LA NATURE FAIT-ELLE BIEN LES CHOSES ?
Dissertation : LA NATURE FAIT-ELLE BIEN LES CHOSES ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar EMMA.CIESLAK • 5 Octobre 2021 • Dissertation • 3 228 Mots (13 Pages) • 721 Vues
SUJET : Peut-on dire que la nature fait bien les choses ?
Etienne de la Boétie s'interroge sur la légitimité de l'autorité et du gouvernement dans un
livre intitulé Discours sur la servitude volontaire publié en 1574. On peut lire l'extrait de ce
livre : « (La nature) n’a pas envoyé ici-bas les plus forts ou les plus adroits comme des
brigands armés dans une forêt pour y malmener les plus faibles. Croyons plutôt qu’en faisant
ainsi des parts plus grandes aux uns, plus petites aux autres, elle a voulu faire naître en eux
l’affection fraternelle et les mettre à même de la pratiquer [..] ». Selon l’auteur, la nature
aurait créé des différences entre les Hommes dans un but positif, mais les humains s’en sont
servis de manière néfaste. Cela nous amène donc à nous interroger sur la relation entre la
nature et le bien. La nature se définit par l’ensemble des phénomènes indépendants des
Hommes. On la trouve au sein même de l’individu par tout ce qui est inné comme ses besoins
vitaux ou son essence en tant qu’être ; mais également en dehors de l’individu par tout ce qui
n’a pas été inventé ou modifié par l’Homme. Le terme « bien » ici ne signifie pas satisfaisant
ou convenable, il est en opposition au mal et représente donc un idéal. Si la nature fait bien
les choses, c’est alors le modèle à suivre ; aller à l’encontre de la nature est donc incorrect et
néfaste. Mais pouvons-nous réellement affirmer que la nature fait bien les choses ? Est-il
raisonnable de penser ainsi ? Et cette expression, que l’on entend dans divers contextes, est-elle pertinente ? Afin d’y répondre nous étudierons dans un premier temps les raisons pour
lesquelles on peut dire que la nature fait bien les choses. Puis, dans un deuxième temps, nous
étudierons les limites de cette thèse. Enfin, dans un troisième temps nous verrons pourquoi
cette expression n’est pas pertinente et quelle alternative semble plus correcte.
Tout d’abord, au fil de leur évolution, les Hommes n’ont cessé d’inventer et de créer de
nouvelles technologies afin de maximiser leur confort. Voyant de quoi ils étaient capables, ils
se sont considérés comme supérieurs aux autres espèces animales et on voulut dominer la
nature. Or, c’est en cherchant à tout prix la liberté et le progrès scientifique qu’ils se sont
dénaturés. Leur nouveau mode de vie a créé de nouveaux besoins, les éloignant encore plus
de leur bonheur naturel. Prenons l’exemple du rythme de sommeil naturel de l’Homme n’est
pas huit heures consécutives, mais de deux cycles de quatre heures entrecoupées d’une
période d’éveil de quelques heures. Il est en effet très probable qu’avant la révolution
industrielle, les humains allaient dormir une première fois vers dix-neuf heures ou vingt
heures, se réveillant aux alentours de minuit, puis allaient se recoucher au bout d’une heure
ou deux pour dormir jusqu’à l’aube. Cette période d’éveil nocturne était idéale pour prier ou
méditer. Mais avec notre rythme de vie actuel, aller se coucher vers dix-neuf heures ou vingt
heures est impensable, surtout lorsqu’on travaille jusqu’à dix-huit heures. De nos jours, une
personne sur trois déclare souffrir d’un trouble du sommeil, ce qui peut engendrer une baisse
des défenses immunitaires, des difficultés de concentration et d’apprentissage, des troubles
cardio-vasculaires etc… Nous pouvons également prendre l’exemple de l’argent : celui-ci a
été créé de toute pièce par les humains afin de faciliter leurs échanges de biens et de services.
Dans la nature, la notion de propriété et donc d’échanges commerciaux n’existe pas. Les
Hommes ont inventé ces concepts par suite de la sédentarisation des peuples. De nos jours,
l’argent est indispensable à la survie. Les Hommes se sont donc pris à leur propre piège et
sont responsables de leur propre malheur. Jean-Jacques Rousseau aborde ce sujet dans son
livre Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes paru en 1755 :
« Mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il
était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété
s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes
riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes et dans laquelle on vit bientôt l’esclavage
et la misère germer et croitre avec les moissons ». La propriété et le travail sont donc des
inventions humaines responsables du malheur des humains car cela les éloigne de ce que ka
nature leur avait fourni au départ. Un retour à la nature semble alors être la solution qui
apporterait aux Hommes le bonheur. Cette idée que seul un retour à la nature nous permettrait
d’être heureux est très répandue. En effet, au-delà de la nature que l’on trouve au sein de
l’individu, les éléments naturels qui se trouvent en dehors de lui ont une dimension
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