Analyse de situation : Fin de vie

Fin de vie

la peur de la mort des patients et le rôle infirmier.

Je suis étudiante infirmière , j’effectue mon stage de semestre 3 dans une résidence pour personnes âgées ( filière psychogériatrique ).

Nous sommes le mardi 5 octobre, il est environ 15 h. Lorsqu’avec l’infirmière que j’accompagne nous rentrons dans la chambre de M. ET.

M. ET. est arrivé  dans notre service, fin septembre. Il avait été admis en USLD (unité de soins longue durée ) dans la même structure, mais face à la relative stabilité de son état de santé et devant l’ennui qu’il verbalise, il a été transféré dans l’unité  psychogériatrique. En effet, seuls les résidents de la filière psychogériatrique peuvent bénéficier d’une prise en soins PASA.

Il a des troubles cognitifs légers à type de pertes de mémoire, un ralentissement de la pensée et des troubles de la concentration .Il communique très bien, et exprime facilement ce qu’il ressent.

Il souffre de multiples pathologies (il a eu une chirurgie de l’aorte thoracique, il a une insuffisance rénale sévère avec pose d’une fistule en vue de probables prochaines dialyses, un cancer pulmonaire, un diabète type II)

M. ET est conscient de la dégradation de son état de santé.

M. Et est assis sur une chaise devant sa télé qu’il regarde et écoute attentivement. En s’approchant, nous remarquons qu’il regarde une émission sur france 2 “ca commence aujourd’hui “ sur le thème de l’ Euthanasie : “elles ont accompagné un proche jusqu'à son dernier souffle.” … M. Et a l’air captivé.

Il nous dit qu’il regarde une émission de témoignage sur la mort assistée et qu’il voulait la voir afin de savoir comment les familles réagissent à cela.

Il dégage de la tristesse dans son regard et dans sa voix. Je sens qu’il est prêt à parler et je pense que l'infirmière le ressent aussi. Elle s’assoit près de lui et lui demande

-”vous avez peur de mourir ? vous avez déjà pensé à l’euthanasie?”

Pour ma part, j’ai eu une hésitation : M. ET est prêt à parler, à se confier, à dire ses craintes, ce qu’il ressent. Dois-je partir pour qu’il se confie plus aisément à l’infirmière ? Je n’ose pas bouger,Je décide de rester en retrait, à l’entrée dans la pièce, sans bouger de peur que ma présence le gêne et qu’il s'arrête de parler.... Mais ma présence n’a pas l’air de le déranger, il continue à répondre et à se confier à l’infirmière. Je les écoute et observe.

il lui explique qu’il n’a pas peur de mourir mais peur de souffrir , c’est pourquoi l’euthanasie serait une solution contre toute souffrance:

- “ mais de toute façon cela n’est pas possible en France, il faut aller en Belgique! On est en retard en France sur certains sujets! ”

l ‘infirmière lui répond que l ‘euthanasie est effectivement interdit en France mais qu’il existe maintenant des moyens pour ne pas souffrir et apaiser la fin de vie.

Il lui dit qu’il se pose beaucoup de questions sur la mort depuis qu’il sait que ses pathologies sont incurables et donc que sa mort approche.

-”J’ai peur de crever tout seul” Il évoque avec réalisme et lucidité que “ce passage” il devra le passer “seul”

 - “ Est ce que vous êtes croyant ? ” lui demande l’infirmière.

-“ non je ne crois pas en dieu ”... “ je pense que ceux qui croient en Dieu , ont moins peur de mourir car ils croient au paradis, c’est plus facile pour eux ” … “ je me demande si il y a quelque chose après ou pas, cela me fait quand même peur ”

Il pleure à plusieurs reprises et s' excuse.

-“ Je me demande également comment vont réagir mes enfants et petits enfants? “.... “Je ne les vois plus beaucoup, ils ne pensent plus à moi.” .... “Je ne vais pas leur manquer !”... “j’étais très proche d’une de mes petites filles mais elle ne vient plus me voir, elle m’a oublié ”

- “ils pensent à vous surement , c’est juste que vos enfants et petits enfants ont leur vie d’adulte,il y a des âges où l’on est plus centré sur soi, mais vous êtes dans leur coeur !”

L'infirmière le prend dans ses bras; geste que j’ai interprété comme un moment de réconfort.

M. ET. pleure, s’excuse et la remercie de son attention.

Elle lui dit que ressentir cette peur est naturel .

Elle lui demande s' il a des occupations ? si quelque chose lui ferait plaisir ?

-  “ j’aimais beaucoup lire , mais je ne peux plus , je n’arrive plus à me concentrer ! J ‘aime l' Histoire”

- Est ce que si je vous trouve des livres audio, cela vous plairait ?

- oui je pense !

- je vais me renseigner

Après l’échange, sa tristesse est bien sûr toujours là, mais il est plus apaisé et retrouve son humour.

Nous pouvons quitter la chambre , en lui disant que nous reviendrons le voir dans l'après-midi.

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J’ai pu assister lors de  mon 1er stage au sein de l’ équipe mobile de soins palliatifs, à des entretiens avec des patients  face à la mort exprimés leurs craintes. J ‘y étais préparée car nous étions dans un service de soins palliatifs.

J’ ai été étonnée de la façon dont M. ET. parle facilement de sa peur de souffrir et de mourir. Son discours était clair et cohérent.il est vrai que je ne m’attendais pas à entendre ces maux dans une résidence pour personnes âgées ayants des troubles cognitifs.

Cela m’ a montré qu’il faut être prêt à parler de la mort, de la souffrance, à écouter les ressentis de nos patients.

J ‘ai trouvé la réaction de l' infirmière très professionnelle.

Elle a compris de suite la souffrance de M. ET.

Elle a mis en place une relation d’aide comme j’ai pu le voir en cours à l ‘IFSI(UE 4.2 S3 soins relationnels). C’est ce qui m’ a retenu dans la chambre, ce face à face m ‘a hypnotisé, je voulais voir … tout y était : le respect, l’écoute , la reformulation, les silences, l’empathie, la congruence, la reformulation, les silences.

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