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Marivaux, Les fausses Confidences, Acte III scène 12, extrait. (Araminte – Dorante) Lecture linéaire.

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Par   •  7 Décembre 2022  •  Cours  •  1 733 Mots (7 Pages)  •  617 Vues

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Marivaux, Les fausses Confidences, Acte III scène 12, extrait. (Araminte – Dorante) Lecture linéaire. * Introduction- Situation du passage : Madame Argante qui veut faire renvoyer Dorante récapitule devant le Comte et M.Rémy toutes les preuves de l’amour de Dorante pour Araminte. C’est alors que Marton arrive avec une lettre qu’elle donne à sa maitresse Araminte. Le spectateur sait en effet que Dubois a confié à Arlequin une lettre et s’est arrangé pour que Marton l’intercepte. Ainsi, cette fausse lettre lue publiquement confirme les sentiments pour Araminte de Dorante qui menace de s’exiler si sa passion est découverte. Celle-ci s’emporte ensuite contre tout le monde notamment Dubois qui revendique avoir donné la lettre à Marton. Dorante demande alors un entretien pour rendre compte de son travail avant son départ. Dans la scène 12, Araminte et Dorante se retrouvent seuls et vont se confronter.- Problématique : Comment la confrontation des personnages conduit-elle à un double aveu ?- Mouvements de l’extrait :- 1) Une séparation douloureuse (de « Il n’y a pas moyen » à « à ma douleur ! »)- 2)  L’aveu-surprise d’Araminte (de « Vous donner mon portrait » à « Dorante ») - 3)  Les aveux de Dorante (de « Je ne la mérite pas » à la fin) * Analyse de l’extrait. 1) Une séparation douloureuse (l.1 à l.10 « ma douleur »).- l’extrait commence par l’annonce par Araminte de la nécessité de leur séparation avec un ton assez froid et implacable qui rappelle la cruauté dont elle a fait preuve dans l’écriture de la fausse lettre (acte II scène 12)- phrase déclarative négative brève + verbe d’obligation « il faut » > ton péremptoire l.1- recours à l’asyndète : accumulation d’affirmations sans appel- présence du pronom indéfini « on » répété 2 fois qui généralise et qui pour spectateur rappelle scène 8 surtout- emploi du conditionnel « on croirait » qui renvoie à des rumeurs témoigne du souci de l’opinion d’autrui  par Araminte et du poids des convenances sociales pour la veuve- mise en avant par verbe « vous m’aimez » de la réalité des sentiments de Dorante et antithèse avec négation « je n’en suis pas fâchée » donc obéissance aux convenances- Dorante réagit avec un grand respect mais également un profond désarroi- ton respectueux marqué par apostrophe « madame » (l.3) alors qu’elle l’appelle « Dorante » (l.1), ce qui rappelle leur différence hiérarchique- emploi de tournures exclamatives (l.3, 5, 8) pour montrer son ton plaintif + interjection « Ah » l.10- champ lexical de la douleur : interjection « hélas », verbe « plaindre », hyperbole « tout perdu », « éloigné de vous», « douleur » + futur proche « je vais être » et futur « vous serez » marquant certitude de la séparation- insistance par Dorante sur la valeur qu’il accorde au portrait :- antithèse « j’avais un portrait » + négation partielle «je ne l’ai plus »- la négation sur le verbe « dédommager » est renforcée par antéposition du complément circonstanciel de temps « de longtemps » 1/4- hyperbole « bien cher » + conditionnel passé « aurait été » à valeur d’irréel pour montrer la perte subie- complément circonstanciel « entre vos mains » qui insiste sur l’intimité explique la valeur qu’il lui attribue + cela est renforcé aussi par asyndète entre les deux phrases : l.7 Le portrait est comme un symbole de leur relation ou au moins une consolation à l’absence- Araminte poursuit son jeu cruel en se montrant insensible à la douleur de Dorante- impératif « allez » qui incite à se dépasser- généralisation  avec pronom « chacun » sous une forme proverbiale- reproche l.9 marqué par négation sur « raisonnable »- interrogation oratoire l.6 + déclarative « vous savez peindre » > Araminte fait semblant d’abord de ne pas voir l’importance du tableau pour Dorante > Alors que Dorante manifeste sa souffrance, Araminte tergiverse toujours et adopte le masque de la cruauté. 2) L’aveu-surprise d’Araminte (l.11 à 15)- après la mise en avant de l’importance du portrait pour Dorante, elle feint d’éprouver de la réprobation :- exclamation l.11 suggère indignation- interrogation oratoire « songez-vous » met en relief la difficulté sociale, bienséances + « avouer que je vous aime » sous entend cet amour > pour une dame à cette époque, offrir son portrait à un homme revient à accepter l’amour qu’on lui porte, et même à y répondre !- Dorante va feindre la surprise- 2 exclamatives marquant l’étonnement avec la reprise des termes d’Araminte + « quelle idée » suggère incongruité de la supposition en raison de l’écart social entre eux- interrogation oratoire met en relief le caractère invraisemblable de la supposition > on peut s’interroger sur l’innocence de Dorante car Dubois lui a dit à plusieurs reprises qu’Araminte l’aime : en doute-t-il encore ? Est-ce un moyen habile pour l’inciter à se découvrir davantage ? Peut-être espère-t-il sans oser y croire complètement ?