Comment notre société maltraite-t-elle ses malades mentaux?
Fiche de lecture : Comment notre société maltraite-t-elle ses malades mentaux?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar procession • 26 Avril 2018 • Fiche de lecture • 1 620 Mots (7 Pages) • 592 Vues
Un monde de fous
«Comment notre société maltraite
ses malades mentaux». (2006)
Patrick Coupechoux
Patrick Coupechoux, né le 24 avril 1950, est un journaliste français spécialiste de la psychiatrie et collaborateur du mensuel français Le Monde diplomatique, essayiste, il travaille depuis plus d'une dizaine d'années sur le traitement de la souffrance psychique, et participe à la formation du milieu hospitalier spécialisé.
Dans son ouvrage «Un monde de fous», Patrick Coupechoux nous expose sa recherche, son questionnement sur le monde psychiatrique français, son dysfonctionnement dans les institutions spécialisées, ainsi que le rejet et l'ignorance des ces individus à une plus grande échelle.
Car, si bien que le regard sur la folie change, mute, elle n'en reste pas moins stigmatisante.
De cette façon, le travail de Patrick Coupechoux est précis, dans l'histoire et la contemporanéité du traitement de la folie, et nous expose ainsi un récit chronologique parfaitement minutieux, rendant claire cette visibilité passé/ présent.
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I - Dans un premier temps nous nous intéresserons donc aux traitements réservés aux individus considérés et désignés comme «fous» durant le XVII, XVIII, et XIXe siècle, que l'on peut bien résumer en quelques mots, enfermement, et misère.
II - Dans un second temps, nous porterons notre attention sur l'apparition du secteur durant la seconde moitié du XX e siècle, sur ses premières expériences, comme de ses premières difficultés, jusqu'à la la fin de la formation spécifique des infirmiers de secteur psychiatrique en 1992.
III- Enfin on questionnera la stigmatisation de cette médecine, qu'est la «psychiatrie» et de ses malades,
et le reste de la société qui se voit ravie de ne pas y être confronté directement, en théorie,
car si la folie fait si peur encore aujourd'hui c'est bien qu'elle est partout, dans nos hôpitaux, nos rues, nos prisons, dans nos villes comme dans nos campagnes, mais plus encore et certainement, en chacun de nous.
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I – L'ENFERMEMENT DES «ANORMAUX» ET DES «MARGINAUX» DURANT LE XVII, XVIII et XIXe
C'est sous le règne de Louis XIV que débute la période du grand renfermement avec la création des hôpitaux généraux en 1656, visant alors l'enfermement des pauvres, et parmi eux des fous.
En cette période d'Ancien Régime, post- Moyen-Âge, l'idée reçue est que riches et pauvres sont la création de Dieu,
néanmoins Dieu ne glorifie pas le pauvre pour autant, et va même jusqu'à l'accabler.
La pauvreté appelle donc le châtiment, et la misère doit être punie. Le misérable est à la fois un effet du désordre et un obstacle à l'ordre.
Il s'agit alors de rejeter dans un «monde à côté», de figer dans un univers parallèle, de mettre aux oubliettes ces individus considérés comme inutiles par la société,
de façon anachronique, le cas, le fait social est ainsi passible de punition.
En plus d'être indésirable la folie fait peur, et c'est sûrement une des fortes raisons de l'enfermement durant le XVIIIe, les individus assujettis à la folie sont alors signalés sous les mots d' «aliénés», «faibles d'esprit», «violent», fous «furieux».
A la fin du XVIIIe, post Révolution française, la question d'assistance va être soulevée, notamment par François XII de La Rochefoucauld; «De tous les malheurs qui affligent l'humanité, l'état de folie est cependant un de ceux qui appellent à plus de titre la pitié et le respect; c'est à cet état que les soins devraient être à plus de titre prodigués».
Durant cette période, l'Etat se soustrayant à l'autorité de l'Eglise, la folie n'est alors plus considérée comme un délit, elle est placée sous la tutelle de la médecine, et l'assistance apparaît avec la décret du 27 mars 1790 «...Les médecins qui, sous la surveillance des directeurs du district, s'expliqueront sur la véritable situation des malades afin que, d'après la sentence qui aura statué sur leur état, ils soient élargis ou soignés dans des hôpitaux qui seront indiqués à cet effet».
La folie devient un objet d'observation et d'étude, le terme d'asile fait son apparition.
Car si la médecine a contribué d'une façon à l'observation et l'étude de la folie, par ailleurs elle a rendu légitime le système d'enfermement dans les asiles en justifiant celle-ci.
Si l'Eglise n'est plus là pour tout régir, ce vieux pouvoir de souveraineté a laissé place au pouvoir disciplinaire, selon l'objectif thérapeutique qui le règle, et étant : «une vie calme et organisée, le respect des emplois du temps, des hiérarchies...».
La seconde moitié du XIX, et le début du XXe siècle portés par l'avènement de la sociologie, et de la société des individus induit nécessairement une cause sociale dans la «folie», cependant cette pensée va se confronter à une autre qui tend à davantage à la domination et au ravissement des foules, et qui se trouve être la biocratie.
Aussi bien sur le terme biologique, et politique, cette idéologie valorisant la loi du plus fort ne fait que tomber en discrédit le-la malade mental-e.
Cette première partie du XXe fut le spectacle de crimes abominables, l'idéologie eugéniste dominant au plus haut point, la peur et le rejet de la maladie mentale replacent le «fou» dans la position aussi indélicate qu'au Moyen-Âge, période durant laquelle ils étaient condamnés au bûcher,
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