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Cours sur la liberté

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Par   •  3 Mai 2021  •  Cours  •  3 932 Mots (16 Pages)  •  543 Vues

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La Liberté

Introduction : nous accordons beaucoup d’importance à la liberté. C’est peut-être la valeur suprême de l’Homme moderne, au point qu’on pourrait se battre pour la défendre. Mais cela n’implique pas que nous en ayons une idée claire. En quoi consiste la liberté ? Que veut dire être libre ?

  • Si on pose la question à un passant il nous répondra « pouvoir faire ce que l’on veut ».

Cela à l’air simple, évident mais ça ne l’est pas. En effet, il y a là deux aspects qu’il faut éclaircir. D’un côté pouvoir faire et de l’autre ce que l’on veut.

  1. Pouvoir faire : le faire c’est le domaine du geste ou du mouvement. Si je peux faire, c’est que mon mouvement ne subit pas de contrainte et ne rencontre pas d’obstacles et cela concerne mon corps. C’est le domaine physique.

Exemple :

  • En sciences on parle de chute libre et par définition elle ne peut avoir lieu que dans le vide. Prenons une pierre qui tombe en chute libre. Son mouvement est libre mais dirions-nous que la pierre est libre ?
  • Non. Donc nous avons défini ce que l’on nomme la liberté de mouvement mais cela ne suffit pas à cerner ce qu’est la liberté complète.

  1. Pouvoir vouloir : la volonté ce serait la faculté de s’engager de soi même dans un mouvement. Ainsi, on dit qu’un geste réflexe est involontaire. Ce qui est volontaire c’est ce à quoi je me détermine et non pas ce à quoi je suis déterminé. Je suis actif et non pas passif. C’est le résultat d’un choix. La pierre ne choisit pas son mouvement, elle le subit. Elle n’a pas de volonté. Donc, en plus de la liberté de mouvement il y aurait la liberté de volonté. C’est-à-dire la capacité pour un être d’élire ses mouvements.

Il y a alors quatre combinaisons possibles :

  • Ni A ni B : les montagnes, immeubles...
  • A sans B : tous les objets libres (qui ne sont pas fixés), les plantes (mouvement de croissance). Si on suppose que les animaux sont guidés par leur instinct, c’est-à-dire par des conduites stéréotypées et innées, provoquées par des circonstances particulières alors l’animal sauvage possède la liberté de mouvement mais pas la liberté de volonté. Il subit son mouvement. Ce n’est pas tout le temps le cas, mais peut-être le plus souvent.
  • B sans A : Le prisonnier, l’esclave.
  • A et B : c’est le cas de celui qu’on nomme homme-libre. Si la notion de liberté de mouvement est assez claire, en revanche, celle de liberté de volonté l’est beaucoup moins. Donc, si nous voulons cerner ce qu’est un homme-libre, nous devons nous pencher sur les conditions qui font qu’une volonté est libre et c’est l’objet de ce cours.

I) Les passions

On distingue deux sens pour le mot passion : le sens contemporain et le sens classique (le premier est une façon très affaiblie du second). Au sens contemporain, une passion c’est un centre d’intérêt : par exemple pour le mot anglais, un hobbie. Mais, ce qui nous intéresse, c’est le sens classique. Pour le retrouver, on peut partir de ce que l’on nomme la Passion du Christ. On désigne par là les derniers moments de la vie de Jésus. Cela comporte le calvaire : porter sa croix sur le chemin qui monte en haut du Golgotha, l’épisode de la couronne d’épines, la crucifixion. Il faut comprendre que la passion c’est donc un état dans lequel on subit, on supporte, on souffre. Si on prend la famille étymologique, le verbe correspondant c’est pâtir (subir, souffrir), son verbe dérivé est : compatir. Celui qui pâtit c’est celui le patient. Par exemple, chez le dentiste, je suis le patient et il est l’agent car il agit. On a le couple pâtir/agir et donc le couple passion/action. Dans la passion, quelque chose subit quelque chose. En ce sens, on pourrait dire que pour le corps, la maladie est une passion. Cependant, quand on parle des passions, on ne parle pas des passions du corps mais des passions de l’âme. On désigne par là des sentiments souvent violents qui nous envahissent et nous dominent au point que nous ne sommes plus maîtres de nous-même, cela nous emporte. Par exemple, la colère, la haine, l’amour fou, la jalousie, l’envie, la tristesse… Lorsque nous sommes dominés par de tels sentiments, cela nous impose des gestes, des comportements dont on ne peut pas dire que nous les avons décidés. Dans ce cas, la volonté n’est pas libre, elle subit la passion comme la pierre subit la gravité. C’est pourquoi, Leibniz nous dit que la passion c’est une contrainte interne qu’il nomme esclavage d’esprit. Mais alors quand est ce que la volonté est libre ?

Elle n’est libre que s’il y a choix, ce qui implique la délibération : peser le pour et le contre. Or, la faculté de délibérer c’est la faculté de connaître, de calculer et donc d’élire.

Conséquences : C’est seulement dans et par l’exercice de la raison que le choix devient possible et donc qu’il y a une liberté. On nomme cela le libre arbitre et il est réel quand la raison peut s’exercer sans obstacles.

Remarque : Arbitrer, cela veut bien dire élire après examen. Pour conclure, nous savons bien que lorsque les passions parlent, la raison a du mal à se faire entendre.

II) Le déterminisme

C’est une conception de l’univers dominante dans les sciences de la nature selon tout ce qui arrive découle mécaniquement des lois strictes de ce qui a découlé. Tout n’est que cause et effet. L’univers est donc comme un jeu de billard. Si à un instant t, les boules ont telles positions et telles mouvements, alors, tout ce qui va suivre est prédéterminé et donc prévisible par les sciences. Laplace nous dit que s’il y avait un être d’une intelligence infinie, et s’il avait connaissance de l’état de toutes les choses dans tout l’univers à un instant t. Alors, dans le même temps, il aurait connaissance de l’état des choses. Non seulement à t+1 mais jusqu’à t+l’infini. Mais aussi, à t-1, jusqu’à t-l’infini. Mais alors, une telle conception, une boule libre décide de son mouvement mais dans le déterminisme, tous les êtres subissent leurs mouvements puisque c’est le résultat des mouvements précédents. Une boule libre devrait initier son mouvement, ce qui implique une création à partir de rien. Dans le déterminisme, cela est inconcevable. La question est donc, quel genre de boule est l’humain ? Echappe-t-il au déterminisme ? Si oui, la liberté est réelle quand on parle du libre-arbitre sinon c’est une illusion : nous croyons nous mouvoir alors que nous sommes mus.

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