- Araminte laisse ensuite transparaitre ses véritables sentiments malgré les convenances sociales et les pressions de sa mère- didascalie « d’un ton vif et naïf » suggère réaction spontanée- euphémisme par emploi de la périphrase « voilà ce qui m’arrive » pour reconnaître indirectement son amour- Dorante va réagir en manifestant une intense émotion- le participe présent « se jetant à ses genoux » implique, de la part de Dorante, un déplacement sur scène, bien marqué, traduisant une grande théâtralité + image du chevalier servant- hyperbole « je me meurs » insiste sur l’intensité du bonheur qu’il éprouve- didascalie « se lève et dit tendrement » manifeste soulagement devant l’aveu d’Araminte- Araminte témoigne d’un trouble intense- négation l.15- impératifs : « modérez, levez-vous » donc appel à respecter les convenances car elle est troublée par cette réaction excessive et elle veut reprendre le contrôle de la situation > Leur confrontation débouche donc sur un double aveu d’amour et une intense émotion 2/43) Les aveux de Dorante (l.16 « je ne la mérite pas » à la fin)- le spectateur a assisté à ses entretiens avec Dubois et peut avoir des doutes sur le comportement de Dorante qui a obtenu l’amour d’Araminte en mettant en œuvre des ruses et des mensonges. Ce dernier mouvement va donc être celui de l’aveu des manigances- Dorante rappelle son bonheur intense grâce au verbe « transporte » (L;16) mais la répétition de la négation totale « je ne la mérite pas » fait planer une menace- verbe « ôter » met en avant le danger qu’il court en étant sincère + verbe « allez » marque futur proche et donc insiste sur sa crainte pour l’avenir- négation « n’importe » + verbe d’obligation « il faut » révèlent alors sa résolution à être sincère- l’absence de complément au verbe au passif « vous soyez instruite » laisse planer danger car il appréhende ses réaction quant aux révélations qu’il va lui faire- Araminte réagit vivement- didascalie « étonnée »- exclamation « comment » + interrogation soulignant son incompréhension- Dorante va alors avouer les mensonges tout en essayant de se justifier- champ lexical de l’amour pour rappeler ses motivations + hyperbole « infinie »- formule négative « il n’y a rien de vrai que » souligne à la fois la force de son amour et les nombreux mensonges qui ont été commis- Dorante va toutefois manquer de sincérité puisqu’il accuse Dubois (même s’il ne le nomme pas) de tout alors qu’il est complice :- nom « incidents » minimise + « industrie d’un domestique, son stratagème »- hyperbole « forcé de consentir » > position hiérarchique respective ne permet pas cela > Dubois est effectivement le meneur du jeu, la tête pensante mais Dorante, malgré quelques scrupules, a agi de concert. Il se disculpe donc en accusant son domestique !- cependant il préserve aussi Dubois en rappelant ses bonnes intentions dans des subordonnées relatives « qui savait mon amour, qui m’en plaint » l.21 + infinitif « me faire valoir » l.22 > donc compassion et altruisme- Dorante cherche aussi à valoriser ses aveux- sa phrase bilan introduite par l’adverbe « voilà » donne un portrait mélioratif de lui-même par l’accumulation de trois noms « mon respect, mon amour, mon caractère » avec un crescendo qui insiste l’honnêteté de Dorante- comparatif de supériorité « mieux que » l.24 insistant sur volonté d’honnêteté malgré le risque de la confidence + anaphore « J’aime mieux » l.23-24- il assume le risque de tout perdre pour être honnête : parallélisme « regretter votre tendresse » // « votre haine » > donc il se montre courageux- il clôt habilement sa plaidoirie par hyperbole « j’adore » qui grâce à la connotation religieuse témoigne de l’intensité de sa passion.- Araminte se montre sensible à cette habile argumentation- didascalie ménage un peu de suspense et rend le moment plus solennel- subordonnée de condition (l.26) suggère attachement d’Araminte- nom « aveu » + verbe « change tout » montre qu’elle considère qu’il est honnête- vocabulaire mélioratif avec crescendo pour le valoriser :  trait de sincérité », « incroyable », « le plus honnête homme » 3/4- moyen utilisé lui paraît excusable d’autant que les masques et l’hypocrisie sont des règles de l’époque : négation « n’est point blâmable, il est permis » l.29 d’autant qu’elle rappelle l’amour « aimez véritablement, un amant »- elle en tire la conclusion : « on doit lui pardonner » > généralisation par le pronom + verbe d’obligation > elle suggère que n’importe quelle femme  réagirait comme elle.- Cela entraîne l’enthousiasme de Dorante marqué par les exclamations et le compliment galant de l’adjectif « charmante » l.31 > ambiguïté du comportement de Dorante et mise en relief de l’attachement d’Araminte pour lui. * Conclusion La confrontation des deux personnages  va donc reposer d’abord sur une mise en scène de hiérarchie sociale mais l’émotion manifestée par les personnages va entraîner l’abandon des masques et la révélation de leur amour réciproque. Il s’agit donc d’une scène de forte intensité dramatique car Araminte lutte contre les derniers vestiges des convenances sociales et Dorante prend le risque de l’aveu des manigances même s’il n’est pas totalement sincère aux yeux des spectateurs. Cette scène qui constitue l’élément de résolution prépare donc le dénouement puisqu’il ne reste plus à Araminte qu’à affronter son entourage, surtout sa mère et le Comte Dorimont, ce qui sera l’objet de la scène 13. 4/4

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