De la Guerre Froide à de nouvelles conflictualités

DE LA GUERRE FROIDE A DE NOUVELLES CONFLICTUALITES

L’alliance internationale qui a permis de vaincre l’Allemagne nazie montre ses limites dès l’immédiat après-guerre. Des tensions apparaissent entre l’URSS de Staline et les États-Unis de Truman. Ainsi, à peine sorti de la guerre, le monde se trouve-t-il sous la menace d’un nouveau conflit opposant les deux superpuissances. Winston Churchill, ancien premier ministre britannique, parle de « rideau de fer » pour qualifier la division politique et idéologique qui déchire l’Europe puis le monde entier dès la fin de l’année 1945.

L’on en vient ainsi à s’interroger sur les caractéristiques de la Guerre froide qui s’étend jusqu’en 1989, ainsi que sur les recompositions internationales et les nouveaux types de conflictualités qui sont issus de l’effondrement du bloc communiste.

1. LA GUERRE FROIDE, CONFLIT IDEOLOGIQUE, CONFLIT DE PUISSANCES

La guerre froide est un terme popularisé par W. Lippmann, journaliste américain, en 1947. Il désigne l’affrontement, par alliés interposés et sur fond de dissuasion nucléaire, des Etats-Unis et de l’URSS dans tous les domaines de 1947 à 1991 à l’échelle mondiale. Cet affrontement est fondé sur une opposition idéologique et stratégique entre d’une part le bloc occidental organisé autour des Etats-Unis et leur modèle fondé sur la démocratie libérale et le capitalisme libéral, et d’autre part le bloc communiste organisé autour de l’URSS et son modèle fondé sur la démocratie populaire et l’économie socialiste planifiée.

1.         LA MISE EN PLACE D’UN MONDE BIPOLAIRE.

• URSS – EU : vainqueurs GM2
• Doctrine Truman : Containment
• Plan Marshall
• Deux modèles opposés.

1. BERLIN : SYMBOLE DE CETTE BIPOLARISATION DU MONDE.

Berlin est prise par l’Armée Rouge le 2 mai 1945. Le sort de la capitale du Reich ainsi que celui de l’Allemagne, ont été discutés lors de la conférence de Yalta en février 1945, puis définitivement scellés lors de la conférence de Potsdam en juillet 1945. L’Allemagne est divisée en 4 zones d’occupation (soviétique, étatsunienne, britannique et française). Berlin se trouve au cœur de la zone soviétique, mais avec un statut spécial : elle est divisée en 4 secteurs d’occupation.

Les Occidentaux craignent que l’Allemagne ne tombe sous l’influence soviétique qui s’étend peu à peu sur l’Europe de l’Est. Le fossé se creuse entre la zone soviétique dominée par des hommes aux ordres de Staline, et les 3 zones de l’Ouest où le modèle libéral est encouragé. Les tensions sont vives à Berlin où les secteurs occidentaux constituent une enclave au sein de la zone soviétique.

L’Allemagne et Berlin deviennent les révélateurs de la guerre froide. Au plan mondial, la rupture est consommée en 1947. Truman énonce la doctrine défendue par les États-Unis ; Jdanov, lui répond au nom de Staline et de l’URSS. En 1948, les 3 zones occidentales fusionnent en vue de se transformer en un État : la division de l’Allemagne est en passe de devenir une réalité.

Les Soviétiques répliquent à l’initiative occidentale en juin 1948, en organisant le blocus de Berlin-Ouest : toutes les voies terrestres d’accès à cette partie de la ville sont bouclées. Par cette épreuve de force, Staline veut tester la détermination des Occidentaux et obtenir l’intégration de Berlin-Ouest dans la zone soviétique. Truman répond et décide de ravitailler Berlin-Ouest et ses 2,5 millions d’habitants par les airs. Un immense pont aérien est organisé : 2,3 millions de tonnes de charbon et de nourriture sont acheminés aux Berlinois isolés. N’osant pas abattre les avions de peur du déclenchement d’une guerre directe, Staline fait lever le blocus en mai 1949.

Cette crise accélère la séparation de l’Allemagne en deux États. La RFA (République Fédérale d’Allemagne, État d’Allemagne de l’Ouest formé par la fusion des 3 zones occidentales) est créée en mai 1949 et intègre le Bloc de l’Ouest constitué autour des États-Unis. La RDA (République Démocratique allemande formée à partir de la zone d’occupation soviétique) naît en octobre 1949 et intègre le Bloc de l’Est emmené par l’URSS. C’est une démocratie populaire (régime communiste installé dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale).

Mais le contraste entre Berlin-Ouest, prospère, et Berlin-Est, austère, devient de plus en plus frappant. Un îlot capitaliste se développe au milieu d’un État communiste. De plus, la répression s’abat sur tout mouvement de contestation dans Berlin-Est. Ainsi, entre 1949 et 1961, 3 millions de personnes fuient la RDA en passant par Berlin-Est pour entrer dans Berlin-Ouest et atteindre le monde occidental. Cette situation est intolérable pour les dirigeants de la RDA et pour Moscou.

Khrouchtchev, le nouveau dirigeant de l’URSS, exige que Berlin-Ouest soit rattaché à la RDA. Devant le refus du président étatsunien, il décide de bloquer tous les passages entre les deux parties de la ville par la construction d’un mur de séparation, durant le mois d’août 1961. « Rempart antifasciste » pour les Communistes, il est le « Mur de la honte » pour les Occidentaux. Kennedy se rend en personne à Berlin-Ouest en 1963 pour y affirmer la solidarité du « monde libre » à travers un discours resté célèbre du fait de ces mots de solidarité « Ich bin ein Berliner ».

La Détente (phase de la guerre froide, qui s’étend de 1962 à 1975 ; elle est caractérisée par une volonté  de dialogue et de compromis entre les deux Grands afin de limiter les risques d’affrontement et d’utilisation de l’arme nucléaire) permet un apaisement de la situation à Berlin. Les quatre puissances occupant la ville signent même en 1971 un accord quadripartite en vue de faciliter la vie des Berlinois. Le mur s’installe dans la vie des Allemands…

Mais en 1989, Gorbatchev, le nouveau dirigeant de l’URSS (il est arrivé au pouvoir en 1985), affirme qu’il n’interviendra plus dans les affaires des démocraties populaires d’Europe de l’Est. Tandis que de puissants mouvements se lèvent en Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie, les manifestations contre le régime communiste se multiplient en RDA et dans Berlin-même. Le 9 novembre 1989, dans Berlin-Est, des manifestants entament la destruction du Mur alors que les gardes-frontières rouvrent la frontière avec Berlin-Ouest et la RFA. Cet événement symbolise la fin de la guerre froide et annonce la réunification des deux Allemagnes.

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