Analyse scène 19, Incendies, Wajdi Mouawad
Commentaire de texte : Analyse scène 19, Incendies, Wajdi Mouawad. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alexis Ren • 19 Février 2017 • Commentaire de texte • 885 Mots (4 Pages) • 6 865 Vues
C’est dans la dernière partie de la pièce, intitulée « Incendie de Sarwane », que l’on découvre enfin Nihad, l’enfant que Nawal a eu à 15 ans et qu’elle a été contrainte d’abandonner. Le suspense est à son comble car jusque-là, nous ne savions rien de ce qu’il était devenu.
Une scène d’action
La violence sur scène
Le personnage nous apparaît dès le début de la scène en pleine action : abondance des didascalies, dont la part est plus importante que la parole des comédiens.
La répétition d’actions meurtrières montre qu’on a affaire à une machine à tuer : «tirer» (x7), «recharger» (x2), «viser» (x3).
Le rythme soutenu : « soudain », « rapidement », « très rapidement » (deux fois), « soudainement » , les phrases nominales, brèves
Fonctionnement instinctif du tueur
Succession rapide d’actions = instinct: «épaule son fusil», «vise», «tire d’un coup», «il s’arrête soudainement. Il se plaque au sol», «prend son fusil», «il se lève d’un coup et tire», «il court vers l’endroit où il a tiré».
Comportement de Nihad = fauve qui ramène sa proie dans sa tanière: «tirant par les cheveux un homme blessé ».
Scène de cinéma
L’effet de zoom (le personnage est cadré de plus en plus près) nous rappelle une série de plans cinématographiques.
Action soutenue par une bandeson (musique diffusée par le Walkman + moments chantés ou sonorisés par Nihad)
Un dialogue faussé
Le dialogue entre l’homme et Nihad est faussé par le rapport dominant / dominé : Nihad armé, l’homme blessé et a peur
Des répliques qui ne se répondent pas
L’homme se révolte contre son sort : l’adverbe de négation « Non, non », phrase exclamative exprimant son désir de vivre « je ne veux pas mourir ».
Or, la réponse de Nihad est d’ordre métalinguistique : citation à deux reprises des propos de l’homme avec d’un commentaire cinglant : « c’est la phrase la plus débile que je connaisse ! ».
Un dialogue qui ne progresse pas
Les répliques du photographe restent sans effet sur Nihad, même lorsque celui-ci semble être intéressé par son métier.
Les suppliques de l’homme sont inefficaces sur Nihad qui ne partage pas la même expérience de vie (celle, la plus commune, d’avoir un père et une mère) : «Ne me tuez pas. Je pourrais être votre père, j’ai l’âge de votre mère. »
L’homme fait des erreurs :
- il pense pouvoir échanger sa vie contre les clichés qu’il a pris de Nihad: or le tueur ne veut pas protéger son identité, au contraire, il la révèle en donnant son prénom.
- il pense que Nihad, jeune photographe amateur, sera sensible à la flatterie d’un professionnel
Un personnage paradoxal et dangereux
L’enfermement
Impression que Nihad se croit dans un film
Face à dialogue avec un homme bien vivant, il ne sait pas comment réagir : hésite entre le tutoiement et le vouvoiement « et tu m’as pris en photo ? » / « Je vous jure ».
Nihad enfantin
Cherche la reconnaissance du photographe : tournure emphatique : « Regarde. C’est moi qui les ai prises. »
Atteste la véracité de ses paroles comme s’il était soudain dans la peau d’un enfant soupçonné de mensonge : « je vous jure »
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