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Analyse linéaire de la scène 1 acte I du Malade Imaginaire

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Par   •  26 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 231 Mots (5 Pages)  •  969 Vues

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Analyse linéaire de l'extrait de la scène 1 de l'acte I de la pièce de théâtre

Le Malade imaginaire de Molière

Biographie de l'auteur – Contexte historique à faire

Puissance du roi-soleil, pouvoir absolu, règne seul, s'appuie sur le talent des artistes comme Molière pour exposer la puissance culturelle de la France et s'imposer. Molière profondément influencé les rencontres théâtrales de sa jeunesse, particulièrement le théâtre à l'italienne, la Commedia dell'arte, ses personnages pittoresques (Pantalone le méchant égoïste et âgé, Arlequin le valet moqueur et habile). Il lance la mode des comédies-ballets, spectacles somptueux mêlant théâtre, musique et danse. Au XVIIème siècle, la médecine est balbutiante, nombreux sont les charlatans; on se borne à faire des saignées et des lavements. Lecture !!!!

Quel portrait implicite du personnage principal se dégage-t-il de ce long monologue ? 

Deux mouvements L1 à 18 Une entrée en matière comique : un vieillard fait les comptes de ses frais médicaux avec âpreté – L 18 à 30 Un caractère comique : un vieillard acariâtre et un tyran domestique

L1 à 18 Une entrée en matière comique : un vieillard fait ses comptes de frais médicaux avec âpreté

  • Argan occupe tout l'espace de la première scène avec son monologue ! Le maître de maison commence par ses comptes à voix haute (il vérifie les calculs, comique de situation). Tout en dialoguant avec son apothicaire et son médecin comme l'indiquent les didascalies, il fait les questions et les réponses : le texte alterne les passages où Argan lit les factures de "monsieur Fleurant" et de son médecin "monsieur Purgon" (avec effet comique, il est purgé perpétuellement, il ne "fleure" pas bon); il s'adresse à eux bien qu'il soit seul. L'alternance des pronoms et des adjectifs numéraux, données objectives "trois et deux font cinq"…; des énoncés des factures "un petit clystère insinuatif, préparatif, et rémollient, pour amollir…"(registre médical ridiculement savant et valorisant qui ne parle pourtant que des excréments) et enfin des commentaires du vieillard qui parle soit tout seul au présent d'énonciation (qui rapporte au discours direct ce qui est écrit) "Ce qui me plaît de monsieur Fleurant", soit à l'apothicaire "Oui, mais monsieur Fleurant, ce n'est pas tout…") crée un caractère extrêmement vivant en dépit du personnage unique; les antithèses forment un paradoxe "parties fort civiles" s'oppose à "entrailles". Mais la personnalité d'Argan apparaît implicitement : il se suffit à lui-même, toute sa vie, tout l'intérêt de son existence sont focalisés sur lui, sa santé, son corps, instrument d'exploration continue. Les énumérations de chiffres, d'adjectifs "scientifiques", la ponctuation forte qui trahit l'exaltation du personnage "les entrailles de monsieur trente sols !" accentuent par accumulation cette impression : Argan est entièrement égocentrique et hypocondriaque. Rien ne l'intéresse au monde que lui.
  • Argan est aussi avare qu'hypocondriaque ! Il discute les factures (comique de mots avec les lavements "il ne faut pas écorcher les malades"). Il est la dupe des médecins, des pharmaciens : "je suis votre serviteur" révèle sa dépendance aux remèdes auxquels il obéit aveuglement tel un esclave, il est perpétuellement angoissé par sa santé; mais il est aussi avare, se méfie des prestataires qui lui comptent tout trop cher. Le fait qu'il s'adresse directement à monsieur Fleurant comme s'il était sur scène et qu'il négocie tous les prix montre qu'il domine les gens qui gravitent autour de lui "il faut être raisonnable, en langage d'apothicaire, c’est-à-dire dix sols, avec votre permission dix sols". L'ensemble fait la description d'un système où ils sont tous dépendants les uns des autres. La politesse exagérée des énoncés des "parties" (les factures)  et le thème du ventre "Les entrailles de monsieur" fait oxymore et souligne l'obséquiosité de l'apothicaire.
  • Argan apparaît comme un vieillard répugnant, perturbé et égoïste ! L'antithèse formée par les remèdes décrits en termes agréables "rhubarbe, miel rosat" dans un registre presque poétique, et l'expression "nettoyer le bas-ventre" crée un contraste pénible et écoeurant. Les effets de reprise en parallélismes de construction "un bon clystère détersif….une bonne médecine purgative et corroborative" montrent le psychisme malade d'Argan, entretenu par l'apothicaire  : les adjectifs mélioratifs "bon, bonne" signifient que les soins sont pour lui des dons, des actes de bonté destinés à soigner sa vulnérabilité mentale. L'incroyable répétition des énoncés de remèdes "clystère (X2), lavement, julep…" reproduit à l'oral l'aspect répétitif et incessant des interventions sur le corps du vieil homme et crée un comique de situation : on a le sentiment que cela ne va jamais finir ; d'autant que le monologue est présenté sans aucun paragraphe !

