Baudelaire, Les Fleurs du mal, « À une passante ».
Commentaire de texte : Baudelaire, Les Fleurs du mal, « À une passante ».. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chamalote • 29 Juin 2022 • Commentaire de texte • 863 Mots (4 Pages) • 421 Vues
Baudelaire, Les Fleurs du mal, « À une passante ».
Le sonnet est construit sur un thème romanesque, celui d'une rencontre de hasard. Mais le thème est traité dans une tonalité typiquement baudelairienne: éblouissement esthétique de la beauté, attirance sensuelle d'une présence féminine, quête d'une nouvelle existence. idéalement heureuse et échec déchirant d'une relation qui laisse le poète tragiquement désemparé.
Problématique : en quoi cette scène de rencontre permet-elle de mettre en place un moment de beauté privilégié?
Structure:
Conformément à la structure du sonnet traditionnel, Baudelaire confère aux quatrains une unite thématique qu’il oppose à celle des tercets : on passe alors du récit de la rencontre à l’adresse à l’inconnue, allégorie de la beauté fugitive.
I/ une rencontre étrange, dans laquelle se mêlent univers réaliste et univers fantasmagorique (les deux quatrains).
Vers 1: un décor hostile:
-personnification de la rue, voire monstruosité, qui semble engloutir le poète.
-lexique de la cacophonie.
-décor bruyant et agressif : ouïe largement sollicitée : chiasme phonique/ allitérations en vibrantes et sifflantes.
Vers 2 à 5 : une apparition mystérieuse.
-si l’on adopte le langage cinématographique, on distingue plusieurs plans : plan d’ensemble (2), plan moyen (3), gros plan sur la main et la jambe.
-la femme est d’abord en mouvement (renforcé par la gradation rythmique au vers 2 et par le rythme binaire au vers 4), puis semble figée (5).
-effets d’attente : accumulation d’adjectifs et de noms qui précèdent le sujet.
-insistance sur la noblesse de l’inconnue : allégorie; rythme qui suggère l’élégance et la lenteur de la demarche
-Une femme qui semble hors du temps : figure altière de la douleur, elle semble s’imposer au poète comme la représentation d’une statue en mouvement.
-Une beauté idéale (silhouette élancée), qui incarne l’alliance des contraires : souplesse/immobilité, vie/mort.
Vers 6 à 8 : Fascination du poète.
-changement de focalisation : on passe de l’observé à l’observant.
-l’inconnue semble pétrifier le témoin (paralysie suggérée, extra semble projeter le poète vers un ailleurs).
-“Extravagant” au sens étymologique : “extra” : “hors de”; “vagant” : “errant”.
-Dans cet univers fantasmagorique, la femme, représentée de par la synecdoque de l’oeil, terrifie le poète (métaphore).
-L’inconnue provoque le double mouvement de fascination et de répulsion (parallelisme du vers 8).
-Femme duelle, incarnant la beauté et le mal (antithèse entre “germer” et “tuer”).
Deux univers se mêlent, relevant de la projection mentale du témoin qui assiste, impuissant, à l’apparition d’une femme évanescente, allégorie de la beauté idéale.
II – Adresse à l’inconnue, allégorie de la beauté fugitive (les deux tercets)
- l’éclosion de la beauté (vers 9) :
- Le vers 9 constitue la volta du sonnet, introduisant un glissement énonciatif (on passé du récit au discours = apostrophe et interrogation).
-l’antithèse (“Clair”, “nuit”) insiste sur le caractère fulgurant de l’expérience.
-Intensité de l’émotion suggéré.
-Opposition baudelairienne entre l’Idéal (“éclair” métaphore du coup de foudre) et le Spleen (“nuit” opère un retour à la réalité) : l’exclamation dramatise la deception du poète conscient de la perte de cet ideal entrevu le temps d’un court instant.
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