée par le philosophe Jeremy Bentham. Il s’agit d’un strict quadrillage spatial : un bâtiment doté d’une tour dans son centre permettant de surveiller les individus à tout moment.
L’objectif est que le gardien puisse observer tous les prisonniers enfermés dans des cellules sans lui-même être vu. Grâce à ce schéma la prison se détache d’une fonction strictement punitive, mais vient alors remplir une fonction plus normalisatrice où il s’agit d’imposer une norme sociale.
Foucault nous explique que le modèle panoptique induit chez le détenu un état de conscience et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement du pouvoir. Le prisonnier qui est constamment sous l’œil du surveillant, intériorise l’idée qu’il est toujours sous surveillance ; ainsi il se sait surveillé et n’a pas envie de dévier. Il reprend à son compte les contraintes du pouvoir. Le pouvoir est alors désindividualisé et automatique.
Le panoptique, institution disciplinaire, est également vu par Foucault comme une machine à faire des expériences. Il permet de faires des différences entre les individus, mais aussi d’en modifier les comportements. Le pouvoir exerce alors une forte norme sociale à travers ces institutions et la discipline qu’elle implique. La contrainte de chaque instant inspirée par le panoptique va dresser les corps et les âmes des prisonniers.
Foucault nous explique que le panoptique peut être un modèle généralisable au fonctionnement tout entier d’une société. (Exemples : des écoles, des ateliers, des hôpitaux…). Il devient une technologie politique puisqu’il permet de perfectionner l’exercice du pouvoir : réduire le nombre de ceux qui l’exercent tout en multipliant le nombre de ceux sur qui il est exercé. De ce fait, il est
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