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HUME David Traité de la nature humaine,I,IV,I. raison sceptique et raison dogmatique.

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Par   •  24 Novembre 2022  •  Cours  •  2 204 Mots (9 Pages)  •  374 Vues

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  David HUME, Traité de la nature humaine,I,IV,I.

Expliquez le texte suivant:

 “ Les raisons sceptique et dogmatique sont de même sorte, bien qu’elles s’opposent par leur opération et par leur tendance, de sorte que lorsque la seconde est forte, elle doit rencontrer un ennemi de force égale dans la première et comme leurs forces étaient initialement égales, elles ne cessent de l’être tant que subsiste l’une ou l’autre, et aucune des deux ne perd de force dans la lutte sans en enlever autant à son adversaire. C’est pourquoi il est heureux que la nature brise la force de tous les arguments sceptiques à temps et les empêche d’avoir une influence de quelque importance sur l’entendement. S’il faut attendre qu’ils se détruisent eux-mêmes, cela ne peut se produire avant qu’ils n’aient d’abord renversé toute conviction et totalement anéanti la raison humaine.”

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

                                         Tout autant la philosophie populaire, que la philosophie savante dans son histoire opposent radicalement, à propos du problème de la vérité et de l’usage de la raison, le dogmatisme au scepticisme. Pour la première, le dogmatisme est signe de fermeture d’esprit, d’étroitesse dans la conviction accordée à son opinion( ou “doxa”) de sorte que la volonté d’avoir raison à tout prix, peut conduire au pire, fanatisme religieux ou politique, violence, absence d’écoute de l’autre et au bout du compte, au nom même de la vérité culture de l’erreur. Le scepticisme ou exercice du doute, à l’inverse est une attitude inquiète, toujours ouverte dans la recherche de la vérité, mais qui dans son incertitude même peut conduire à l’indétermination, l’hésitation, l’incapacité de trancher. Pour la seconde, la vérité est un attribut du jugement( affirmation ou négation) et le dogme( ou dogma) consiste à engager le jugement, sans ou avec raisonnement démonstratif, à propos des questions les plus épineuses de la philosophie, notamment métaphysique ou cosmologique ( Dieu, l’âme, le monde [ matériel ou spirituel], la liberté). La contradiction des jugements et la précarité des démonstrations conduisent souvent par l’ironie et la reconnaissance de l’ignorance, à renoncer à l’exposition de la vérité, et à suspendre son jugement ( époché), en examinant(skepsis) les raisonnements des dogmatiques pour en démontrer l’absence de validité. La philosophie dans son histoire, comme l’homme du quotidien dans sa vie balance d’une attitude à l’autre. Ici, Hume , auteur à la réputation de scepticisme modéré, dans le chapitre qui s’intitule Scepticisme à l’égard de la raison, paraît conclure dans un premier temps(ligne 1à5), en renvoyant dos à dos, essentiellement sur la force psychologique de leur raisonnement les deux systèmes dominant l’histoire de la philosophie à son époque; avant de déclarer dans un second temps que “la nature brise la force de tous les arguments sceptiques”, tout en déclarant vainqueur, quoique destructeur ce système sur le plan de l’argumentation théorique.(ligne 5 à 8). Il nous faudra donc nous demander, ce qu’il convient d’entendre sous le mot de nature, ainsi qu’analyser le travail de la raison appelée aussi “entendement”, dans ses applications sceptiques ou dogmatiques. L’enjeu de ce texte paraît ressortir immédiatement, la guerre que se livrent les deux grands systèmes philosophiques peut-elle prendre fin, et peut-on encore espérer atteindre la vérité?

