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Baudelaire, « À une passante »

Commentaire d'arrêt : Baudelaire, « À une passante ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Juin 2023  •  Commentaire d'arrêt  •  1 282 Mots (6 Pages)  •  216 Vues

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Commentaire composé 128. « À une passante »

Texte : Baudelaire, « À une passante »

Introduction :

- section « Tableaux parisiens » (édition de 1861) consacrée à la ville et aux rencontres qu’on

peut y faire : ici, celle d’une femme inconnue dont le poète tombe amoureux au premier

regard

- femme cette fois sans identité, une muse « de passage » très différente des 3 femmes

auxquelles Baudelaire a consacré des cycles dans la section « Spleen et Idéal»

- pourtant ce sonnet met une fois de plus face-à-face ces deux pôles (S & I)

Problématique :

Comment un topos du roman se transforme-t-il en une illustration de la modernité en poésie ?

[Étude de la forme :

- alexandrins

- rimes embrassées pour les quatrains mais différentes (ABBA / CDDC au lieu de ABBA / ABBA)

- disposition non traditionnelle des rimes des tercets : EFE / FGG (rimes croisées + rime suivie)

- en revanche respect de l’alternance masculine-féminine)]

A. Une scène romanesque sous une forme poétique

1. Un récit :

• schéma narratif :

- description initiale (situation initiale) → imparfait « hurlait »

- événement (élément déclencheur) → passé simple « passa »

• récit dont l’organisation épouse l’organisation traditionnelle du sonnet :

- quatrains forment une unité : la rencontre

- tercets en forment une autre : ses conséquences

2. Le cliché romanesque du coup de foudre :

• femme inconnue (« une femme») d’abord présentée à la 3ème personne (quatrains) puis

destinataire à la 2ème personne d’une déclaration d’amour qu’elle n’entendra pas (tercets) →

situation romanesque

• sonnet saisit l’instant fugace de la rencontre qui est résumée en un chiasme (figure du croisement)

au vers 13 :

« Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais » → parfaite symétrie 6/6 avec pause à l’hémistiche

• usage d’un procédé typiquement narratif pour faire surgir la rencontre : le suspense

cf v. 2 qui place les qualificatifs de la femme avant qu’on sache qui ils qualifient (créent une attente)

3. Le travail sur la phrase, les sonorités et le rythme :

• forme s’adapte parfaitement à l’événement raconté :

- présence d’un enjambement: la phrase débutée v. 2 s’achève dans le second quatrain (v. 5)

et suggère la marche et le rapprochement avec le poète (« Moi, je » v. 6)

- sonorités qui font du récit une expérience sensible :

cacophonie du 1er vers « La rue_assourdissante autour de moi_hurlait » (hiatus + allitération

en « r ») → on entend le bruit violent et insupportable de la ville

- rythme qui épouse la démarche régulière de la passante par un effet de balancement

« Une fem/me passa, / d’une main / fastueuse

Soulevant, / balançant / le feston / et l’ourlet »

→ 3/3/3/3 avec chaque syllabe finale accentuée

→ Baudelaire mêle à merveille le double-jeu de contraintes, narratives et poétiques, pour enrichir

le récit d’une dimension sensible qui donne à voir et à entendre la scène

B. La beauté de la femme

1. Une beauté artificielle :

• évocation du luxe par l’hypallage « d’une main fastueuse » (v. 3) [= luxueuse] qui suggère une

femme richement vêtue cf aussi « noble » v. 5

• démarche étudiée : « soulevant [...] le feston et l’ourlet » → ne pas salir sa robe

• assimilation de sa beauté à celle d’une œuvre d’artminérale : « avec sa jambe de statue » (v. 5)

→ femme qui contraste avec le lieu de la rencontre, œuvre d’art dans une foule vulgaire

2. Une beauté ambivalente :

• début du poème marqué par le vocabulaire mélioratif : « Longue, mince », « majestueuse»,

« fastueuse » qui est lié à la vision d’ensemble → beauté assez conventionnelle

• rapprochement amène à une vision de détail et aboutit à l’œil :

- qui semble déclencher une vision chez le poète : « son œil, ciel livide où germe l’ouragan »

(1ère métaphore associée à la femme, qui éloigne la vision du cadre banal où elle est née)

- qui dévoile des qualités plus troublantes liées à la violence :

« où germe l’ouragan », « tue »

→ qualités présentées comme désirables par le verbe « je buvais »

...

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