Anthologie des femmes sur Les Fleurs du Mal
Analyse sectorielle : Anthologie des femmes sur Les Fleurs du Mal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clemmic • 16 Janvier 2023 • Analyse sectorielle • 1 632 Mots (7 Pages) • 359 Vues
Le Chat[pic 1]
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Le Chat est le XXXIV -ème poème de la section « Spleen et Idéal », il se situe entre Remords posthume et Duellum. Ce poème est un sonnet car il est composé de deux quatrains et de deux tercets, il respecte donc les règles de la poésie traditionnel. Mais c’est également un poème moderne car Baudelaire ne respecte pas les règles de la versification et des rimes. En effet, Le Chat n’est pas écrit en alexandrins mais il alterne chaque fois entre un vers en décasyllabe et un vers en octosyllabe et on n’y trouve pas le schéma des rimes traditionnel.
J’ai choisi ce poème car Baudelaire semble particulièrement s’intéresser à la figure du chat dans son recueil. Dans ce poème il fait un parallèle entre le chat et la femme aimé, comme il le précise explicitement au vers 9, « je vois ma femme en esprit ». En effet, le chat n’est pas un animal choisi au hasard. C’est un animal de compagnie d’une grande beauté mais habité d’une lueur dangereuse, le chat est un symbole de contradictions, un être ambigu comme peuvent être les femmes.
Ce poème représente tantôt le Spleen et tantôt l’Idéal. Dans les deux premiers quatrains le chat est représenté de manière élogieuse « beau » v.1, « de métal et d’agate » v.4, Baudelaire ressent du plaisir lorsqu’il se trouve en présence de l’animal, « s’enivre de plaisir » v.7, c’est l’image de l’Idéal. Cependant, dans les deux tercets on remarque un second visage du chat, qui paraît plus dangereux, « coupe et fend comme un dard » v.11, « un dangereux parfum » v.13, c’est l’image du Spleen.
Je trouve que l’image que Baudelaire a des femmes est très bien représentée dans ce poème. Il ne résiste pas au plaisir que lui procure cette femme malgré les dangers « cœur amoureux » v.1, « laisse-moi plonger dans tes beaux yeux » v.3. Le chat est donc simplement une figure sur laquelle Baudelaire vient s’appuyer afin de mettre en valeur celle de la femme, qui lui est irrésistible. Toutefois, le chat représente des attraits dangereux et destructeurs. Ainsi la femme est désirable « palper ton corps électrique » v.8 et irrésistible mais elle fait planer une véritable menace qui peut être cependant maîtrisé « retiens les griffes de ta patte ». Ce poème représente donc la beauté de l’animal et le danger de la même bête, tantôt la beauté tantôt le vice séduisant de la femme. Le poème Hymne à la beauté illustre aussi parfaitement mes propos « De Satan ou de Dieu, qu’importe ? », « Ange ou Sirène », « infernal et divin », « le bienfait et le crime ».
[pic 2]
[pic 3]
Le vampire est le XXXI -ème poème de la section « Spleen et Idéal ». Le vampire est composé de 6 quatrains, chaque vers est en octosyllabe et l’auteur alterne entre des rimes croisées et des rimes embrassés.
J’ai choisi ce poème puisqu’il est dominé par le Spleen. En effet, dans le poème Le chat la femme était à la fois bonne et mauvaise, tandis que dans Le Vampire la femme est représentée comme un être monstrueux, plein de vices. Tout le long du poème l’auteur nous le fait ressentir avec de nombreux termes péjoratifs qualifiant la femme « démons » v.4, « folle et parée » v.4, « infâme » v.7, « vampire » v.24 et il nous la représente même comme un être maudit « -Maudite, maudite sois-tu » v.12. Elle agresse Charles Baudelaire « comme un coup de couteau/Dans mon cœur plaintif es entrée ».
De plus, j’ai choisi ce poème car il représente parfaitement l’impuissance et l’indépendance du poète face à cette femme, qui n’est autre que Jeanne Duval, sa « Vénus noire ». Effectivement, on peut le voir avec les quatre comparaisons du vers 8 au vers 11 que cette femme exerce un pouvoir sur le poète. On y voit donc la force de la femme et la faiblesse de Baudelaire, mais aussi la dépendance qu’il a face à son amante « comme à la bouteille l’ivrogne » v.10. Le poète est conscient de sa faiblesse et s’injure lui-même « mon cœur plaintif » v.2, « de mon esprit humilié » v.5, « Imbécile ! » v.21, « infâme à qui je suis lié » v.7. La femme soumet le poète et le tient en esclavage, elle lui fait ressentir une véritable haine à son égard « ô démon sans pitié ! » Sed non satiata. Mais malgré tout Baudelaire éprouve un sentiment amoureux, qui est cependant très nuancé par rapport à certains poèmes comme Parfum exotique.
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