Le capital social comme structure variable ou structure anthropologique
Synthèse : Le capital social comme structure variable ou structure anthropologique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dealing0606 • 5 Mai 2022 • Synthèse • 1 874 Mots (8 Pages) • 341 Vues
- Le capital social comme structure variable ou structure anthropologique
« Le capital, [...], représente un pouvoir sur un champ (à un moment donné) et, plus précisément, sur le produit accumulé du travail passé [...] et du même coup sur les mécanismes tendant à assurer la production d'une catégorie particulière de biens et, par là, sur un ensemble de revenus et de profits. » - P. Bourdieu
Bourdieu décrit quatre types de structure du capital : capital économique, capital social, capital culturel et capital symbolique. Le capital économique pourrait être considéré comme le plus important parce qu’il a tendance à s’infiltrer dans toutes les sphères de la société et qu’il est plus polyvalent dans notre contexte néocapitaliste libéral. Il faut aussi du capital social, qui consiste à mobiliser ses relations sociales pour servir ses objectifs. Pour Bourdieu il existe trois formes de capital culturel : incorporé, il s’exprime dans l’habitus ; objectivé, c’est à dire des biens culturels qui sont consommables pour peu que l’on dispose des ressources suffisantes (argent et éducation) ; institutionnalisé, c’est le système scolaire. Le capital symbolique est l’ensemble des trois autres qui sont reconnus socialement, on l’appel parfois le « prestige social ».
Bourdieu compare les formes de capital à des « atouts » dans un « jeu » chaque atout est plus ou moins utile ou efficace en fonction de la structure du jeu ce qui conduit les différentes formes de capital à situer les individus à différents niveau hiérarchique dans chaque « jeu ».
Autrement dit et comme le relève Bourdieu, chaque « agent » a une position déterminée hiérarchiquement dans chaque champ où il interagie. Sa position est déterminée par le type de capital qu’il possède en plus ou moins grande quantité et qui est valorisé dans le champ ou il interagit. La position dans le champ social peut ainsi être représenté (de manière simplifié) par l’ensemble des différentes positions occupées dans chaque champ. Bourdieu constate que le champ économique « tend à imposer sa structure aux autres champs » car il est prévalent.
« On peut décrire le champ social comme un espace multidimensionnel de positions tel que toute position actuelle peut être définie en fonction d'un système multidimensionnel de coordonnées dont les valeurs correspondent aux valeurs des différentes variables pertinentes : les agents s'y distribuent ainsi, dans la première dimension, selon le volume global du capital qu'ils possèdent et, dans la seconde, selon la composition de leur capital —c'est-à-dire selon le poids relatif des différentes espèces dans l'ensemble de leurs possessions. »
- Espace social et genèse des "classes", Pierre Bourdieu, Actes de la Recherche en Sciences Sociales Année 1984, 52-53 pp. 3-14. Numéro thématique : Le travail politique
- La théorie structurelle de l’action de Bourdieu c’est la prise en compte à la fois de l’axe vertical (la position sociale globale) et l’axe horizontal (la position dans un champ précis)
- C’est cette position qui permet au sociologue de comprendre un comportement observé, autrement dit le contexte social détermine l’action, ce qui peut paraître paradoxal dans une société théoriquement égalitaire. Cette théorie de Bourdieu contredit l’idée que l’augmentation du confort matériel pour tous les individus met fin à la réalité d’une société de classe [Beck, 1986].
- « Seule la conjonction de ces deux axes permet de localiser clairement l’agent dans la société, localisation qui à son tour permet de définir le répertoire des possibilités d’action et les stratégies probables ou, en d’autres termes, les rapports entre les chances d’évolution dans la vie sociale et les styles de vie. »
- -Müller Hans-Peter, « 2. Action et structure. La praxéologie de Pierre Bourdieu », in Hans-Peter Müller et Yves Sintomer, La Découverte « Recherches », 2006 p. 47-62
- Le capital global apparaît donc comme inégalement répartit entre les individus et les classes sociales.
- [pic 1]
- « Le capital culturel » : source de la reproduction sociale :
- La reproduction sociale par l’héritage culturel
- Il faut chercher la source de ces inégalités de capital global dans l’héritage que perçoivent les individus. S’il apparaît comme un fait admis que le capital économique hérité varie fortement d’une famille à une autre, il en est de même pour les autres formes de capital, par exemple l’héritage culturel vient également de la famille. Elle est l’« un des lieux par excellence de l’accumulation du capital sous ses différentes espèces et de sa transmission entre les générations », nous dit Pierre Bourdieu.
Puisqu’elle doit assurer une fonction de transmission, la famille doit donc mettre en place des stratégies bien spécifiques.
Bourdieu relève que ces stratégies changent en fonction du contexte, historique et social.
Dans notre société contemporaine la stratégie prédominante est la stratégie scolaire (auparavant c’était la stratégie matrimoniale qui était prédominante). Pourquoi l’école ? Car elle permet de coller un vernis méritocratique sur des acquis qui sont en réalité hérités.
On hérite du capital culturel et de l’habitus de classe ce qui amène les individus à posséder de plus ou moins grandes facilités dans les différents domaines de la vie sociale, en particulier dans le domaine scolaire.
Pour donner l’illusion de chances égales et donc de sélection au mérite, les épreuves des examens ou des concours (qui donnent accès aux grandes écoles ou aux postes prestigieux) sont les mêmes pour tous mais en réalité l’habitus scolaire de certains étudiant, hérité par la classe, est un privilège par rapport aux autres. On peut parler d’un « langage scolaire » auquel il faudrait s’adapter pour réussir. Donc ceux qui y sont déjà « habitués » on peu d’efforts à fournir par rapport aux autres.
On voit donc par la génération d’inégalité de capital global, l’influence de la société sur les individus dans leur construction.
Mais le « social » ne se réduit pas au collectif, l'opposition entre phénomènes individuels et collectifs n'étant pas pertinente puisque le « social » est originaire de « dispositions » et de « manières d'être » qui viennent d'un travail d'apprentissage que Pierre Bourdieu appelle l'habitus.
- «Les cas d’ajustement des dispositions (habitus) aux situations constituent l’une des plus saisissantes attestations de l’inanité de l’opposition préconstruite entre l’individu et la société ou l’individuel et le collectif ».
- (BOURDIEU P., Méditations Pascaliennes, Paris, Seuil, 1997, p.57.)
- «La relation entre l’habitus et le champ est d’abord une relation de conditionnement : le champ structure l’habitus qui est le produit de l’incorporation de la nécessité immanente de ce champ ou d’un ensemble de champs plus ou moins concordants– les discordances pouvant être au principe d’habitus divisés voire déchirés. […] quand l’habitus entre en relation avec un monde social dont il est le produit, il est comme un poisson dans l’eau et le monde lui apparaît comme allant de soi[…] évident»(BOURDIEU P. avec WACQUANT L.J.D., Réponses… Pour une anthropologie réflexive, Paris, Le Seuil, 1992, p.102-103.)
On peut faire un parallèle entre la séparation des champ de Bourdieu et la division du travail social de Durkheim qu'il assimile à un processus « d'individuation » qui aboutit à des « êtres de raison », selon lui on ne peut pas « déduire l'individu de la société ».
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