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Le monde sportif semble plus sujet que d’autres domaines à des discriminations sociales selon le sexe. Quelles explications sociologiques pouvez-vous donner à ce phénomène ?

Dissertation : Le monde sportif semble plus sujet que d’autres domaines à des discriminations sociales selon le sexe. Quelles explications sociologiques pouvez-vous donner à ce phénomène ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Octobre 2022  •  Dissertation  •  3 192 Mots (13 Pages)  •  316 Vues

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Sujet : le monde sportif semble plus sujet que d’autres domaines à des discriminations sociales selon le sexe. Quelles explications sociologiques pouvez-vous donner à ce phénomène ?

En France, à poste et compétences égales, les femmes gagnent environ 90 % de ce que gagnent les hommes. Mais alors que Hugo Lloris touche environ 500 000 euros par mois, le salaire mensuel de Wendie Renard, capitaine de l’équipe de France féminine de football, représente moins d’un dixième de cette somme, environ 40 000 euros. Le monde sportif semble donc plus touché que d’autres par les discriminations liées au sexe, c’est-à-dire le traitement différencié appliqué aux sportifs en fonction du critère variable qu’est leur sexe (selon qu’ils sont un homme ou une femme), souvent en défaveur des femmes. Malgré les valeurs humanistes et égalitaires défendues par les institutions sportives, le monde sportif présente une ambivalence entre inclusion et exclusion, puisque pour défendre une notion d’égalité de traitement entre les individus il fait une différenciation acceptée par tous en fonction notamment du sexe. Malgré l’investissement des politiques publiques dans le développement du sport pour tous on constate qu’il reste des inégalités et des difficultés d’accès au sport pour les femmes. De plus, le sport féminin de  haut-niveau reste peu médiatisé et elles sont peu représentées dans les instances dirigeantes du sport. Quel type de sexisme rencontre-on dans le sport ? Pourquoi les femmes ont-elles encore tant de difficultés à accéder au sport ? Nous verrons que les discriminations sociales selon le sexe ont toujours été présentes dans le sport, et que même si ce phénomène a tendance à diminuer, ses raisons sont à chercher dans et sont toujours bien présentes. Après avoir étudié l’évolution de la place des femmes dans le sport au fil des décennies, nous montrerons que les discriminations liées au sexe peuvent s’expliquer par un processus de construction sociale, et enfin nous expliquerons comment la notion de genre a également pour conséquence un certain sexisme dans le monde sportif.

I. La première explication à ces discriminations selon le sexe est hstorique : nous allons évoquer la lente intégration des femmes dans le sport moderne

a) Au XIXème le sport était un loisir pour les femmes mondaines issues des classes supérieures. Comme l’explique la sociologue du sport de Catherine Louveau dans  l’article « Inégalité sur la ligne de départ : femmes, origines sociales et conquête du sport », une minorité de femmes issues de l’aristocratie et de la noblesse peuvent pratiquer à cette époque une activité sportive dite plutôt de loisirs. Mais ces femmes doivent être discrètes, ne pas se faire remarquer, et exercer leur activité physique avec la grâce et l’élégance que la société leur attribue. Les femmes de la campagne, très mobilisées dans les champs et les actes de la vie quotidienne, n’ont guère de temps pour les loisirs. La pratique d’un sport était considéré comme un passe-temps pour des femmes fortunées. C’était donc plus une «pratique intégrative de classe» qu’une activité sportive. La femme de l’époque n’est pas considérée comme une personne à part entière, mais est associée à une figure masculine, le plus souvent l’époux.  Sa place dans la société est avant tout associée à la maternité et la famille. D’ailleurs ces activités  ne remettaient pas en question leur féminité et ne bouleversaient en rien les normes de la société : les joueuses de tennis, par exemple, rivalisaient entre elles autant quant à l’élégance de leur tenue que sur le plan des résultats.

b) Ensuite, au début du XXème siècle naît l’espoir d’une avancée dans la pratique physique chez les femmes. C’est au cours de ce siècle qu’apparaissent les premières sociétés sportives de jeunes filles et de femmes. Les tenues évoluent pour être plus adaptées aux activités sportives. Après la Première Guerre mondiale qui a vu mourir de nombreux hommes, les femmes ont dû remplacer les hommes au travail et ont également eu plus d’occasions de s’engager dans le sport. Mais la volonté d’exclure les femmes du monde sportif, notamment compétitif, reste encore présente, comme l’illustrent les déclarations successives de Pierre de Coubertin sur la place des femmes aux JO.

A partir de 1920, on voit un engouement sportif chez les femmes plus accentué, elles font plus de sport collectif, participent aux jeux mondiaux, ont plus de visibilité dans la presse mais sont peu nombreuses et l’arrivée des femmes dans le sport de compétition reste relativement faible et ne touche qu’une catégorie, les femmes étudiantes et diplômées, les artistes ou les femmes du tertiaire. Chez les non pratiquantes la plupart sont employées et ouvrières. De plus, les sports pratiqués se rapportent toujours à l’hygiène, l’esthétisme.

La crise de 1929 mettra un frein au développement des équipes féminines et l’augmentation du chômage renverra les femmes derrière les fourneaux.

c) Enfin, depuis la 2ème moitié du 20ème siècle, la place de la femme dans la société n’a cessé d’évoluer : ce siècle est déterminant pour l’émancipation de la femme qui accède aux études de longue durée, gagne le droit de travailler et en 1944 elle obtient le droit de vote. On note une forte progression de la pratique sportive dans la société. Cette augmentation de pratique sportive profite aussi aux femmes et peut s’expliquer par la libération de temps lié à l’amélioration des conditions de vie des femmes, mais aussi à la

mixité et l’obligation de l’EPS à l’école.

Malgré cette massification de la pratique sportive, si les femmes ont investi les pratiques physiques dans des proportions quasi équivalente aux hommes, de nettes différenciations   subsistent. Catherine Louveau souligne que dans l’enquête réalisée en 2000, l’absence totale de pratique concerne encore 44 % des agricultrices et 27 % des ouvrières pour 4 % seulement des femmes cadres et membres des professions intellectuelles supérieures. L’écart se creuse vers 15 ans, en défaveur des filles. À la fin du lycée, vers 17-18 ans, moins d’une fille sur trois pratique encore pour 60 % des garçons. Tous les constats montrent aussi la persistance chez les jeunes d’une inégalité sociale dans le sport : parmi les enfants de cadres supérieurs, 77 % des garçons pratiquent contre 62 % des filles  alors que chez ouvriers on retrouve 70 % des garçons et 41 % des filles. D’autres différences, les plus visibles et durables, concernent les disciplines sportives choisies. La sexuation des activités est un processus structurant l’histoire du sport. Mais les footballeuses représentent toutefois à peine 2 % des licenciés du football en France, mais pratiquent davantage l’équitation, la danse et la gymnastique.. Si peu de femmes choisissent les sports « masculins », c’est aussi qu’ils ne s’accordent pas avec les catégorisations spontanées à partir desquelles hommes et femmes jugent ce qui convient ou non à une femme. Montrer ou exercer sa force, se livrer à un combat, porter ou recevoir des coups, sont autant d’attributs concrets incompatibles avec la féminité.

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