             La réflexion paraît d’abord centrée sur la raison et non sur les passions ou le sentiment; car la raison est l’instrument privilégié de la pensée philosophique; mais, justement si on admet une pluralité des opinions on revendique, en général une unité de la raison, son universalité même. Or ici, Hume emploie le terme au pluriel. S’agit-il d’un relativisme subjectif qui ferait de chacun le seul juge de la validité de ce qu’il pense au risque de contredire l’expérience de la logique et des mathématiques qui unifient sous des lois les calculs et les argumentations rationnelles de chacun? Non, puisque le texte affirme immédiatement qu’elles “sont de même sorte”, et comment ne pas l’affirmer si nous voulons que l’échange, la communication soit possible, qu’au moins le débat, si ce n’est le dialogue est lieu. Cependant, la Raison est présente dans des connaissances effectives, dans le langage ou logos qui impose sa grammaire, voire sa logique sous l’emprise du principe de non-contradiction; elle est une forme extérieure de tout discours et n’implique pas encore l’usage que des personnes en font. Pour vivre la raison doit être mise en mouvement par des sujets ou individus qui l’oriente ou l’applique. Ainsi la langue a retenu l’usage de la raison au pluriel, lorsqu’il s’agit des motifs ou des buts que chacun se donne; ici, Hume dit qu’elles peuvent s’opposer “par leur opération et par leur tendance”.”Opération” doit d’abord être pris au sens du calcul sur les nombres, additionner, ce n’est pas soustraire; et métaphoriquement, même peut-être cela dépasse-t-il la simple image, le dogmatique additionne les arguments quand le sceptique les soustrait; le dogmatique multiplie les puissances quand le sceptique les divise. Mais, “opération” doit être entendu aussi au sens de mettre en oeuvre, agir de manière à opérer, à faire un usage clinique de la matière sensible ou expérimentale, et ici le dogmatique agit sur la nature lorsque le sceptique a tendance à laisser faire, ce qui est en médecine un des sens d’observer. Quant à “la tendance” c’est encore un terme qui est connoté dans le sens de la voie que l’on emprunte , dans la mise en mouvement ou application méthodique; mais,qui y ajoute l’idée de finalité ou de but. Or, les fins sont, ici, en opposition moins comme le bien avec le mal, que comme des biens différents. Parfois, il faut agir, se déterminer, répondre; parfois, il faut attendre pour voir; mais, logiquement les actes sont aussi contraires, non pas comme l’affirmation et la négation, mais comme l’usage de la volonté qui se laisse aller à sa tendance au passage à l’acte et celui d’une volonté qui se tourne contre elle-même et suspend son engagement, qui s’use à ne pas vouloir.

              N’avons nous pas montré que ces deux tendances, ou opérations étaient complémentaires? Du moins, dans la formation du caractère psychologique? En effet l’auteur parle de “force”, empruntant ce terme à la physique, au discours sur la nature. Il s’agit , certes, de force morale au sens où cela marque l’esprit humain ou de la personne. Au sens propre, un argument rationnel est valide, valable logiquement ou non. C’est ce qu’on peut appeler la force d’un argument. Mais, à peine une démonstration dogmatique a-t-elle pris place qu’un argument sceptique tout aussi logiquement valide vient en suspendre le caractère définitif. Un jugement est ainsi “initialement”( c’est à dire à l’origine) construit qu’il suffit d’acte de la volonté et sur les opérations de l’entendement identique en puissance pour que l’on suspende ou affirme et nie . Dès lors, lorsque la raison s’habitue à un nouvel argument, il faut qu’elle s’habitue aussi à l’argument qui engage à la suspension du jugement. Seule la disparition, d’un des possible logique du jugement laisserait l’autre face à lui-même. Mais cela suppose la disparition, soit brutalement, soit progressivement; d’une structure même du discours qui fait son mouvement. Or, Hume pose que la diminution de force d’un argument, son effacement pour un temps, dans l’équilibre des forces épuise également l’argument adverse. C’est donc un jeu à forces nulles, un jeu de choc des contraires où l’habitude voit se succéder et coexister les systèmes sceptique et dogmatique. Du moins, est-ce, ce qu’affirme, le stricte débat logico-théorique. C’est pourquoi, sans doute l’auteur, dit-il que la raison “doit rencontrer un ennemi de force égale”, car ce n’est pas un fait, de fait le dogmatisme domine tant l’histoire de la philosophie, que l’attitude du sens commun. Pourquoi donc, malgré sa force logique et théorique, le scepticisme est-il donc vaincu?

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