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Baudelaire, Hymne à la Beauté

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Par   •  17 Septembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 239 Mots (5 Pages)  •  511 Vues

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Hymne à la Beauté

La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par un bouleversement poétique avec le  déclin du romantisme laissant alors la place au symbolisme, mouvement littéraire dans lequel les poètes atteignent le vrai, le beau, par le jeu des analogies. Héritier des romantiques, Baudelaire ouvre une voie vers la poésie moderne et révolutionne ce genre avec son recueil Les Fleurs du Mal, publié en 1857 et aussitôt censuré. Pour échapper au Spleen le poète, dans Les Fleurs du Mal, recourt aux paradis artificiels, aux pratiques provisoires, mais surtout au rêve, au raffinement de certaines sensations qui lui permettent d'atteindre un monde idéal en renversant la laideur et voyant la beauté en toute chose. Le poème étudié, "hymne à la beauté", est constitué de 7 quatrains en alexandrin et prend place dans la section Spleen et Idéal du recueil. Dans le contexte de l'extrait étudié, le mot hymne prend le sens de chant, poème célébrant une personne ou une chose. En effet Baudelaire écrit un hymne à la beauté qu'il personnifie et interroge.

 (LECTUREEXPRESSIVE)

Nous nous demanderons alors comment cet hymne à la Beauté, en célébrant une allégorie ambivalente et mystérieuse, ouvre l'imagination à un univers infini ou le spleen côtoie l'idéal.

 Nous suivrons le mouvement du texte en commençant par présenter une beauté ambivalente, nous étudierons ensuite une fleur du mal et enfin une beauté qui dépasse le réel.

Ce poème permet tout d'abord de traduire toute l'ambivalence de la beauté. En effet, à travers le vocatif "O Beauté" nous comprenons que Baudelaire s'adresse directement à la beauté faisant delle la destinataire de cette poésie. Le lecteur semble intercepté un message qui ne lui est pas adressé. La beauté est rapprochée à une femme par une métaphore filée tout au long du poème («‹ tu répands des parfums », « été baisers"). Le poème s'ouvre sur une question qui interroge la Beauté sur son origine tout en créant un effet d'attente pour le lecteur. L'antithèse opposant « le ciel profond » pour le paradis et « abime » pour l’enfer, ainsi que la conjonction de coordination « ou » au vers 1 traduisent la nature ambiguë de la beauté. Ainsi, le poète se demande si la beauté est démoniaque ou divine. Les rapports antithétiques et les alexandrins construits sur l'équilibre 6/6 soulignent la dualité de la beauté aux yeux de Baudelaire : infernal/divin, bienfaits/crime. etc. La beauté est donc présentée comme bienfaitrice mais aussi malveillante. La conjonction de coordination « et » est utilisée à plusieurs reprises entre les antonymes permettant de montrer qu'ils sont indissociables. L'adverbe « confusément », complément circonstanciel de manière au vers trois, insiste sur la complexité et l'ambivalence de la Beauté, source de désordre…. Dans la 2eme strophe, la beauté éveille les sens à travers des synesthésies. On retrouve une correspondance horizontale par le mélange des perceptions avec la vue "ton œil*, l'odorat "des parfums", le touché "tes baisers ».Les métaphores qui rapprochent "tes baisers" à un "philtre » et  « ta bouche » a « une amorphe » montrent un renversement de qualités et Insistent une fois de plus sur la dualité de la Beauté en faisant référence a une potion qui peut être un poison ou un remède. La beauté brouille les pistes et subvertit les valeurs ; oxymores le héros lâche et I enfant courageux

Baudelaire représente la beauté comme une fleur du mal. Nous retrouvons au vers 9 la question originelle du tout début, en effet de reprise à travers les mêmes procédés : des périphrases pour désigner le paradis et l'enfer, des antithèse sort/descend et gouffre noir/astre. L'allégorie de Destin traduit le fait que la beauté préside à la destinée. L'adjectif charme désigne une emprise magique un envoutement Illustrant l’idée de Baudelaire qui dit que la poésie est une sorte de sorcellerie évocatrice. L'allégorie de la beauté est écrite en mouvement comme le montre les verbes d'action « marche » « danse ». Son parcours devient macabre avec le thème de la mort et prend une tournure nettement plus inquiétante avec « marche sur les morts », l'allégorie de l'horreur et du meurtre (14;15). Son caractère insolent est alors traduit par la proposition subordonnée relative "dont tu te moques" qui reprend les morts : elle tue sans se soucier. Le vers 14 rapproche horreur et meurtre à des bijoux faisant ainsi de la beauté une vraie fleur du mal. Cette idée est également montrée par l'oxymore "chères breloques" et l'adverbe "amoureusement » qui lie meurtre à l'amour. Dans ce poème, le poète se représente soumis à la beauté. L'artiste, comparé à l'éphémère est attiré par la beauté qui est-elle rapprochée à une chandelle. Les verbes « crépite », « flambe »et « dit » présentent une progression étrange car tout se passe comme si l'éphémère parlait après sa mort. On retrouve une métaphore rapprochant le papillon qui attiré par la flamme, brûle, aux poètes qui, attiré par la beauté, se consume aussi. « Bénissions ce flambeau ! » fait apparaître le discours direct et représente une attitude paradoxale de la part de l'esthète qui célèbre ce qui le tue. On peut alors penser au mythe d’Icare.

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