Incendies, Wajdi Mouawad
Commentaire de texte : Incendies, Wajdi Mouawad. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alexis Lrt • 14 Mai 2021 • Commentaire de texte • 1 462 Mots (6 Pages) • 809 Vues
Commentaire , Incendies scene 2
En 2003, à l’age de 40 ans, Wajdi Mouawad a publié la pièce de théâtre « Incendies ». Nous allons étudier un extrait de la scène 2 où Jeanne et Simon sont dans le bureau du notaire et écoutent le testament de leur mère. Nous allons analyser la façon dont la mère de Simon et Jeanne a écrit son testament. Dans un premier temps nous verrons quel rôle a le notaire dans cette scène , puis nous analyserons les ressemblances entre cet extrait et les différentes tragédies décrites dans la mythologie grecque. Et pour finir, nous mettrons en évidence le ton dépressif utilisé par la mère de Jeanne et Simon lors de l’écriture de son testament.
Tout d’abord, nous allons décrire le rôle du notaire dans cette scène. Le testament de la mère commence de façon tout à fait classique. Elle décrit la façon dont elle partage équitablement tous les biens. Puis elle va léguer un objet à chacun de ses enfants , ce qui est assez mystérieux car il semble que ce soit des objets tout-à-fait banal, « le cahier rouge », « la veste en toile verte avec l’inscription 72 à l’endos » .Puis elle s’adresse au notaire « Hermile Lebel », « Notaire et ami » et lui lègue son « stylo plume noir », ce qui montre qu’ils se connaissaient très bien. Ensuite, tout au long de son testament, elle s’adresse au notaire en tant qu’ami et lui décrit la façon donc elle veut être enterrée. Cette amitié semble importante pour elle, puisqu’elle répète trois fois l’expression « Notaire et ami ». Au début de chaque paragraphe où elle s’adresse à lui, elle cite bien « Au notaire Hermile Lebel. Notaire et ami » pour bien lui montrer qu’elle s’adresse à lui en temps qu’ami et pas uniquement en tant que notaire.
Son rôle de notaire lui fait également jouer l’intermédiaire entre les morts et les vivants et entre la mère et ses enfants en faisant la lecture du testament.
Le notaire doit également s’occuper de l’enterrement, « Enterrement. Au notaire Hermile Lebel » pendant que Simon et Jeanne tentent d’honorer le souhait de leur mère en retrouvant leur père et leur frère « Retrouve-le et remets-lui cette enveloppe »
Maintenant nous allons analyser les ressemblances entre cet extrait de la scène 2 d’Incendies et la mythologie grecque. Dans un premier temps, tout comme dans les tragédies grecques, il y a une forme d’impuissance dans cet extrait.
Cette impuissance se retrouve quand la mère écrit « Pas d’épitaphe pour ceux qui tiennent pas leurs promesses. Et la promesse ne fut pas tenue » et « Pas d’épitaphe pour ceux qui gardent le silence. Et le silence fut garder ». Dans ces deux cas, la mère fait référence à une règle qui n’est pas respectée. Elle est impuissante face à ce qui se passe. On peut penser que c’est le destin qui a fait quelle n’a pas respecté ces règles. Cela se passe, par exemple, dans l’histoire de Phèdre, qui est impuissante face aux sentiments qu’elle ressent. C’est le destin, ou plutôt la volonté des dieux, qui a fait qu’elle aime son fils.
Le destin apparaît une deuxième fois dans cet extrait. Dans les deux premiers paragraphes du testament, la mère demande à sa fille de remettre une enveloppe à leur père, et à son fils de remettre une autre enveloppe à leur frère. Elle impose que, tant que ces deux demandes ne sont pas respectées, elle ne pourra pas avoir de pierre gravée sur sa tombe comme elle le précise à la fin de son testament « Et une pierre pourra alors être posée sur ma tombe Et mon nom sur la pierre gravé au soleil » Elle dit bien que tant que cela ne sera pas respecté elle devra être enterrée « toute nue », « sans cercueil », « sans écorce ». A la fin de sa lettre, elle explique au notaire, à Simon et à Jeanne ce qui se passera lorsqu’ils auront remis les lettres à leur destinataire , elle semble certaine qu’ils arriveront à accomplir cette tâche. C’est leur destin. La façon dont elle veut se faire enterrer tant que les « promesses » ne sont pas respectées décrit l’inverse d’un enterrement pratiqué dans la Grèce antique, où chaque mort se faisait enterrer lavé, habillé d’une robe blanche et dans un cercueil. Mais dans cet extrait, la mère de Simon et Jeanne demande de se faire enterrer « toute nue », « sans cercueil », « sans habit » et elle ne sera pas lavée mais elle impose au notaire, à Jeanne et Simon de lui lancer « chacun » « un seau d’eau fraîche ». Cette demande est très violente et choquante et est totalement contradictoire des rituels pratiqués dans la mythologie grecque où la toilette du défunt avec du parfum et de l’huile était pratique courante.
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