Commentaire composé candide chapitre 18
Commentaire d'oeuvre : Commentaire composé candide chapitre 18. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Eya BEN SLIMENE • 24 Février 2018 • Commentaire d'oeuvre • 1 537 Mots (7 Pages) • 1 689 Vues
C
andide, conte philosophique, met en scène un jeune garçon naïf qui accepte les préceptes de son maître à penser Pangloss qui affirme que « tout est au mieux dans le meilleure des mondes ». Le voyage initiatique va conduire les protagonistes dans différentes contrées dans lesquelles ils découvriront les malheurs inhérents à la condition humaine : torture, guerre, esclavage... Entrés en Eldorado au chapitre XVIII après un voyage qui rappelle celui des contes initiatiques, Candide et Cacambo découvrent un univers fabuleux qui pourrait bien être « le pays où tout est au mieux ». L’extrait proposé ici, met l’accent sur un certain nombre de caractéristiques du pays : contrée idéalisée qui se présente comme une utopie ou certaines coutumes sont inversées mais aussi description « prétexte » qui met en place ce que Voltaire souhaiterait voir se réaliser en France sur un plan politique et social. En quoi Voltaire définit-il ses propres conceptions politiques et sociales en faisant de l’Eldorado un monde à la fois idéal et inversé ? Nous analyserons dans un premier temps la mise en place d’une utopie traditionnelle. Ensuite, nous étudierons l’idéal des Lumières.
L’Eldorado offre l’image d’un univers où tout est bien, beau, agréable et où il n’existe aucune trace de conflit, de problème d’aucune sorte. Monde lisse, et heureux sans hypocrisie ni cruauté, il est une sorte de paradis où tout ce qui fait le charme du monde réel se trouve porté à un degré qui relève de l’imagination.
D’une part, le luxe et la richesse s’y trouvent abondamment ce qui est révélé notamment à travers l’utilisation des superlatifs : « supériorité prodigieuse » (ligne 5) ; « le plus de ... » (ligne 29). De plus, le champ lexical de l’urbanisme est omniprésent : « palais ; portail ; fontaines ; édifice... ». Il est associé au gigantisme et au luxe : « édifices publics élevés jusqu’aux nues » (ligne 22), « galerie de deux mille pas » (ligne 131) ; « or, pierreries » (ligne 6)... Voltaire use également des accumulations quant à la variété des éléments urbains et raffinement : « fontaines d’eau de rose ; liqueur de canne à sucre ; places pavées » (lignes 21 à 26). L’emploi des hyperboles chiffrées marque aussi le lecteur : « 224 pieds de haut et 100 de large » (ligne 3) ; « 20 belles filles » (ligne 7) ; « 1000 musiciens » (lignes 11 et 12) ; « 1000 colonnes » (ligne 22) ; « 2000 pas » (ligne 3). En outre, l’abondance des biens est accentuée avec l’utilisation du pluriel : « officiers, officières » (ligne 10) ; « liqueurs » (ligne 23) ; « pierreries » (ligne 25) etc. Enfin, l’aspect agréable des lieux est confirmé par le champ lexical des sens, révélant ainsi la notion de plaisir. En effet, on y trouve la synesthésie : l’évocation de la vue : « beauté et splendeur des marchés » (Ligne 22) ; l’odorat : « une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle » (ligne 26) ; goût : « fontaines d’eau pure, de liqueurs, d’eau de rose » (ligne 24).
D’autre part, le caractère utopique du monde de l’Eldorado apparaît à travers les relations humaines idéales. En effet, l’accueil chaleureux et grandiose auquel ont eu droit Candide et Cacambo est marqué par l’effet de décalage : « 20 belles filles, carrosse, bains, tissu de duvet de colibri, au milieu de deux filles de 1000musiciens...) et la phrase conclusive « selon l’usage ordinaire ». L’accueil semble disproportionné : cérémonie qui ressemble plus à un protocole qu’à quelque chose d’habituel, d’ordinaire. Les gens vivent dans le respect de la morale ce qui est marqué par l’absence de prison et de cour de justice, ce qui est exprimé notamment par l’emploi de négations « ne ... point », « ne... jamais », « non » (lignes 27, 28 et 29). De même, l’intérêt pour le savoir, la culture et les sciences est marqué par l’utilisation de superlatifs « toute pleine de... » (Ligne 131) ; « 2000 pas » (ligne 30) ce qui fait allusion à l’aspect fondamental pour les philosophes des Lumières. En outre, le champ lexical de la familiarité nous dévoile le caractère accessible, humain et familier du monarque « embrasser » (ligne 18) ; « sauter au cou » (ligne 19) et « baiser » (ligne 18). Egalement, l’égalité dans cette société idéale est exprimée à travers la féminisation de certains termes habituellement réservés à la gente masculine, notamment le néologisme « officières » (ligne 10) ainsi que des fonctions habituellement réservées aux hommes « garde royale assurée par des filles » (ligne 7).
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