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« La bicyclette », Retour au calme (1989), Jacques Réda

Commentaire de texte : « La bicyclette », Retour au calme (1989), Jacques Réda. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 642 Mots (7 Pages)  •  1 514 Vues

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« La bicyclette », Retour au calme (1989), Jacques Réda

Eléments pour l’introduction

L’auteur : Jacques Réda  

- Né en 1929, révélé dans les années 70

- Il dirige à Paris la Nouvelle Revue Français en 1987

- Il a un goût prononcé pour la flânerie qui le conduit sur son vélomoteur à travers la ville et ses banlieues

L’œuvre :

- Le recueil Retour au calme marque le retour d’une poésie en vers qu’il avait abandonnée pendant un moment.

Le poème :  

  • La forme : 21 vers assonancés dont 20 de 14 syllabes prononcées et un alexandrin (vers 7)
  • Le fond : une bicyclette, rencontrée au hasard d’une déambulation, retient le regard du passant et se métamorphose sous la plume du poète.

La problématique : Comment ma métamorphose de la bicyclette s’opère-t-elle ?

Les mouvements du texte :

  • Du vers 1 au vers  6 : la lente arrivée de la bicyclette.
  • Du vers 7 au vers 14 : la métamorphose en oiseau.
  • Du vers 15 à la fin : l’envol et l’apothéose.

Premier mouvement : la lente arrivée de la bicyclette.

▪ Vers 1 à 2 : le participe présent « Passant » qui introduit le poème suggère une lenteur reprise par l’assonance en nasale « an » présente sur les vers 1, 2 et 3. (rimes internes qui allongent le vers de 14 syllabes. A noter que cette assonance traverse tout le poème.

Les CCL et CCT « dans la rue », « un dimanche à six heures » et « au bout d’un corridor fermé » = mise en place d’un décor ordinaire mais que la lumière du coucher de soleil va transformer.

▪Vers 3 et 4 : l’expression métaphorique « « un torrent de soleil qui roule » signale l’arrivée surprenante (extraordinaire ?) de la bicyclette, annoncée par l’adverbe de temps « soudain », fortement mis en valeur, entre deux virgules, en finale du vers 1. Ici Réda, comme à son habitude, joue avec les mots. Le verbe « roule » évoque en effet tout aussi bien la bicyclette, dans son sens propre, que le torrent, dans son sens figuré.

▪Vers 5 et 6 : nouvelles métaphores « éclats palpitants » et  « des gouttes d’or  en suspens ») qui confirment la double dimension méliorative et vivante (image d’un cœur qui palpite).

Tout cela est amplifié par le champ lexical de la lumière (vers 3, 5 et 6).

Réda continue de jouer avec les mots : les « rayons » peuvent aussi bien être ceux d’un « vélo » que ceux du soleil = jeu sur la polysémie du terme (polysémie : caractère d’un mot qui possède plusieurs sens).

Le CCL « au milieu du pavage » confirme, quant à lui, le contraste entre l’ordinaire et l’extraordinaire introduit par la lumière (la lumière = le soleil = le dieu Apollon = également le dieu de la poésie)

L’entrée en scène du vélo alors se fait de manière solaire, extraordinaire, le poète le sort de sa banalité.

Deuxième mouvement : la métamorphose en oiseau.

▪Vers 7 : tournure présentative « C’est » + article indéfini « un » = introduction banale de la description du vélo.

Cette banalité est soulignée par la platitude des verbes « c’est et « il a »

MAIS le terme ordinaire lui-même de « vélo » est encadré par deux adjectifs très fortement mélioratifs (« grand » et « parfaites ».

L’apparition de la couleur noire va alors faire ressortir le vélo dans la lumière, par effet de contraste.

Le terme de « proportions » que vient qualifier l’adjectif « parfaites » fait penser à l’art (architecture, sculpture, peinture) et notamment au fameux « nombre d’or (appelé aussi « section dorée » ou « divine proportion »), apparu dans l’Antiquité et que suivaient alors les artistes pour que leurs œuvres atteignent  la perfection divine (exemple : le temple du Parthénon sur l’Acropole d’Athènes).

En outre, le vers 7 est le seul alexandrin du poème, avec césure à l’hémistiche. Réda souligne ainsi la beauté de la bicyclette avec des termes mélioratifs et le rythme parfait de l’alexandrin, considéré dans la poésie classique du XVIIème siècle comme le vers noble par excellence.

▪Vers 8 : commence la métamorphose avec la comparaison « Il a la grâce d’une bête »

▪Vers 9 : la métaphore « « c’est un oiseau », qui fait écho avec « C’est un grand vélo » du vers 7 (il y a ici un encadrement de la présentation du vélo), achève la métamorphose en oiseau. L’oiseau est   ici choisi en tant que symbole de la légèreté, de la « grâce » (v. 8), de la poésie aussi, du poète (cf. « L’Albatros » de Baudelaire ) et de son inspiration.

L’oxymore « En éveil dans sa fixité calme » confirme la dimension animale  (posture du guet ou de l’animal prêt à bondir, à s’envoler) et exceptionnelle, en créant une image surprenante, qui sort l’ordinaire de sa banalité.

▪Vers 10 : l’adjectif « vide » et le nom « silence » donnent à l’évocation un aspect irréel, presque fantastique.

▪Vers 11 : Après la lumière, surgissement de la couleur avec l’alliance de mots (procédé qui consiste à associer deux termes qui n’ont rien à voir ensemble, comme « le vent bleu » d’Aragon ». Le procédé est très souvent utilisé par les poètes surréalistes)  « feu vert ». La lumière et l’élément liquide continuent d’être confondus avec l’image « déverser à flots ce feu vert et doré ».

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