Commentaire du chapitre 6 de Candide
Commentaire de texte : Commentaire du chapitre 6 de Candide. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Valerie Dubosclard • 25 Janvier 2020 • Commentaire de texte • 1 133 Mots (5 Pages) • 677 Vues
Commentaire du chapitre 6 de Candide
C’est au retour de son séjour auprès de Frédéric II de Prusse en qui Voltaire avait cru voir un despote éclairé, un modèle possible pour le royaume de France, que le philosophe compose Candide. Voltaire choisit de nouveau la forme du conte philosophique qui lui avait particulièrement réussi avec Zadig quelques années plus tôt. Il trouve à travers l’emploi de l’argumentation indirecte, un espace de liberté suffisant pour laisser libre cours à son regard aiguisé sur la société. Le personnage de Candide va ainsi courir le monde, être confronté aux plus grands maux du siècle, lui qui pourtant n’était nourri de philosophie optimiste. Le chapitre 6 le conduit à Lisbonne lors du tremblement de terre qui fit 70000 victimes.
Quelle cible cherche à atteindre l’auteur à travers la narration de ce fait historique qui l’a bouleversé au point de se rendre sur les lieux ?
Nous verrons que le récit des faits tout teintés d’ironie, révèle les cibles de la dénonciation de Voltaire.
I. Le récit
A : Un récit formant une unité narrative
Il s'agit en effet d'un récit court, dense présenté sur un rythme haletant comme le traduit la ponctuation variée et en trois temps :
a) Les circonstances et la décision des "sages"
Le 1er § expose en une seule et longue phrase les circonstances: - le cadre spatio-temporel: "après le tremblement de terre", "Lisbonne", - les événements (destruction des "trois quarts" de la ville) et leur enchaînement soit la nécessaire intervention des autorités: "sages du pays", "l'université de Coïmbre" et la décision "donner au peuple un bel autodafé"
b) La cérémonie
Liaison logique: "en conséquence" souligne le passage à l'application de la décision et le caractère nécessaire du choix des victimes, victimes présentées par le biais de la faute commise: raisons religieuses pour les deux premiers, cause absurde pour C et P mais présentée avec le même sérieux.
Succession d'actions situées dans le temps et les lieux: " huit jours après", préparatifs et déroulement de la cérémonie: insistance sur le décorum: spectacle visuel et sonore.
c) Le résultat
Chute du 2ème § : "Le même jour, la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable". On attendait une conclusion positive, c'est le contraire qui se produit. L'issue apporte un démenti flagrant et sans appel au raisonnement mis en place au 1er §.
Transition: Même si la structure relativement simple du récit tend à coller au plus près à l'évènement, l'ironie transparaît et mine le récit
B. Un récit dans lequel transparaît l’ironie voltairienne
a) La composition circulaire du texte
La désinvolture, le ton détaché (en effet l’auteur se borne à une narration en apparence toute objective des faits) de l'auteur souligne néanmoins l'inefficacité des moyens déployés en rappelant par le jeu d'écho produit entre l'expression "la terre trembla" et "le tremblement de terre" soulignant ainsi la composition cyclique du chapitre.
b) La valorisation des sages à travers le caractère réfléchi, raisonnable de leur décision
L'accent est en effet mis sur le côté savant de la décision: le mot "sages"+ la référence à une vénérable université "université de Coïmbre" + la formulation impersonnelle qui donne plus de poids: " il était décidé", l'articulation logique "en conséquence"+ le vocabulaire théologique et juridique: 'ainsi", "convaincu" sont autant d'éléments qui soulignent l'aspect officiel, administratif, institutionnel de la décision et donc son poids (supposé) de réflexion et de sagesse.
A l'opposé, le contenu de la décision est inique, sans relation logique avec la situation, sinon dans une perspective superstitieuse.
L’exécution prend d’ailleurs des allures de recette de cuisine : « brûlés à petit feu »
Ainsi l'ironie
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