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Explication linéaire de la scène du renoncement La Princesse de Clèves, Lafayette

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Par   •  26 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 506 Mots (7 Pages)  •  7 281 Vues

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Situation :

L’aveu de Madame de Clèves à son mari a mis en branle un engrenage fatal, qui a provoqué la mort de Monsieur de Clèves. Grâce à l’entremise du vidame de Chartres, monsieur de Nemours réussit à voir la princesse qui s’est retirée de la Cour. Pour la première fois, les deux héros dialoguent en tête-à-tête. Cette scène est en même temps une scène d’aveu (« Madame de Clèves céda pour la première fois au penchant qu’elle avait pour monsieur de Nemours, et le regardant avec des yeux pleins de douceur et de charmes » ; « Je vous avoue que vous m’avez inspiré des sentiments qui m’étaient inconnus devant que de vous avoir vu ») et une scène d’adieu (« Car, enfin, cet aveu n’aura point de suite, et je suivrai les règles austères que mon devoir m'impose. »). En effet, la princesse énonce dans plusieurs répliques les « raisons de [s]on devoir », les motifs de ne pas s’engager dans cette passion. Parmi celles-ci, elle allie devoir et culpabilité puisqu’elle se souvient que le duc est « la cause de la mort de monsieur de Clèves », dont elle se dit aussi coupable, et elle allègue en plus cette vertu en elle, qui plaît à Nemours.

Caractérisation :

Elle ajoute à cela une autre raison dans le passage que nous avons à expliquer dans lequel elle parle et le duc écoute surtout : la crainte de l’inconstance (l’infidélité) du duc ! Elle est certaine, en se mariant avec lui, d’avoir à revivre l’expérience douloureuse de la jalousie vécue lors de l’épisode de la lettre qu’elle pensait tombée de sa poche. La sagesse lui conseille de fuir la passion, de refuser les risques de cet amour pour rechercher le repos, la tranquillité. 

Découpage de l’extrait en plusieurs mouvements :

Premier mouvement : l. 1 à 9, un aveu qui dévoile la force de sa passion

Deuxième mouvement : lignes 9 à 20, une vision pessimiste de l’amour

Problématiques possibles :

Comment l’auteure montre-t-elle la tension entre amour et renoncement qui agite son héroïne  ?

Comment l’auteure parvient-elle à raconter dans le même passage un aveu amoureux et la fin d’une histoire ?

Premier mouvement : l. 1 à 9, un aveu qui dévoile la force de sa passion

D’emblée, l’utilisation des pronoms personnels « je » et « vous » montre qu’il s’agit d’une scène intime entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours. Le vocabulaire employé, « attachement » (l.1), « mes sentiments » (l. 2), « aimée » (l. 4), indique qu’il sera encore question ici d’amour

En effet, l’aveu des sentiments de la princesse et progressif. Après avoir exprimé son amour au duc, elle va plus loin en exposant ici des réticences liées à la force de sa passion. Elle considère cela comme un autre aveu puisqu’elle utilise le verbe « avouer » (l. 4) dans cette première phrase. Cela explique qu’elle ait honte de ce qu’elle va dire (relire l. 3) et qu’elle paraisse forcée pour rendre son argumentation efficace, tels que l’indiquent l’utilisation du verbe « laisser » (l.2) qui connote un relâchement du contrôle de ses émotions et celle du terme « liberté » antithèse à la bienséance qu’elle respecte habituellement. L’adjectif « seule » (relire l. 3-4) souligne explicitement l’exception de ces paroles d’amour, certes contrôlées, dans la conduite de la princesse. Elle annonce une mise à nu inédite en utilisant le lexique du dévoilement : « ne vous cacher aucun de mes sentiments » (l.2), « vous laisser voir » (l.2), « vous les faire paraître » (l. 4).

Ce qui la retient d’accepter l’union, désormais possible, avec Nemours n’est pas une crainte mais bien une « certitude » : le choix du terme est significatif. L’adverbe « certainement » (l. 12) y fera écho. Un jour, le duc ne l’aimera plus. Pour représenter la perte de cet amour, elle emploie un terme relevant du lexique pathétique, « horrible » (l. 5), accentué par l’adverbe intensif « si », et répète le terme « malheur » aux lignes 5 et 7. Cette conviction est si forte que les « raisons du devoir insurmontable » passent ici au second plan, exprimée dans une simple proposition subordonnée conjonctive, complément circonstanciel de concession (quand = même si). Elle exprime donc ici indirectement la force de ses propres sentiments, ainsi que leur caractère exceptionnel puisqu’ils seront, quant à eux, durables.

Dans la deuxième phrase de cette réplique (relire), la princesse semble avoir oublié son devoir et sa culpabilité envers Clèves puisqu’elle fait de la certitude de l’inconstance de Nemours le seul obstacle à leur bonheur. En effet, elle insiste d’abord sur leur liberté réciproque dans deux propositions complétives, « que vous êtes libre », « que je le suis » (l. 7), et souligne l’absence de reproches que l’on pourrait faire à tout deux, le terme « public » désignant ici la Cour qui juge des réputations. Toutefois, elle glisse ici l’adverbe « peut-être » et, quoi qu’il en soit, se garde bien d’utiliser le futur de l’indicatif et emploie plutôt le conditionnel. L’adverbe « ensemble » suivi du complément circonstanciel de temps « pour jamais », qui désignent implicitement le mariage, résonnent comme une antithèse avec ce qui précède, à la ligne 4, « la certitude de n’être plus aimée de vous ».

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