Explication du texte de Wittgenstein sur le roi de la pluie
Commentaire de texte : Explication du texte de Wittgenstein sur le roi de la pluie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louis Charbon • 2 Mai 2021 • Commentaire de texte • 2 573 Mots (11 Pages) • 640 Vues
Explication du texte de Wittgenstein
Wittgenstein se questionne dans cet écrit sur le rôle de de la culture dans la relation qu’entretient l’Homme avec la nature. La culture éloigne t-elle l’Homme de la nature ? Pouvons-nous porter un jugement des différentes cultures ? Nullement, répond Wittgenstein, philosophe et mathématicien du XXème siècle, par sa critique de Frazer dans Remarques sur le rameau d’or de Frazer. La culture témoigne d’après l’auteur du lien que l’Homme a avec la nature. Nous ne pouvons juger des différentes cultures si nous ne prenons pas le temps ni la peine de s’intéresser à la culture que nous venons d’étudier.
Ainsi, de quelle manière la culture apparait-elle pour Wittgenstein ? Effectivement, ce dernier développe dans son texte le thème de la croyance au sein de la culture dans le dessein de définir le but de la culture, comme un moyen d’unir les Hommes et la nature.
Pour se faire, il progresse son argumentation en trois moments : dans un premier temps, il aborde la thèse adverse, celle de Frazer et affirme ensuite la sienne, de la première à la troisième ligne. Puis, il souligne le problème par une analogie, d’abord de la quatrième à la dixième ligne où il émet un exemple issue d’une culture différente (le Roi de la Pluie), puis de la onzième à la dix- huitième ligne où il donne une illustration issu d’une situation personnelle et utilise cette analogie en l'exploitant pour affirmer et démontrer ainsi son propos. Le dernier moment se caractérise par une énonciation claire de sa thèse ; il soutient en effet que la culture est simplement le résultat d’une certaine manière d’habiter la nature.
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Wittgenstein présente une argumentation contre la thèse défendue par Frazer, et affirme en parallèle sa propre thèse.
Tout d’abord, Wittgenstein commence par introduire dans un premier moment la thèse adverse. En effet, il opère une critique sur la manière dont Frazer rend compte des croyances des Hommes que Wittgenstein nomme les « conceptions magiques et religieuses des hommes » (l.1). Frazer considère que les croyances des Hommes relèvent d'une erreur, c'est-à-dire quelque chose de faux. Nous pouvons relever « elle les fait apparaître comme des erreurs » à la deuxième ligne. Les croyances mettraient alors en place un rapport tronqué à la réalité et dévoileraient la faiblesse de l’esprit humain qui, suite à un mauvais raisonnement aborderait une erreur de jugement qu’il faudrait corriger. Ceci peut s’expliquer par le caractère non scientifique de la croyance, caractérisée alors par l’imaginaire collectif.
Par ailleurs, via cette critique, Wittgenstein dévoile sa thèse, opposée de celle de Frazer : « Je crois que le trait caractéristique des hommes primitifs est qu’ils n’agissent pas d’après des opinions. » (l.2-3). En affirmant ici sa thèse, Wittgenstein défend le fait que ce qui caractérise les Hommes primitifs est qu’ils n’appuient pas leurs actes en fonction des préjugés. Les Hommes primitifs représentent dans ce contexte l’ensemble de nos ancêtres. De ce fait, Wittgenstein remarque ici l’impossibilité de porter un jugement, une opinion avant d’avoir réaliser l’objet de ce jugement. Ainsi, d’après Wittgenstein, nous ne pouvons pas donc pas juger des différentes cultures si nous en avons pas fait auparavant l’expérience. Cette impossibilité de jugement peut s’interpreter par la multiplicité des cultures. En effet, chaque culture est unique et ne ressemble à aucune autres.
En outre, cette opposition entre la thèse de Frazer et celle de Wittgenstein éclaire le texte d’une dimension polémique. L’auteur mène ainsi l’offensive contre Frazer en soulignant la principale faille de l’argumentation de son adversaire : « elle les fait apparaitre comme des erreurs » (l.2). Wittgenstein reproche ainsi à Frazer une erreur méthodologique car il
chercherait à intégrer ses propres préjugés sur son objet d’étude. Et de fait, nous comprenons sa critique dans la mesure où Frazer est incapable de s’écarter des biais cognitifs qui structurent sa vision du monde, son système de valeurs. Ainsi, ce dernier juge d’une culture à partir de critères étrangers à sa propre culture. De ce fait, après avoir commenté la thèse de Frazer de manière péjorative, qu’il considère comme « pas satisfaisante » (l.2), Wittgenstein émet sa propre thèse basée non pas sur des certitudes scientifiques mais sur une pensée, une conviction : « je crois » (l.2). De par cette énonciation, il introduit son argumentation et s’apprête à démontrer ses dires.
Jusqu’à présent nous avons établi que ce passage se révèle tel une critique contre la thèse de Frazer que Wittgenstein présente comme étant erronée. Parallèlement, ce dernier nous invite à se pencher davantage sur sa propre thèse : nous ne pouvons juger des différentes cultures si nous ne prenons pas le temps ni la peine de s’intéresser à la culture que nous venons d’étudier. En ce sens, l’auteur nous invite à nous questionner à propos du rôle de la culture et sa place dans le monde. Quel est le rapport qu’entretient la culture avec la nature ? Qu’en-est-il de son statut chez l’individu ?
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La pluralité des cultures nous interroge sur l’objectif, la finalité de ces dernières au sein de l’humanité.
Pour commencer,Wittgenstein argumente son affirmation en citant une première analogie ; celle du « Roi de la Pluie en Afrique » (l.4) afin de démontrer l’erreur de Frazer et ainsi prouver que le but de la culture derrière la culture n’est pas matériel. Ce dernier est sollicité quand vient la saison des pluies pour son pouvoir, celui de faire pleuvoir. Cependant, il semblerait ici que cette croyance qui rythme le quotidien des habitants à une certaine période de
l’année révèle un paradoxe. En effet, si la croyance définissait bien la réalité, alors les Hommes d’Afrique solliciteraient cette divinité pour les périodes de sécheresse. Néanmoins, les habitants ne réalisent l’expérience qu’en mars et confirment ainsi l’idée de l’auteur : il pleut donc ils invoquent le Roi de la Pluie mais ils n’invoquent pas le Roi de la Pluie pour qu’il pleuve. Les habitants ne sont donc pas vraiment convaincus par la réelle existence du Roi de la Pluie. On peut ainsi s’interroger sur la réelle utilité de cette croyance, si les populations continuent malgré le fait qu’elles connaissent le caractère imaginaire de cette divinité. L’auteur émet alors une hypothèse
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