Lecture linéaire "une charogne"
Commentaire d'oeuvre : Lecture linéaire "une charogne". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar max66776 • 19 Avril 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 088 Mots (5 Pages) • 696 Vues
« Une charogne »
Poème extrait de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du Mal, « Une Charogne » décrit la promenade d’un couple interrompue par une vision d’horreur : l’apparition d’un cadavre en décomposition. Ici c’est la charogne et non la femme aimée qui se place au centre du poème.
Problématiques possibles:
♦ En quoi ce poème peut-il être une mise en abyme de la création poétique ?
♦ Quels sont les enjeux de la description de la charogne ?
♦ Commenter la comparaison entre la charogne et la femme. Que peut-on en déduire ?
♦ Analyser la progression du récit dans le poème
Annonce du plan :
Derrière l’ironie de Baudelaire dans le mélange du Beau et du Laid (I) et dans le détournement d’une scène amoureuse traditionnelle (II), se cache une réflexion sur l’Art et la Poésie (III).
I – Le mélange du Beau et du Laid
A – « Le beau dans l’horrible » : l’inversion des valeurs
« Une charogne » est sans doute l’un des poèmes les plus provocants de Baudelaire.
Celui-ci renverse l’idéalisation généralement attribuée à la femme ou à la nature en la rattachant à la figure de la charogne.
Il propose ainsi un mélange du Beau et du Laid, inversant leurs valeurs traditionnelles.
La charogne est présentée dans un décor bucolique, idyllique (« au détour d’un sentier », v. 3 et « Le soleil rayonnait », v. 9), qui contraste avec l’immonde cadavre (« charogne infâme », v. 3 ; « pourriture », v. 9 ou « puanteur », v. 15).
Les deux réalités antithétiques cohabitent dans l’oxymore : « carcasse superbe » (v. 13).
L’apparition de la charogne se présente également comme un spectacle qui s’offre aux yeux du monde : « Et le ciel regardait » (v. 13).
Cette vision s’accompagne d’un lexique mélioratif et hyperbolique :
« beau matin d’été si doux » (v. 2), « plein » (v. 8), « au centuple » et « la grande Nature » (v. 11), « superbe » (v. 13), « si forte » (v. 15).
Le poète va jusqu’à comparer la charogne à une fleur : « Comme une fleur s’épanouir » (v.14). Il démontre ainsi qu’on peut extraire la beauté du mal.
B – La comparaison entre la charogne et la femme : un érotisme macabre
La charogne est personnifiée par Baudelaire à travers une comparaison avec la femme à la deuxième strophe : « Les jambes » et « comme une femme » (v. 5), « Son ventre » (v. 8).
Cette comparaison s’accompagne d’allusions à forte connotation sexuelle : « Les jambes en l’air », « lubrique » (v. 5), « Brûlante et suant » (v. 6).
Les « exhalaisons » (v. 8) peuvent se rapporter au parfum de la femme devenu ici « puanteur » (v. 15).
A travers cette comparaison à l’érotisme macabre, Baudelaire conjugue à nouveau deux forces opposées : Éros (le désir) et Thanatos (la mort). On retrouve aussi cette fusion dans l’expression « vous mangera de baisers » (v. 46) dans laquelle transparaît l’ironie du poète.
Baudelaire va jusqu’à identifier la femme avec la charogne, à travers un champ lexical de l’identification : « serez semblable » (v. 37), « telle vous serez » (v.41).
Au lieu d’idéaliser la femme comme le veut la tradition poétique, Baudelaire met en évidence la réalité funeste qui attend la beauté de la femme : « Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses, /Moisir parmi les ossements » (vers 43-44).
II – Le détournement d’une scène amoureuse traditionnelle
A – Le détournement des « clichés » romantiques
Pour détourner la célébration de la femme aimée, Baudelaire emprunte des expressions romantiques et élogieuses typiques de la poésie traditionnelle, telles que : « mon âme » (v. 1), « Etoile de mes yeux » et « soleil de ma nature » (v. 39), ou « mon ange et ma passion » (v. 40).
L’interpellation de l’objet aimé à travers le vocatif et l’apostrophe (« Rappelez-vous », v. 1 ; « ô la reine des grâces », « Vous, mon ange », « Oui ! telle vous serez », v. 40-41, « ô ma beauté », v. 45) apporte également une tonalité lyrique au poème.
Mais en faisant rimer « âme » avec « infâme » (vers 1 et 3), « nature » avec « ordure » (vers 37 et 39) et « passion » avec « infection » (vers
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