Baudelaire, La Beauté
Commentaire de texte : Baudelaire, La Beauté. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Eva Fillieres • 18 Mai 2021 • Commentaire de texte • 1 176 Mots (5 Pages) • 442 Vues
Eva Fillieres
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Baudelaire, La Beauté
Baudelaire, figure à la fois emblématique et singulière de la poésie du XIXème siècle puise son inspiration dans les grands motifs de l’esthétique romantique notamment dans l’idée que l’homme est incomplet, « une lyre à qui il manque des cordes », jouant sur tous les registres du lyrisme dans une vision volontiers désenchantée du monde. Inspiré par le culte du Beau et l’idéal de perfection formelle du Parnasse, il s’inspire des formes classiques tout en les renouvelant et en préfigurant l’univers symboliste : il s’attache à conférer à la poésie une fonction quasi sacrée et transcendante en en faisant un medium, un canal vers un monde invisible dont l’homme est séparé. Cette représentation du monde met en scène le poète écartelé entre le monde visible, perçu par les sens, domaine de l’angoisse, de la déréliction et du Spleen, et un monde invisible et idéal qu’il s’agit de rejoindre et de retrouver à l’aide du pouvoir de la parole poétique, d’où le titre antithétique de la première section des Fleurs du Mal : « Spleen et Idéal » qui évoque cette loi de la condition humaine. La beauté vient de la section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal. A travers ses paroles, Charles Baudelaire donne une image allégorique de la beauté qui insiste sur l'impassibilité, l'éloignement et l'incompréhension.
Mouvement 1 : Portrait de la beauté - Allégorie de la Beauté
Le poème commence par l’emploi du pronom possessif « je » (v1) qui créé une personnification de la beauté : « je suis belle » v1. La beauté est donc représentée sous la forme d’une allégorie. Aussi, l’emploi de l’adjectif féminin « belle » montre que Baudelaire visualise la Beauté telle une femme qui représenterait alors son idéal. En poursuivant notre lecture, la combinaison des substantifs « rêve » de « pierre » semble vouloir montrer que la beauté représente un mystère.
La présence du substantif « sein » au vers 2 semble renforcer cette personnification initiée par l’utilisation du pronom possessif « je » (v1) en y ajoutant une composante féminine. Néanmoins cette composante présente une qualification douloureuse mise en valeur par le verbe « meurtri » comme si ce « sein » caractérisant la beauté serait source de douleur pour toute personne qui s’y approcherait par l’utilisation du pronom indéfini « chacun ». De plus, le vers 3 montre que la beauté a un rôle de muse et est présente pour inspirer les artistes (« poètes) : « Est fait pour inspirer au poète un amour ». Ces éléments donnent un aspect inaccessible à cette beauté.
Donc, dans la phrase qui constitue le premier quatrain est présentée l’allégorie qu’est la Beauté, qui structure tout le sonnet, car il personnifie bien cette idée abstraite en faisant d’elle tout naturellement un être humain, évidemment une belle femme à laquelle il donne la parole, « Je » étant le premier mot du texte, où il revient à sept occasions (tandis qu’on trouve quatre adjectifs possessifs de la première personne du singulier
Mouvement 2 : Une beauté qui fascine par son inaccessibilité
Le groupe binaire “Éternel et muet” montre l’inaccessibilité de la Beauté, relation à sens unique, le poète regarde la Beauté mais elle l’ignore, “la Vénus au miroir” de Velasquez (ouverture) Beauté narcissique. Baudelaire semble vouloir montrer que cette beauté représente une source de fascination pour les poètes. En effet, il la présente comme étant une déesse avec l’expression « je trône dans l'azur » et sa comparaison avec le sphinx, animal connu pour sa force (férocité du corps du lion) ainsi que son intelligence, sa prudence et sa réflexion (représentées par la tête humaine) montre qu’il veut donner une image de perfection et de grandeur à cette beauté. La métaphore “Cœur de neige” semble montrer une pureté mais aussi une froideur. Au vers 6, la Beauté se vante de son insensibilité, l’oxymore « cœur de neige » signifiant bien la froideur mais aussi la fragilité des sentiments, tandis que «la blancheur des cygnes » est inquiétante, ces oiseaux, s’ils passent pour des modèles de pureté, étant bien connus aussi pour leur méchanceté. Mais, on observe à ce vers également un chiasme “j’unis un Cœur de neige à la blancheur des cygnes” sa pureté est immaculée, ce qui peut traduire un désir d’élévation Le vers 7 : « je hais le mouvement qui déplace les lignes » signifie les rides, marques du temps, qui ne plairaient pas à cette beauté car elles l’abimeraient. L’insensibilité de la beauté est encore répétée au vers 8 : « Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris », par le refus de l’émotion, de tout sentiment de tristesse ou de joie, toujours sur un ton péremptoire qui est renforcé par le parallélisme des deux membres de phrase, et par cette figure de style qui consiste à mettre une conjonction de coordination au début de chacun, alors qu'elle n'y est pas nécessaire (ce qu’on appelle polysyndète), qui donne un air solennel.
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