Compte rendu de lecture : Incendies, Wajdi Mouawad
Fiche de lecture : Compte rendu de lecture : Incendies, Wajdi Mouawad. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clément Audin • 24 Novembre 2017 • Fiche de lecture • 887 Mots (4 Pages) • 8 555 Vues
Compte rendu de lecture : Incendies, Wajdi Mouawad
Au début de la pièce de théâtre Incendies de Wajdi Mouawad (2003), Le notaire de Nawal, Hermile Lebel, convoque ses deux enfants, Jeanne et Simon, dans son bureau, suite au décès de leur mère. Cette dernière avait cessé de parler quelques années avant sa mort et elle laisse un testament à ses enfants dans lequel elle leurs donne des recommandations particulières concernant son enterrement (pas de pierre et pas de nom inscrit sur la tombe) qui ne devront être effectué que lorsque Jeanne et Simon se seront acquittés d’une mission qui a pour but de leur faire découvrir leur frère et leur père, dont ils ignoraient l’existence jusque-là. A ce moment-là, le livre à un aspect comique avec le refus catégorique et un peu vulgaire de Simon qui désacralise l’importance de cette quête. On ne sait pas où se placer à ce moment du récit et si l’on se doute que les deux enfants s’acquitteront de leur mission, on ne sait pas s’ils ont forcément raison de suivre les demandes de leur mère. C’est au moment où Jeanne vient chercher l’enveloppe chez le notaire que les récits et les époques commencent à se mélanger pour le lecteur.
Wajdi Mouawad utilise un procédé très particulier. D’une part il mélange des instants qui n’ont pas lieu au même moment et au même endroit dans une même scène et, de plus, il alterne flash-back et actions du présent sans marquer de pause. Nawal, adolescente, peut ainsi répondre à sa fille Jeanne, adulte, dans une même scène alors qu’elles se trouvent dans deux pays différents. Si on peut avoir peur d’être perdu par ce procédé, c’est finalement très bien fait et on est que très peu confronté à des problèmes de compréhension. Au contraire, cette manière qu’à Wajdi Mouawad de construire son récit participe à le rendre si intéressant. Rien qu’en lisant « Incendies », on s’imagine la mise en scène (pour ma part, une grande scène large m’apparait, avec les différents personnages dispersés sur cette largeur et des effets de lumière qui se succèdent afin de bien saisir la chronologie des évènements.). Il fait également s’imbriquer les récits les uns dans les autres pour une autre raison : il traite tous du même thème, la quête de l’origine.
En effet, L’origine est pour moi la grande question du livre. Chaque partie du récit raconte l’histoire d’une quête consacrée à retrouver ses racines. Un retour à la source. Une mère qui cherche son fils et qui pour cela doit retourner à l’origine de la guerre qui fait rage dans son pays. Une fille qui veut comprendre l’origine de ce qui a poussé sa mère à s’enfermer dans le silence. Ou encore deux jumeaux qui veulent tous simplement connaître l’origine de leur frère et de leur père. Et c’est grâce à ce mélange habilement réalisé par Wajdi Mouawad pour faire se croiser ces récits et donc ces quêtes qu’on découvre qu’elles sont finalement semblables (soit dans leur objectif premier soit dans leur finalités). Quand Nawal part du village pour s’instruire parce que sa grand-mère le lui a demandé comme une dernière volonté, Jeanne part à la recherche de l’identité de son père parce qu’elle n’est plus sûr de comprendre ce qui l’entoure comme les mathématiques pouvait lui faire croire. Nawal comme sa grand-mère Nazira, donne une quête à ses enfants pour qu’au final ils puissent graver son nom sur sa tombe.
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