Peut-on dire que, dans Les Fausses Confidences de Marivaux, l’amour triomphe grâce au mensonge ?
Dissertation : Peut-on dire que, dans Les Fausses Confidences de Marivaux, l’amour triomphe grâce au mensonge ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Emci • 19 Mars 2021 • Dissertation • 1 591 Mots (7 Pages) • 10 573 Vues
Sujet : Peut-on dire que, dans Les Fausses Confidences de Marivaux, l’amour triomphe grâce au mensonge ?
Les Fausses Confidences de Marivaux est une comédie en trois actes représentée pour la première fois en 1737. Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux est un dramaturge français du XVIIIème siècle qui a principalement écrit des comédies. Dans ses pièces, et notamment dans Les Fausses Confidences, il est souvent question d’amours légères, ce que l’on appellera plus tard le marivaudage. Ici, les sentiments et les tromperies s’entremêlent. Mais peut-on dire que l’amour triomphe grâce au mensonge ? D’abord, nous verrons que la manipulation aide à révéler les sentiments amoureux. Ensuite, nous nous demanderons si ce sont vraiment les mensonges qui font triompher l’amour.
Comme l’indique le titre de la pièce, les personnages utilisent le mensonge dans Les Fausses Confidences. Ces tromperies participent au triomphe de l’amour. Tout d’abord, Dubois n’hésite pas à manipuler les sentiments des autres personnages pour arriver à ses fins. Il utilise par exemple la raison et l’orgueil d’Araminte dans la deuxième scène de l’acte I et affirme lui-même son intention de la manipuler : « Je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est, on vous épousera, toute fière qu’on est », dit-il à Dorante. Dubois exprime clairement son objectif : il utilisera ses « talents » pour permettre à son ancien maître d’épouser Araminte. Par ailleurs, le valet exploite la jalousie d’Araminte espérant ainsi voir cette dernière se déclarer à Dorante. Ce stratagème aussi, il l’annonce à son ancien maître dans la même scène : « A propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. » Monsieur Rémy aide involontairement Dubois en décidant de l’union entre Marton et Dorante. Même si Araminte simule la frustration à la scène 12 de l’acte II lorsque Dubois lui annonce que le mariage entre Dorante et Marton n’est pas réel, elle parait jalouse. On peut penser qu’elle cherche à se rassurer en se répétant « Et point du tout, il n’est question de rien » (II, 2). Les sentiments qu’éprouve Marton servent aussi les intérêts de Dorante. Pensant qu’il va l’épouser, elle le vante auprès de sa maîtresse : « Vous ne sauriez mieux choisir » (I,6).
En outre, les paroles manipulatrices permettent de tromper les personnages pour servir la cause de l’amour. Tout en expliquant que Dorante est fou et en se positionnant contre lui, Dubois vante son ancien maître à la scène 14 de l’acte I : « Il n’y a pas de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. » Cette stratégie semble fonctionner : Araminte est « toute émue » de ce que lui dit Dubois. Ce dernier réutilise ce stratagème à plusieurs reprises. Ainsi, à la scène 12 de l’acte II, il invente une discussion avec Dorante pour insister sur la profondeur de la passion de ce dernier. A la scène 14 de l’acte I, il explique que son ancien maître a « un respect, une adoration, une humilité » pour Araminte « qui n’est pas concevable ». Cette fois encore, la maîtresse est attendrie par cette description. Le mensonge par omission de Dorante qui cache son amour est aussi exploité par Dubois. Quand Araminte affirme qu’elle ne peut pas se passer de Dorante comme intendant, Dubois la conforte dans l’idée de le garder en lui répliquant que « Oui, c’est un remède bien innocent ». Autrement dit, le silence de Dorante sur ses sentiments permet à la jeune veuve de garder sa réputation. Dubois fait donc croire qu’il s’inquiète des sentiments passionnés de Dorante, ce dernier fait croire qu’il est indifférent à Araminte qui, elle, profite de cette hypocrisie pour garder celui qu’elle aime en secret près d’elle d’où le pouvoir des fausses confidences.
Enfin, dans la pièce, des objets concrets sont importants et permettent de déclencher les révélations. On trouve d’abord le mystérieux portrait livré chez Araminte. Après de nombreux quiproquos, tous les personnages soupçonnent Dorante d’être amoureux. Araminte décide alors de « fabriquer » une autre fausse preuve : un billet. En effet, pour piéger son intendant, elle lui fait croire qu’elle aime le comte et fait rédiger un billet pour lui donner un rendez-vous. Cette ruse fonctionne et Dorante finit par avouer qu’il aime Araminte et qu’il a peint le portrait. Fin stratège, Dubois utilise à son tour, une lettre remise à Arlequin où Dorante parle « du plaisir de voir tous les jours celle [qu’il] adore ». La machination du valet fait éclater au grand jour l’amour de Dorante. Après avoir lu la lettre, Araminte congédie Dorante. Malgré tout, ce dernier fait une ultime tentative pour récupérer le portrait. C’est à ce moment qu’Araminte avoue enfin son amour. Les mensonges et les ruses ont donc conduit les personnages à se rapprocher et à accepter leurs sentiments.
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