Ronsard, l'ode à Cassandre
Commentaire de texte : Ronsard, l'ode à Cassandre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fbx11657251 • 3 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 538 Mots (7 Pages) • 2 053 Vues
Ronsard, prince des poètes et poète des princes est un poète humaniste du 16ème siècle de la Renaissance notamment connu pour avoir formé en 1550 la Pléiade. Dans ses recueils de poèmes, Ronsard a cherché à sublimer les femmes qu’il a aimé dont les plus connues sont Marie Dupin, Hélène de Surgères et Cassandre Salvialti, rencontrée à une fête de la cour d’Henri II.
L’Ode à Cassandre est le 17ème poème du livre des Odes, un ouvrage de cinq tomes ayant pour but de rivaliser avec les formes les plus hautes du lyrisme grec. Directement adressé à Cassandre, le poète la compare à une rose et détourne le thème épicurien du Carpe Diem en évoquant le peu de temps qui lui reste avant la vieillesse.
Comment Ronsard délivre-t-il à Cassandre une leçon intéressée à travers son poème ?
Le poème est constitué de trois sizains d’octosyllabes. Les deux premiers forment un diptyque mettant en scène une rose au début et à la fin de sa vie. Le troisième sizain évoque la leçon que le poète veut donner à Cassandre en l’enjoignant à cueillir sa jeunesse.
Ainsi, à travers une mise en scène théâtrale de l’existence fragile et éphémère d’une rose, le poète délivre une leçon intéressée à Cassandre afin de la convaincre de profiter de sa jeunesse et de sa beauté en cédant à sa tentative de séduction.
I. Une mise en scène théâtrale
L’aspect théâtral est accentué par l’utilisation de la règle des trois unités du théâtre classique. L’unité de lieu est le jardin, celle de temps se déroule du lever du jour au coucher du soleil.
A. Un cadre romantique
Le contexte de cette saynète dramatisée est celui d’un cadre romantique mettant en scène le couple.
- Le couple est évoqué dès le premier vers à travers le verbe à l’impératif « allons » qui inclut le poète lui-même et Cassandre. Au vers 13, le poète est directement cité à travers le pronom « me ».
- la scène se déroule le soir, « cette vêprée » (vers 4) qui évoque un moment d’intimité. Le cadre de la scène où sont projetés les deux personnages est le jardin, le champ lexical utilisé est celui de la fleur : « rose » (v. 1), « nature » (v. 10), « fleur » (v. 11), « fleuronne » (v. 14), « verte » (v. 15), « cueillez » (v. 16). L’espace suggéré se situe en extérieur : « place » (v. 8). Les allitérations en « p » et « r » du vers 5 créent une harmonie de sons et évoquent un cadre bucolique.
- Lyrique : dans cette ode évoquant le sentiment amoureux, le lyrisme s’exprime à travers la métaphore de la rose et la comparaison entre la femme et la rose toutes deux resplendissantes au temps de leur jeunesse. Le registre lyrique apparaît dans la beauté de la fleur au moment où elle s’épanouit « qui ce maton avait déclose, sa robe de pourpre au soleil ».
B. Une invitation pressante
- L’invitation à se promener est faite dès le premier vers « allons voir si la rose » (v. 1). Ellen apparaît à travers un verbe à l’impératif qui appuie l’idée d’ascendance dans le rapport entre Ronsard et Cassandre, Ronsard se place en homme d’expérience insistant.
- Le ton du poème et injonctif. Les verbes à l’impératif structurent le texte dans les trois sizains : « allons » (v. 1), « voyez » (v. 7), « cueillez » (v. 16) répété deux fois. Le ton est pressant (impératifs, apostrophes), Ronsard apostrophe, interpelle Cassandre, use de répétitions, Mignone est répété à chaque sizain
- Ronsard incite Cassandre à se montrer attentive à ses paroles, au risque de perdre sa jeunesse et sa beauté.
- Rythme rapide : L’usage de mots à une ou deux syllabes crée un rythme rapide, cette impression est accentuée par la métrique en octosyllabique qui sont des vers courts. De plus, le passage du temps s’accélère dans le poème. Dans le deuxième sizain, « que du matin jusques au soir » (v. 12), le rapprochement dans le même vers du matin et du soir crée une rapidité d’effet a travers le rapprochement du matin et du soir.
- En tant que poète de la Renaissance, Ronsard accorde une importance particulière à l’esthétisme. Ainsi, la dimension visuelle est très présente dans le poème à travers la métaphore filée de la fleur. « Sa robe de pourpre au soleil » (v. 3), renvoie à la fois à l’enveloppe de la fleur et au vêtement féminin. En jouant de la polysémie du mot rose, il nous fait imaginer la silhouette de Cassandre.
C. Une saynète dramatisée
- Le poème se présente comme une saynète en trois actes où se déroule un drame. Les deux premiers sizains forment un diptyque où la rose, resplendissante au matin est morte au soir. Les personnages sont le poète, Ronsard, sa muse, Cassandre et la rose, comme un double de Cassandre et le symbole de son destin.
- La rose et la nature sont les actrices principales du drame. De la même manière qu’au théâtre, les personnages font avancer l’intrigue, dans l’Ode à Cassandre, c’est d’une part la mort de la fleur, évoquée sous la forme d’un euphémisme puisqu’elle ne se dépouille qu’en une seule journée, et d’autre part le personnage de la Nature dépeinte comme cruelle « Ô vraiment marâtre nature » (v. 10)
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