Est-ce l'Etat qui définit ce qui est juste?
Dissertation : Est-ce l'Etat qui définit ce qui est juste?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar albane76 • 25 Mai 2019 • Dissertation • 2 413 Mots (10 Pages) • 721 Vues
Est-ce l’État qui définit ce qui est juste ?
Depuis toujours, la notion de justice et d’État est au cœur des débats. La preuve en est que nous trouvons difficilement deux États dans le monde avec exactement le même régime politique et les mêmes lois. Pour autant des lois sont nécessaires pour faire régner la justice car l'Homme n'est pas juste de nature. Le mot « juste » vient du latin « jus » et signifie droit : il n'y a donc de justice que dans un État de droit. L’État c'est à dire, l'ensemble des institutions responsable du bien public sur un territoire déterminé, qui exerce la souveraineté sur ce territoire, définit des lois qui, à première vue, nous font affirmer que celles-ci sont justes. Pour être juste, nous suffit-il donc de suivre conformément les lois établies par l’État ? Ils nous arrive pourtant quelques fois de trouver une loi injuste. Dans ce cas est-il juste d'obéir à cette loi ? Est-ce l’État qui définit ce qui est juste ?Autrement dit, les lois définit par l’État sont-elles toujours justes ?
Nous verrons dans un premier temps que l’État définit des lois qui sont donc justes, puis nous étudierons qu'être juste n'est pas toujours synonyme d'obéissance à la loi. Et enfin, nous verrons qu'un État juste est un État qui ajuste sa justice à chaque cas individuel.
Premièrement, l’État définit ce qui est juste car il définit la loi qui elle-même définit le droit. Le droit correspond à ce qui est juste, donc pour ainsi dire, respecter la loi c'est être juste.
En effet, l'Etat définit les lois, on les appelle les lois positives ou juridiques, elles correspondent aux lois qui organisent la vie en société et qui sont imposées par celui-ci.
La loi est juste car tout le monde est obligé de la respecter, sous peine d'aller en prison. Les lois sont justes car elles nous sécurisent et tout le monde doit l'appliquer. Par exemple, il est écrit dans la loi qu'il est interdit de voler. Le fait que l'acte de voler soit interdit protège au maximum la population contre ce crime. La crainte de la peine permet de réduire le nombre de vols. Et cette exemple s'applique à l'ensemble des lois. Nous appliquons tous les lois car nous avons peur des représailles. Sans loi, rien ne serait considéré comme illégal et il régnerait donc la loi du plus fort (comme celle dans laquelle les animaux vivent). C'est-à-dire que nous ne serions pas tous sur un pied d'égalité car les plus forts auraient accès à tout et domineraient ceux dit « plus faibles » ou moins avantagés. Ainsi, les lois sont justes car elles permettent de mettre l'ensemble de la population sur un pied d'égalité. Il n'y personne qui ne puisse prendre le dessus sur les autres car la loi l'en empêche. Une loi est juste car elle impose les mêmes restrictions à chacun, au nom de la loi nous sommes tous égaux en droit. Le droit implique la liberté et l'égalité de tous devant la loi, comme c'est écrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. »
De plus, la loi permet à tous de discerner ce qui est légal de ce qui ne l'est pas, ce qui est juste de ce qui est injuste. Une société juste est une société réglée par l'idée du bien. Le droit et la justice permettent d'imposer des limites à la société. Ce qui signifie que la loi nous guide sur ce qui est juste car elle nous indique ce qui est conforme à la loi. Prenons l'exemple du Code de la route : il est écrit dans celui-ci qu'il est interdit de stationner sur un passage piéton. Ainsi, la loi définit qu'il est incorrecte de stationner sur un passage piéton car cela met en danger les citoyens souhaitant l'emprunter. Le code de la route nous guide donc sur ce qui est légale ou illégale et donc sur ce qui est juste et injuste. Ne pas enfreindre les lois imposées par l’État c'est donc être juste. De manière plus générale, le droit positif a donc pour but d'assurer la stabilité sociale et des droits naturels de chacun, c'est-à-dire l'ensemble des droits que chacun possède du fait de son appartenance à l'humanité et non de par la société dans laquelle il vit. Le droit naturel est considéré comme inné. Sans État, il n'y pas de loi et donc pas de justice. La justice implique la présence d'un État. Cependant n'est-il pas légitime de désobéir à la loi dans le cas où celle-ci nous semble injuste ?
