Comment le phénomène d’ubérisation devient-il une alternative au capitalisme salarial ?
Fiche de lecture : Comment le phénomène d’ubérisation devient-il une alternative au capitalisme salarial ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Elio Di Mascio • 19 Mars 2023 • Fiche de lecture • 1 873 Mots (8 Pages) • 296 Vues
Arthur Jan est membre du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique
(Lise) depuis septembre 2018. Il est doctorant en sociologie sous la direction de
Christian Azaïs et de Maxime Quijoux, sa thèse s’intitule « Enquête internationale sur
les travailleurs de plateformes de livraison de repas : une comparaison francochilienne
». Il publie notamment un article de magazine « Vers l’ubérisation du
travail », Sciences Humaines, 2021/1, n°332 mais aussi un article de revue « Des
salariés comme les autres ? La CGT au défi de la syndicalisation des
autoentrepreneurs des plateformes de livraison de repas », La revue de l’Ires, 2022/1,
n°106.
Dans cet article, Arthur Jan s’intéresse aux motivations qui poussent les individus à se
tourner vers les métiers des plateformes de livraison de repas. L’objectif est de
comprendre comment le phénomène d’ubérisation devient-il une alternative au
capitalisme salarial ? Entre précarité et instabilité, comment comprendre l’engouement
autour de ces métiers qui se voient valorisés socialement ? Avec une dématérialisation
de la dimension patronale, nombres d’individus apprécient le gain d’autonomie et
d’indépendance que peuvent offrir les « métiers à vélo ». Se joint à tout cela, « un
processus de recrutement largement dématérialisé et externalisé » (p.4) qui sait attirer
de nombreux profils, allant du simple étudiant voulant boucler ses fins de mois, au
salarié qui ne parvient plus à satisfaire ses besoins et qui tente de cumuler les revenus.
Qu’importe, tous se retrouvent à travers le sentiment d’appartenance à un groupe,
« forgée autour de la pratique sportive et d’une éthique de la performance » (p.15).
Pour écrire cet article, Arthur Jan s’appuie sur des données récoltées en mars et août
2017, mais a entrepris également douze entretiens semi-directifs avec des livreurs
d’une entreprise de livraison à vélo dans une grande ville de France. Cette enquête
qualitative se réalise dans un contexte de conflits sociaux entre les livreurs et les
plateformes de livraison dans la zone européenne.
Les entretiens ont été réalisé en dehors de la situation de travail, dans un lieu public
ou directement chez le domicile de l’enquêté, auprès de trois étudiants, trois salariés
cumulant les revenus et six autres individus qui exercent le métier de livreur à vélo à
plein temps. Tous sont des jeunes hommes (moins de trente ans) originaires de milieux
populaires ou issus des professions intermédiaires et indépendantes. Aussi, les
enquêteurs ont essayé de candidater comme livreur au sein de la plateforme de
livraison pour comprendre les conditions de recrutement des prestataires par la
plateforme. Ils ont également eu accès à des groupes d’échange sur les réseaux
sociaux réunissant des centaines de livreurs. Bien que ces groupes de conversation
ne soient pas rattachés directement à la plateforme, le but est de comprendre le rôle
des réseaux sociaux dans la vie professionnelle des individus.
Avant d’aller plus loin dans notre réflexion, définissons quelques notions importantes
permettant la bonne compréhension du texte. L’ubérisation, notion clé du texte d’Arthur
Jan, est définie par Le Petit Larousse 2017 comme étant « la remise en cause du
modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par l’arrivée d’un
nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des
indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plateformes de
réservation sur Internet ». En d’autres mots, l’ubérisation est un processus
économique qui contourne les secteurs classiques de l’économie en créant, grâce aux
nouvelles technologies, un nouvel intermédiaire entre les utilisateurs et les
prestataires. C’est un terme apparu récemment et qui vient du nom de l’entreprise
californienne Uber, qui propose des services de transport automobile urbain mais
également des livraison de repas. Là est l’importance de comprendre cette notion
puisque cette enquête entre dans la source du problème.
Par ailleurs, la notion de précarité est omniprésente dans l’article du doctorant. On
entend par situation précaire, toute situation fragile dans laquelle l’individu est en
manque de sécurité mais aussi de garantie vis-à-vis de la pérennité de ses moyens
d’existence. Les livreurs des nouvelles plateformes de livraison de repas sont souvent
confrontés à ces situations de précarité. En effet, les conditions d’emploi et de travail
ne permettent pas une situation stable et rigide pour l’employé, ce qui entraine de
nombreuses incertitudes pour l’individu qui occupe ce poste.
Pour commencer la synthèse du texte, Arthur Jan commence son article
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