Les Petites vieilles de Baudelaire

Les Petites vieilles, Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire

        Le poème « Les Petites vieilles » appartient à la section Tableaux parisiens depuis 1861. Il est d’abord paru en 1859 dans la Revue contemporaine avec un autre poème sous le nom de Fantômes parisiens. La section Tableaux parisiens est principalement dédiée aux rejetés de la société tels que les aveugles, les vieillards où Baudelaire montre sa compassion.

Le poème Les petites vieilles est composé de plusieurs parties dédiées à Victor Hugo. La première est structurée de 9 quatrains formés en alexandrins. Les rimes sont croisées.

Des vers 1 à 20, Baudelaire assiste à un spectacle tordu et monstrueux, puis des vers 21 à 32, il met en avant l’inéluctabilité tragique de la mort et enfin des vers 33 à 36, le lecteur est face au pouvoir poétique opéré par l’auteur.

Dans la première partie, Baudelaire dépeint le tableau de vieilles femmes de manière antithétique. Cette fascination pour des êtres rejetés démontre une modernité de l’écriture de l’auteur. Tout comme la charogne, il lie la boue et l’or en les définissant par exemple comme des « êtres singuliers, décrépits et charmants ». Cette partie est une critique de la société du 19è s, qui est en perpétuel renouveau avec l’industrialisation, rejetant les personnes inactives en marge de la société. Ce poème est comme celui de l’Albatros, le poète prend pitié et déclare : « Monstres brisés, bossus ou tordus, aimons-les ! ». C’est une morale. On peut alors se dire que Baudelaire est sensible à des aspects que d’autres ne voient pas : elles sont humaines, elles furent jeunes et belles un jour. Il distingue leur humanité au-delà de leur physique défraîchi.

Dans le second mouvement du poème, le registre est tragique et macabre. Baudelaire s’adresse directement au lecteur en lui posant des questions sur le destin des petites vieilles face à la mort.  Celle-ci est personnifiée pour la rendre omniprésente dans les vies, c’est un être universel. De plus, le poète utilise une description réaliste surprenante et choquante en poésie. Il met en avant le cycle de la vie de manière ironique.

Dans la dernière partie, Baudelaire utilise son pouvoir poétique pour transformer les petites vieilles en figure de beauté. Il décrit les yeux, reflets de l’âme comme « Des creusets qu’un métal refroidi pailleta ».  Cette alchimie poétique met à l’honneur ces êtres abandonnés de la société en leur trouvant une beauté intérieure.

J’ai choisi ce poème pour sa description réaliste des petites vieilles. Le poète a su découvrir quelque chose de beau dans des êtres à l’apparence repoussante. De plus, je préfère quand les poètes ne s’embarquent pas dans un lyrisme narcissique mais s’ouvrent aux réalités de la société.

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