Il nous est déjà à tous arriver de remettre en question une loi imposée par la société, nos parents etc... Il semble en effet qu'il y ait des cas où désobéir semble plus juste que d'obéir strictement à la loi sans se poser une seule question. Il est du pouvoir de l'Homme en tant qu'être doué de raison d'en user pour distinguer ce qui est à ses yeux juste ou injuste. Il doit donc faire appel à sa raison pour pouvoir le discerner. L'Homme a le devoir de se questionner sur la moralité des lois qu'il doit suivre. Et il a le devoir de désobéir à cette loi si celle-ci semble contraire à la justice. Antigone est l'exemple parfait pour traiter de ce sujet. En effet, Antigone, jeune fille d'Athènes, se retrouve face à un dilemme, elle doit choisir entre respecter la loi qui lui semble injuste ou bien la déjouer et enterrer son frère malgré la volonté contraire du Roi. Antigone choisit de désobéir et essaie d'enterrer son frère. Dans cette histoire, Antigone trouve plus juste de ne pas respecter la loi plutôt que de l'appliquer. Il semblerait donc que l’État ne définisse pas toujours ce qui est juste. C'est à nous seul de discerner ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. Chacun doit se faire sa propre conception de la justice. De ce fait, on peut donc en conclure que la notion de justice est quelque chose d'individuel et qu'il n'existe donc pas de justice universelle. L’État ne peut donc pas définir ce qui est juste pour chacun d'entre nous.
Hannah Arendt traite de ce sujet dans son livre La désobéissance civile. Elle montre dans ce texte que désobéir à la loi n'est pas nécessairement synonyme d'injustice. Selon Arendt, contrairement au délinquant, le désobéissant déjoue la loi sans user de la violence et non pour un groupe mais pour lui-même. Le désobéissant ne refuse pas la loi, il la remet en cause et se pose des questions sur sa moralité. Il ne se cache pas et conteste cette loi à visage découvert afin de montrer qu'il n'est justement pas un délinquant. Son but est tout simplement de faire entendre sa voix contre cette loi et d'essayer de la faire modifier. Hannah Arendt écrit « Celui qui fait acte de désobéissance civile, tout en étant généralement en désaccord avec une majorité, agit au nom et en faveur d’un groupe particulier. Il lance un défi aux lois et à l’autorité établie à partir d’un désaccord fondamental, et non parce qu’il entend personnellement bénéficier d’un passe- droit. ». Ainsi, si l’État ne vise pas le bien commun, c'est-à-dire le bien pour tous, alors la désobéissance paraît légitime. Si une personne ne se pose aucune question face aux lois, elle peut, par obéissance à la loi, se rendre coupable d'injustice. Arendt nous explique donc dans ce texte que la morale est supérieure à la loi qui peut être injuste. Nous avons donc ici la preuve que l’État ne définit pas toujours des lois justes. Prenons l'exemple de l'abolition de la peine de mort en France en 1981. Du fait de la volonté du peuple de son abolition, Mitterrand décide de franchir le cap de supprimer cette loi qui paraît aujourd'hui à nos yeux une loi d'autant plus injuste. La loi a donc évolué avec le temps en fonction de la remise en cause des lois par le peuple et la société. Ce fut aussi le cas pour l’abolition de l'esclavage en France en 1848. Ainsi les lois définit par l’État sont justes si elles peuvent être remises en cause par la société. L’État est-il donc toujours juste ?
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