Lecture Analytique "Des Cannibales" de Montaigne

Lecture Analytique « Des Cannibales » de Montaigne

        À travers son texte « Des Cannibales », extrait du livre Les Essais publié en 1595, Michel de Montaigne évoque son ressenti au sujet de la barbarie des cannibales montré par les Européens. En effet, ayant accompagné l'armée royale à Rouen en 1562, il en a rencontré quelques uns provenant du Brésil. Il est également un auteur humaniste du XVIe siècle.

Contrairement à beaucoup d'Européens, qui les considèrent comme des barbares, Montaigne défend les cannibales en montrant du doigt les Portugais (et les Européens) qu'il trouve correspondent beaucoup plus à la définition de barbares que les cannibales.

De ce fait, en quoi les Européens, notamment les Portugais, sont-t-ils montrés plus barbares dans ce texte que les cannibales ?

Nous verrons dans un premier temps en quoi les cannibales ne sont pas des barbares et quels procédés Montaigne utilise pour que notre avis aille dans ce sens. Enfin, dans un deuxième temps, nous allons expliquer en quoi il critique la société européenne de l'époque qui se montrerai plus barbares que les sauvages.

I. Des cannibales, pas des barbares

justification de la violence et du cannibalisme entre les sauvages

        - Les sauvages ont l'habitude d'être violent entre eux, c'est dans leur culture : « leurs combats ne se finissent jamais que par meurtre et effusion de sang » (l. 4-5), les cannibales n'ont pas de pitié envers les ennemis, mais les ennemies n'en n'ont pas pour eux aussi. De plus, ils combattent avec peu de matériels (vêtements, armes) « ils vont tous nus, n'ayant d'autres armes que des arcs ou des épées de bois » (l. 2-3), ce qui rend les combats plus sauvages et plus inexpérimentés.

        - Le cannibalisme est un rituel pour les sauvages. En effet, « celui qui [est le maître du prisonnier] fait une grande assemblée des gens de sa connaissance » (l. 8-9). Cela révèle d'un degré de civilisation. De plus, manger les autres n'est pas juste pour manger, mais c'est symbolique « c'est pour manifester une extrême vengeance » (l. 15).

stratégies argumentatives de Montaigne

        - Montaigne utilise la persuasion comme stratégie argumentative. En effet, il fait appel aux sentiments du lecteur pour les persuader. Il utilise une métaphore filée pour comparer les guerres de religion au cannibalisme des sauvages, en accentuant bien sûr ce celui-ci. Le lecteur est donc indigné et va pencher vers l'avis de Montaigne.

        - Utilisation de l'argument d'autorité, ici Chrysippe et Zénon, fondateurs de l'école stoïcienne, et philosophes que Montaigne admire. Ceux-ci pensaient que le cannibalisme n'était pas interdit et « qu'il n'y avait aucun mal à se servir de [sa] charogne et même d'en tirer de la nourriture » (l. 32 à 34). Si ces hommes pensent ainsi, alors il n'y a pas de mal au cannibalisme et ceux qui en pratique ne devraient pas être considérés comme des barbares.

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