Symbolisation problématique
Étude de cas : Symbolisation problématique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 27 Avril 2013 • Étude de cas • 2 332 Mots (10 Pages) • 691 Vues
Un “accès à la symbolisation problématique” pour certains enfants
présentant des troubles graves du comportement ?
Eric Furstos
mercredi 29 novembre 2006
Si pour une partie conséquente des enfants accompagnés dans l’ITEP dans lequel j’interviens, les troubles
de comportement qu’ils manifestent peuvent revêtir un sens (parfois multifactoriel) lié à une histoire
repérée, une carence éducative, un milieu social défavorisé, une désagrégation familiale (...), pour d’autres
enfants, les symptômes semblent bien plus complexes...
C’est entre “routine et imprévu” 1 d’un essentiel quotidien d’accompagnement éducatif (essentiel, car lieu
privilégié de nos interventions avec les enfants, réussies ou ratées, support de nos projets, espace de vie de
chacun et espace du “vivre ensemble”...) que je suis amené, au détour des situations d’enfants qu’implique
la vie de groupe (et la vie institutionnelle), à repérer pour certains d’entre eux, les mêmes comportements
répétitifs et persistants, signes, certainement, de souffrances internes importantes, symptômes maintes fois
réitérés, soulignant, probablement, des difficultés profondes qui ne sont pas encore dépassées...
Il est ici question de « répétition », celle de ces enfants, ou plutôt de leurs comportements, de leurs actes, qui
pourrait résulter “de l’incapacité à différer ou à inhiber (le) comportement ou (la) pensée face à une
situation” - une manifestation qui pousserait ces enfants à reproduire à l’identique les mêmes situations,
sans en avoir compréhension, représentation, conscience...
Si certaines répétitions pourraient parfois montrer un retour persistant à un passé douloureux, dont
l’exigence serait une recherche inconsciente “en arrière pour retrouver ce qui a déjà eu lieu - une
compulsion à reprendre ce qui n’a pas été achevé - pour le compléter... - une tendance aux pulsions de vie
et de mort qui prime sur l’autre tendance régie par le principe de plaisir...” 2 , d’autres, plus importantes,
persistantes et “stériles” pourraient aussi marquer, je crois, pour ces jeunes enfants en souffrance psychique,
une carence à la symbolisation, une impossibilité de pouvoir “psychiser” des comportements ou des affects à
même de déployer de nouvelles représentations, de nouveaux comportements...
D’un point de vue théorique :
Le processus de symbolisation chez l’enfant, une progression vers la capacité de se penser, de penser
les autres, de penser ses expériences...
« Histoire de l’accès au symbolique »
Si au début de sa vie, le nourrisson est totalement dépendant (sans en avoir conscience) de sa mère, il va
progressivement, dans sa relation à celle-ci, être confronter à deux modes : la présence et l’absence de sa
mère.
Elle deviendra alors source de plaisir par sa présence, et source de déplaisir par son absence.
C’est sur ce rythme de présence ou d’absence de la mère que va s’introduire l’ordre symbolique qui
consiste, avant tout, à pouvoir se représenter un objet dans son absence, qui fait que, au delà de l’objet réel,
une autre dimension et d’autres possibilités de rapports, de pensées surviennent...
Dans l’absence, la mère va peu à peu être perçue comme un objet symbolique, alors que dans les premiers
jours de la vie de l’enfant, la mère est un objet qui ne vaut que par sa présence.
Si dans un premier temps, le nourrisson, assailli par une tension interne (dictée au début par la faim...),
criera et que sa mère viendra le nourrir, croyant ainsi que c’est lui qui aura fait apparaître sa mère (dans une
illusion de s’être donné sa propre satisfaction, dans une “pensée magique”), petit à petit, cette mère,
institut européen psychanalyse et travail social
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commençant à réinvestir son monde, sera amenée à différer ses réponses...
Cette situation spécifique que D. W. WINNICOTT nomme de “suffisamment bonne” 3 amènera cette mère à
contenir la rage de son bébé (rage issue d’une satisfaction différée), et permettra à celui-ci de faire
progressivement l’expérience, ayant survécu à cette rage, de l’existence d’un monde extérieur (sa mère)
différent de son vécu interne.
Ainsi, l’enfant pourra réaliser que sa satisfaction dépend de quelqu’un d’autre, sa mère (constatant alors sa
dépendance).
Il vivra momentanément une blessure inéluctable mais essentielle, marquant sa “non toute-puissance”.
Et cette blessure s’atténuera, peu à peu, “par sa nouvelle capacité de ”se représenter” sa mère à l’intérieur
de lui, de se souvenir d’une bonne expérience avec elle, lorsque la satisfaction tardera” 4 .
C’est l’entrée dans la symbolisation pour l’enfant, et la mère en lui répondant de cette façon “suffisamment
bonne”, se trouvera dans une dynamique de gratification, mais aussi de frustration essentielle dans cet accès
au
...