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L'odeur de la peur

Mémoire : L'odeur de la peur. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Novembre 2015  •  Mémoire  •  5 318 Mots (22 Pages)  •  880 Vues

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Judith SMADJA                                                   Rendu le 1er mai 2015

Hanna LÉTANG

Controverse d’Humanités Scientifiques
Sujet : Les phéromones : agents d'une communication chimique chez l'être humain ?



                        La peur est une émotion universelle qui permet de réagir face à une menace. Chez certains êtres vivants comme les insectes, elle est communiquée par des signaux chimiques. Des individus en danger émettent des phéromones d’alarme qui sont détectées par leurs congénères La peur est une émotion universelle qui permet de réagir face à une menace. Chez certains êtres vivants comme les insectes, elle est communiquée par des signaux chimiques. Des individus en danger émettent des phéromones d’alarme qui sont détectées par leurs congénères et déclenchent chez eux des réactions de peur. Ces signaux chimiques sont des molécules perçues essentiellement par l’olfaction. La peur a donc une « odeur » spécifique chez certaines espèces. On peut alors se demander comment fonctionne cette communication chimique de la peur et dans quelle mesure elle pourrait être universelle.                

Les phéromones sont elles un agent de communication chimique chez l’être humain ?

Les parutions scientifiques traitant d’une communication chimique de la peur chez les mammifères et chez l’Homme sont pratiquement inexistantes en langue française. La recherche internationale est  pourtant  active  sur  le  sujet,  et  quelques  études  très  récentes  menées  aux  

Etats -Unis,  en Allemagne, au Japon ou en Suisse nous permettent de répondre à cette problématique en abordant la question de son universalité.

Nous verrons dans une première partie comment sont détectés les molécules de la communication chimique. Nous nous intéresserons en particulier aux systèmes de détection des signaux olfactifs et aux dernières recherches  en  cours  afin  d’établir  dans  quelle  mesure  la  peur  peut  être  communicable  chez l’Homme par l’odeur. Dans une seconde partie, nous nous pencherons sur la recherche des phéromones d’alarme chez l’homme. Enfin, dans une dernière partie , nous étudierons la peur comme un phénomène social pouvant être exploité grace aux phéromones.

                        On a cru longtemps que l’Homme ne pouvait pas détecter de phéromones. Les autres mammifères, en particulier les rongeurs, sont en effet dotés d’un organe spécifiquement dédié à la détection de phéromones, l’organe voméronasal, et cet organe est considéré comme atrophié chez l’Homme. La recherche des cinq dernières années a cependant montré que les systèmes de détection étaient bien plus complexes que ce que l’on croyait. Le rôle d’autres organes sensoriels a été mis en évidence, et de nouveaux types de récepteurs ont été identifiés. Ces récentes découvertes montrent que l’hypothèse d’une détection de phéromones par l’Homme ne peut pas être écartée.

                Le système olfactif principal permet la détection des molécules dites odorantes pour lesquels la perception est consciente. Celui de l’Homme est très proche de celui des rongeurs.

Du nez au cerveau : les étapes de l’olfaction chez l’Homme

[pic 1]

Etape 1 : La liaison des molécules odorantes avec les récepteurs des neurones olfactifs

Les molécules odorantes remontent dans les cavités nasales et atteignent l’épithélium olfactif, une muqueuse qui recouvre la face supérieure des fosses nasales. Dans cet épithélium se trouvent des millions de neurones olfactifs dont les dendrites sont pourvues de cils qui baignent dans le mucus. Chaque  neurone  n’exprime  qu’un  seul  type  de  récepteur.  Les  molécules odorantes se lient, selon leur structure, avec certains types de récepteurs.

Etape 2 : Le déclenchement du signal

Cette liaison déclenche l’influx nerveux, un signal électrique qui va se  propager de neurone en neurone.

Etape 3 : Le relai du signal dans le bulbe olfactif

Les axones des neurones olfactifs se regroupent en faisceaux et forment des glomérules dans le bulbe olfactif, une région du cerveau dont la fonction est de traiter les informations olfactives. Ces glomérules sont des amas de connexions synaptiques : les neurones olfactifs font synapse avec des neurones relais, sachant que chaque glomérule reçoit les axones des neurones exprimant un même récepteur.

Etape 4 : La transmission vers d’autres aires du cerveau

Les signaux sont ensuite transmis au cortex olfactif qui redistribue à son tour l’information vers d’autres zones du cerveau.

Les récepteurs olfactifs

Les récepteurs olfactifs ont été identifiés en 1991 par les Américains Richard Axel et Linda Buck qui ont reçu le prix Nobel 2004 de Physiologie et Médecine pour ces travaux. La liaison d’une molécule avec un récepteur provoque une cascade d’évènements chimiques et électriques  dans  le  neurone  permettant  l’ouverture  d’un  canal  ionique  et  la  transduction  

du signal. Le  récepteur  olfactif  joue  ainsi  le  rôle  de  serrure,  et  la molécule odorante est la clé qui active cette serrure.

Mais  il  y  a  un  aspect  combinatoire : un  même  neurone n’exprime qu’un seul type de récepteur, mais une molécule odorante peut être reconnue par plusieurs récepteurs et un récepteur peut reconnaître plusieurs molécules. Le récepteur olfactif  joue  ainsi  le  rôle  de  serrure,  et  la molécule odorante est la clé qui active cette serrure. Mais il y a un aspect combinatoire : un  même  neurone n’exprime qu’un seul type de récepteur, mais une molécule odorante peut être reconnue par plusieurs récepteurs et un récepteur peut reconnaître plusieurs molécules. Une  clé  active  donc  plusieurs  serrures  et  une  serrure  peut recevoir plusieurs clés

Le génome de l’Homme compte environ 900 gènes olfactifs, ce qui constitue 3% du génome et représente la plus grande famille de gènes chez l’Homme. Cependant environ 60% d’entre eux sont des pseudogènes, seulement 363 seraient fonctionnels. On estime que cette perte de gènes olfactifs fonctionnels coïncide avec l’acquisition de la vision trichromatique par l’Homme. Seul l’Homme et quelques singes possèdent une vision basée sur trois couleurs, et ces singes ont le même pourcentage de pseudogènes.

                                                                             Chez  la  plupart  des  mammifères,  il  existe  un  deuxième  système  sensoriel  spécialisé  

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