Max WEBER, « un savant très politique »

Chapitre 3 : Max WEBER, « un savant très politique »

3.0. Introduction

C’est un universitaire allemand, juriste et économiste ; engagement politique et pratique de la science, rapport aux valeurs et jugement de valeur ; comment traduire Wertfreiheit ? De la « neutralité axiologique » à la « non imposition des valeurs ».

Weber est né en 1864, dans un village industriel de la Prusse dans une famille de la bourgeoisie protestante. Son père est héritier d’une riche famille industrielle Prusse, c’est un haut fonctionnaire. Sa mère est une femme croyante, cultivée... Weber a grandi dans un milieu très cultivé, particulièrement riche.

Il vit dans une période particulière, la période de réunification de l'Allemagne, et son père est élu député au parlement allemand. Weber va donc fréquenter des hommes politiques et intellectuels dès son enfance. Il va entreprendre des études de droit MAIS aussi des cours d'économie optiques, d'histoire et de théologie. Il rejoint une autre université où il obtient une licence et une thèse.

Par la suite il va soutenir une thèse d'habilitation et va devenir professeur à l’université. Il est très tôt attiré par les activités politiques. Il va sympathiser avec les milieux libéraux ( défense des libertés politiques ) et va même se socialiser aux idées socialistes. Il va donc s'intéresser à la question sociale au cours de sa période universitaire.

En 1888, il va rejoindre « L’association pour la politique sociale ». A travers cette association, il va mener une série d'études, notamment sur la question polonaise ( l’afflux de travailleurs polonais à l’Est de l’Allemagne).

En 1893, il épouse une Marianne Schnitger, qui a aussi été une sociologue engagée politiquement en faveur de la cause féministe. Ils vont militer à 2 en adhérant au parti démocrate allemand. Schnitger a largement survécu à Weber, c’est elle qui va assurer la publication de nombreux textes de Weber après sa mort, et notamment Économie et société.

En 1893, il va avoir un poste en droit, puis l’année d’après il va avoir un poste en économie politique. Il va être reconnu comme un très grand orateur académique, très charismatique. Il tient un discours qui soutient l'impérialisme allemand, il défend une politique de puissance et une expansion économique, pour faire de l’Allemagne la plus grande puissance du monde.

Sa trajectoire individuelle va l’amener à changer de positions, il va défendre de plus en plus le principe de démocratisation du régime allemand, il va défendre un régime parlementaire ( capable de sélectionner au mieux le leader charismatique ). C’est dans ce cadre qu’il contribue à la création du parti démocrate allemand. Ce parti est fortement composé d'intellectuels. C’est un parti libéral de gauche.

Son père va mourir en 1897, et Weber va faire une grande dépression qui va l’amener à interrompre ses activités de profs et de recherche. Il va réussir à partiellement surmonter sa dépression qu’à partir de 1903-1904. Après cela, il va reprendre une certaine productivité dans la recherche. Il ne va cependant jamais réussir à reprendre ses cours à l’oral.

Cette dépression va avoir de grandes conséquences sur sa vie, il va être en incapacité d’assurer sa fonction d'enseignant. Cela va l’amener à réfléchir sur la notion de pédagogie. Il va exposer sa pensée dans une conférence sur la science. Il a bien en tête que le charisme qu’il a en cours produit des effets sur les étudiants. Il va donc développer dans cette conférence la domination charismatique qu'exercent les professeurs sur les étudiants. Il va développer une contradiction qui est au fondement de la notion de pédagogie : pour Weber, il est impossible d’éveiller l'intérêt scientifique par des moyens strictement scientifiques.

Weber est le sociologue de la domination. Il va donc se questionner sur la possibilité d'échapper au rapport de domination dans le rapport d’enseignement. Isabelle Kalinowski explique que Weber n’a jamais trouvé de réponse à cette question, et c’est cela qui explique qu’il n’a jamais redonné de cours.

C’est dans ce contexte que Weber va conceptualiser la notion de Wertfreiheit. Il y a un enjeu de traduction de ce terme. Freund va le traduire en “neutralité axiologique” alors que Kalinowski va la traduire comme “non imposition de valeurs”.


Lorsque Weber reprend ses activités en 1903-1904, il va réorienter ses recherches vers la sociologie. Il va se rapprocher de Edgar Jaffé et Werner Sombart. Il va prendre la codirection de ce qui va devenir la première revue de sociologie allemande, et qui va avoir une grande influence sur le développement des sciences sociales en général.

Dans L'éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Weber va développer une sociologie qui récuse le fait que l’on réduise le fait religieux à quelque chose d'irrationnel. Il va aussi proposer une approche sociologique qui articule les intérêts religieux aux pratiques sociales.
Il s’oppose à G. Simmel et Ferdinand Tonnies MAIS il va fonder la société allemande de sociologie avec eux.

Weber va démissionner en 1913 de celle-ci car se jouent des conflits très importants en son sein et notamment car un des membres fait une étude biologique de la différence des races. Alors que Weber défend l’idée que les différences entre les peuples proviennent de la culture et non de la biologie.

Il veut fonder une sociologie autonome, non dépendante de la biologie, et qui donnerait aux phénomènes sociaux des explications sociales, et non pas biologiques.

C’est cette position contre le racisme de son temps qui fonde Weber comme le père de la sociologie allemande. Cette lutte contre le racisme de l’époque se retrouve dans Economie et société.

En 1912, il y a une autre controverse avec Rudolf Goldscheid. Celle-ci porte sur le fait que l’association doit avoir un caractère purement objectif, et que les caractères politiques doivent être exclus de cette association. Il y a donc un débat, Goldscheid s’opposant à la conception weberienne d’une science exempte de jugement de valeur.

En 1914, lorsque la guerre éclate, il est réquisitionné comme officier et gère un hôpital sur une courte période. Il va tenter de produire une sociologie comparative des religions mondiales. Il va publier une série d'articles.

A la fin de la guerre, il fait parti

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