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John Locke

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Par   •  15 Avril 2018  •  Commentaire de texte  •  3 511 Mots (15 Pages)  •  825 Vues

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John Locke (1632-1704)

Contexte historique :

John est né et a vécu dans une période de turbulences et de violence politique et religieuse. On ne s’étonnera pas, alors, qu’il ait écrit pour dénoncer l’absolutisme politique, d’une part, et encourager la tolérance religieuse, de l’autre.

En 1649, John Locke a 17 ans et la Guerre Civile entre le roi Charles 1er et l’armée parlementaire, menée par Oliver Cromwell, prend fin avec le procès puis la décapitation du roi, jugé coupable de trahison envers le peuple.

Le conflit a débuté lorsque Charles 1er a convoqué le parlement afin d’exiger une nouvelle taxe qui lui servirait à lever une armée pour combattre une rébellion en Irlande. Du côté du parlement, on voyait la demande du roi comme une autre manière pour lui d’augmenter son pouvoir et l’idée que le roi puisse se servir de cette armée contre le peuple et régner en maître absolu en effrayait plus d’un. Les parlementaires ont convenu que si l’on devait lever une armée, elle se devait de répondre au parlement et non au roi. Charles 1er a répliqué en créant une armée royale pour combattre l’armée parlementaire. C’est cette dernière qui s’est avérée victorieuse dans une guerre sanglante et une période chaotique.

On instaura une république qui ne dura pas et le parlement finit par confier le pouvoir à Oliver Cromwell en tant que « Lord Protector. » C’était la première et seule fois dans les 1500 dernières années que le pouvoir était détenu par quelqu’un qui n’était ni de sang royal ni même de naissance noble. Ce régime n’a pas duré et un nouveau roi allait accéder au trône.

Notre cher Locke, de son côté, avait la chance de provenir d’une famille aisée et de poursuivre des études en médecine au milieu de ces temps difficiles. Fait intéressant, la médecine, contrairement aux mathématiques, est une science qui se base sur l’observation rigoureuse de cas similaires pour en induire des conclusions générales. En ce sens, la médecine est une science plutôt empiriste tandis que les mathématiques sont un domaine plus rationaliste. Ceci a certainement joué un rôle dans la critique que Locke va faire des idées de René Descartes, mais surtout, dans son développement de la conception empiriste de la connaissance.

Ce n’est toutefois pas en médecine que Locke va faire carrière, mais en politique en étant le secrétaire du comte de Shaftesbury. Son travail ne l’empêchera pas de poursuivre ses études des sciences et d’être très au courant des découvertes et des progrès de son époque.

Les troubles politiques n’étaient toutefois pas terminés et cette fois, Locke ne sera pas épargné : le comte de Shaftesbury est accusé de complot et cela les force à s’exiler en France pour échapper à leurs ennemis.

Le problème venait entre autres du fait qu’il y avait un conflit entre catholiques et anglicans qui menaçait de dégénérer en une nouvelle guerre civile. Le roi de l’époque, James II, était catholique alors que son titre de roi lui accordait aussi le rôle de chef de l’église d’Angleterre, qui est protestante. Les catholiques voyaient leur influence grandir en Angleterre tandis que les protestants craignaient les persécutions. Toutefois, les protestants avaient espoir que le roi n’aurait pas d’héritier et que ce serait sa sœur Marie, une protestante, qui succède James sur le trône. Or, le roi eut un fils et menaçait donc d’instaurer une dynastie catholique ce qui précipita le parlement et les leaders au sein de l’église d’Angleterre à demander à Guillaume d’Orange, le chef d’État hollandais, d’envahir la Grande-Bretagne et de prendre le pouvoir. Ce dernier accepta et débarqua sur les côtes britanniques avec son armée. Sans trop de violence, la Glorious Revolution vit le roi James II abdiquer et la restauration des protestants sur le trône. Le parlement en profita alors pour faire adopter la Déclaration des droits par le roi, ce qui allait grandement limiter son pouvoir et en fait, placer le parlement et la loi au-dessus du roi. Il s’agit d’un bouleversement majeur de l’ordre politique.

La révolution permit aussi à John Locke de revenir dans son pays et lui donna l’occasion de publier ses deux ouvrages majeurs : Traité du gouvernement civil (en 1689) et Essai sur l’entendement humain (en 1690). On peut dire sans trop se tromper que chacun de ces écrits va mettre sur l’avant-scène des courants philosophiques émergents. Le Traité jette les bases du libéralisme politique et économique tandis que l’Essai va exposer une théorie empiriste de la connaissance qui va entrer en conflit avec le rationalisme cartésien. Ces deux courants continuent d’influer sur nos vies et sur les débats d’aujourd’hui.

Essai sur l’entendement humain :

L’ouvrage comporte quatre parties (ou livres) où Locke va progressivement exposer une théorie empiriste de la connaissance en rupture directe avec le rationalisme de Descartes.

Le Livre 1 est une critique de la théorie des idées innées (qui sont la base de la théorie de Descartes) où Locke va tenter de démontrer qu’elles n’existent pas en attaquant les arguments qu’on emploie pour les défendre. On peut résumer sa critique ainsi :

  1. Le fait que certaines idées soient admises par « tous » ne prouve pas que nous les ayons avant toute forme d’expérience. D’abord, Locke n’est pas certain qu’il y ait en effet des idées admises par tous, mais surtout, rien n’indique qu’elles ne pourraient pas être toutes reçues de l’expérience et que leur caractère universel viendrait plutôt du fait des traits que possèdent tous les humains.
  2. Ces idées ne sont pas immédiatement connues des enfants ou des idiots (c’est le mot employé par Locke.) Par exemple, les enfants n’arrivent pas immédiatement à reconnaître que si on leur présente deux quantités identiques sous la même forme, les quantités restent identiques même si elles prennent ensuite des formes différentes. Ainsi, un enfant de moins de six ans peut se faire présenter la même quantité de jus dans deux verres identiques, reconnaître que c’est la même quantité de jus, mais lorsque l’on verse le contenu de chacun dans des verres aux formes différentes, les enfants diront qu’il n’y a plus la même quantité dans les 2 nouveaux verres.
  3. Un autre argument que Locke critique consistait à dire que les idées innées sont découvertes par tous dès que notre raison le peut. Elles auraient toujours été présentes mais attendaient une sorte d’occasion pour surgir. Mais si elles ont toujours été en nous, comment se fait-il qu’il faille attendre pour y penser ou les découvrir ?
  4. En fait, il faut plutôt admettre qu’on ne les connaît que lorsqu’on nous les fait voir. Donc, nos idées viennent d’abord de l’expérience. Il en va de même des principes moraux ou de l’idée de Dieu. S’ils étaient innés, tous auraient la même morale et la même idée de Dieu. Mais alors, comment expliquer que tous les peuples n’aient pas les mêmes valeurs et les mêmes lois ou encore qu’il y ait différents dieux auxquels les humains croient et des désaccords au sein des religions. Il est possible que certains aient les meilleures idées morales ou l’idée la plus juste de Dieu, mais il s’agit tout de mêmes d’idées acquises soit par l’exercice personnel de son entendement soit parce qu’on leur a enseigné ces idées et qu’ils les comprennent bien.

Le Livre 2 porte justement sur ce que Locke a en tête lorsqu’il parle d’idées et aussi sur la source de nos idées. On peut y comprendre que selon Locke, l’être humain est un être en développement qui acquiert ses connaissances par sa sensibilité, dans les deux significations du terme : autant par ses sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, etc.) que parce qu’il se ressent, qu’il sent ce qui se passe en lui. Décortiquons le tout :

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