L 18 à 30 Un caractère comique : un vieillard acariâtre et un tyran domestique

  • Le caractère comique du personnage se confirme au fur et à mesure qu'Argan fait les totaux du mois en les énumérant un par un (au lieu de n'annoncer que les résultats) "une, deux, trois, quatre, cinq, six…" : cela fait un effet d'accumulation irrésistible qui est à la fois un comique de répétition et encore un comique de situation : le vieillard prend des lavements toute la journée ! Le comique naît aussi du raisonnement absurde du vieillard par la comparaison : "douze médecines et vingt lavements" (le mois précédent) sont selon lui mieux pour aller bien que "huit médecines et douze lavements…je ne m'étonne pas si je ne me porte pas si bien…" !
  • La férocité d'Argan éclate pleinement : l'interjection "allons", le subjonctif "qu'on m'ôte tout ceci" trahissent son autoritarisme. Sa colère est en gradation : il exprime son sentiment de solitude dans sa maladie psychique, voudrait que le monde l'entoure davantage, être le centre de l' attention "il n'y a personne, on me laisse toujours seul", accentué par les phrases à la forme négative "il n'y a pas moyen, ils n'entendent rien, ma sonnette ne fait pas assez de bruit …". Il parle de  sa maisonnée avec le pronom indéfini "on", qui englobe tout le monde sans distinction, sans identité : il y a lui d'un côté et tous les autres de l'autre. Avec le comique de répétition des coups de sonnette, la brièveté des phrases montre la montée d'une crise d'autorité "Point d'affaire, ils sont sourds"; il est rapidement dans l'accusation à l'égard d'autrui. "Tout comme si je ne sonnais point" révèle sa peur d'être "transparent", de n'inspirer que de l'indifférence, ce qu'il s'efforce de compenser avec ses maladies imaginaires. Le point d'exclamation après "Toinette !" exprime des sentiments de colère, aggravés par l'escalade des insultes en gradation "chienne, coquine", puis "carogne" qui montre son irrespect. Le fait qu'il cesse de sonner et crie intensifie l'action comme le fait qu'il maudisse sa servante après l'avoir insultée. L'effondrement de sa colère montre sa fragilité qui finit dans la plainte "est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade, pitoyable !" ainsi que l'appel "Dieu !" Enfin la vulnérabilité du vieillard ressort avec l'expression de sa peur de la mort.

 le monologue sert d'exposition à la pièce, permet de présenter l'essentiel de l'intrigue, vieil homme envahi d'obsessions autour de sa santé et par la peur de mourir, pitoyable et comique dans sa maladie, mais tyrannise son entourage et possède de l'argent, donc un certain pouvoir. Un doute sur ce pouvoir néanmoins : appelle avec insistance mais personne ne vient, pas même Toinette qui désobéit. Molière critique la bourgeoisie dominante, les vieillards égoïstes, les hypocondriaques, la médecine incompétente et intéressée qui profite de lui. Registre comique, et satirique en dépit de la gravité des défauts humains condamnés.

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